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  • 24 novembre 1963

Independiente vainqueur par abandon

Par Marcelo Assaf, avec Thomas Goubin
Independiente vainqueur par abandon

En 1963, un parfum de scandale escorte le titre de champion d'Argentine d'Independiente. Lors de la dernière journée du tournoi, les joueurs de San Lorenzo, scandalisés par un arbitrage inique, vont finir par baisser les bras. Résultat : un grotesque 9-1.

Zlatan Ibrahimović n’a pas applaudi Cristiano Ronaldo, il encourageait simplement ses partenaires à se remettre du troisième but du néo-favori pour le Ballon d’or 2013. Ceux qui s’étaient empressés de formuler de mielleux commentaires, de composer des odes au fair-play, en ont été pour leurs frais. Pas de prix du fair-play dans l’air, non plus, ce 24 novembre 1963. Ce jour-là, les joueurs de San Lorenzo applaudissent bien les buts d’Independiente, mais il s’agit d’une manifestation ironique. Une façon de dénoncer la manière suspecte avec laquelle le club Rojo vient de conquérir le titre de champion d’Argentine.

Un impénitent fêtard vient gâcher la fête

À l’aube de la dernière journée, Independiente dispose de deux longueurs de marge sur River Plate, son dauphin. Cela semble suffisant au club qui deviendra bientôt « El Rey de Copas » et reçoit un San Lorenzo embourbé dans le ventre mou du classement. Avant même le coup d’envoi, le stade célèbre le cinquième titre de l’histoire des co-propriétaires d’Avellaneda (avec le Racing). Fleurs, concert, feux d’artifices. Un jeune prodige, Héctor « Bambino » Veira, 17 ans, va toutefois faire ravaler leur arrogance aux hinchas locaux. La réputation de l’attaquant est alors encore confidentielle. Il vient de faire ses débuts en première division. À la 20e minute, Veira ouvre le score, concrétisation logique de la domination de San Lorenzo. Pour le plus grand malheur d’Independiente, El Cuervo réussit la meilleure entame de match de son tournoi. River Plate peut commencer à croire à un titre de dernière minute.

Bambino Veira est aujourd’hui une figure médiatique du football argentin. Machine à conter des anecdotes, cet impénitent fêtard est aussi un passionné de cinéma, au point de participer à des émissions décryptant l’univers des salles obscures et d’avoir été figurant dans un western, pour faire face à John Wayne, quand il évoluait au Mexique, au Santos Laguna. Ce 24 novembre, le jeune Veira va rapidement être rendu muet par son adversaire. Rubén « Hacha Brava » Navarro le découpe et El Bambino doit quitter le terrain dès la 25e minute. San Lorenzo joue alors à dix, les remplacements de joueur n’étant pas encore autorisés. L’eau une fois passée sous les ponts, Veira ne se montrera pas rancunier envers son bourreau : « En sélection, on m’avait mis dans la même chambre que « Hacha Brava », et on est devenus amis. » Au moment des faits, l’ambiance n’est toutefois pas à la fraternisation et au pardon. Non seulement Veira a été mis hors d’état de nuire, mais un pénalty flagrant n’a pas été sifflé en faveur des Cuervos. La partialité de l’arbitre devient grotesque : clémence face aux tacles de bouchers d’Independiente, et tolérance zéro pour les visiteurs. Avant le repos, l’homme en noir siffle deux pénaltys en faveur des locaux et expulse un joueur de San Lorenzo à la 45e. Cela sent bon le titre pour Independiente, mais aussi le scandale.

Un CSC volontaire

Dès le retour des vestiaires, l’hécatombe se poursuit pour San Lorenzo. À la 48e minute, Roberto Telch doit lui aussi quitter la pelouse, après avoir tâté du crampon adverse. El Santo est obligé de terminer la rencontre à huit contre onze. De quoi faire blasphémer jusque Jorge Mario Bergoglio, qui n’était alors qu’un jeune étudiant en philosophie, et pas le fan le plus célèbre de San Lorenzo, depuis qu’il règne sur le Vatican. Pour rendre explicite le traitement inique de l’arbitre, San Lorenzo ne va toutefois pas faire dans la protestation ulcérée. À partir de l’heure de jeu, une sorte de désobéissance civile en short va s’organiser. Les visiteurs décident de ne plus résister aux charges des locaux.

Le premier but inscrit sans réelle opposition advient à la 64e minute : 3-1 pour Independiente. Le premier but d’une longue série. Le match se terminera sur un grotesque tableau d’affichage : 9-1. Un csc viendra parachever la farce : une passe en retrait d’un défenseur depuis les trente mètres que le gardien de San Lorenzo laisse filer. Au coup de sifflet final, même les fans d’Independiente n’ont plus vraiment le cœur à célébrer. La fête est gâchée. L’arbitre de la rencontre sera suspendu six mois, mais jamais le résultat de la rencontre ne sera remis en cause par les autorités du football argentin.

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »

Par Marcelo Assaf, avec Thomas Goubin

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