- C1
- J2
- Hoffenheim-Lyon (3-3)
Indéchiffrables Lyonnais
On a cru un moment qu'ils allaient prendre l'eau. Puis qu'ils allaient faire le gros coup du soir. Enfin, sur une énième largesse défensive, les Lyonnais ont dû se contenter d'un match nul équitable sur la pelouse d'Hoffenheim. Le tout en livrant une nouvelle performance au-delà de la rationalité, entre porosité défensive alarmante et génie offensif désarmant.
Jean-Michel Aulas avait dit qu’un match nul serait un exploit. Il devrait logiquement être euphorique ce soir après le partage des points entre son Olympique lyonnais et Hoffenheim. Sauf que le scénario du match – une victoire qui tendait les bras à l’OL à une minute de la fin – lui reviendra potentiellement en pleine figure au soir de la sixième journée, si son équipe n’est pas dans les deux voire trois premiers de son groupe. Car avec une victoire en terre allemande, Lyon serait encore premier de sa poule devant Manchester City et à distance très respectable du Shakhtar Donetsk (5 points) et Hoffenheim (6 points). De quoi aborder le retour contre les Allemands à Décines pour valider le ticket. Quoique, le onze de Bruno Génésio serait bien capable, dans une telle configuration, d’en prendre 4 à la maison et de relancer la compétition.
Le paradoxe lyonnais
Le match de Lyon est à l’image de sa saison : illisible. Capable du pire comme ce trou noir durant la seconde partie du premier acte, qui aurait pu – ou dû – permettre à Hoffenheim de prendre le large. Capable du meilleur aussi, avec deux buts sur deux exploits individuels de Memphis Depay et Tanguy Ndombele. D’un match qui aurait pu tourner au fiasco, l’OL a failli faire un coup de maître. Et d’un coup de maître, l’OL a failli faire un mauvais gag avec l’égalisation tardive et grossière des Allemands. De quoi mettre en lumière le paradoxe lyonnais depuis le début de la saison : en difficulté face aux équipes dites plus faibles, mais admirable face à un Manchester City qui marche sur tout le reste de l’Europe.
Bis repetita après le Shakhtar
Le double visage lyonnais s’était déjà exprimé à huis clos contre le Shakhtar Donetsk : une grande partie du match à subir le jeu collectif léché des Ukrainiens, sans solution, avant un sursaut d’orgueil à 0-2 qui était proche d’offrir une deuxième victoire aux Gones. Contre Hoffenheim, l’ambivalence des hommes de Bruno Génésio a été encore plus flagrante : un très bon début de match, puis un but surprise quand les Allemands commençaient à prendre le dessus. Avant un siège en règle de la défense lyonnaise, incapable de protéger ses ailes. On pourra prétexter l’absence préjudiciable de Nabil Fekir. Certes, le champion du monde manque à Lyon comme il manquerait à la plupart des équipes du Vieux Continent.
La folie lyonnaise
Mais même avec lui, l’OL souffle le chaud et le froid depuis le début de saison sans que l’on ne sache à quelle logique répondent les soubresauts lyonnais. Un manque d’intensité derrière peut-être ? Sur le second but d’Hoffenheim, en tout début de second acte, Bertrand Traoré se fait manger par son adversaire direct et n’offre qu’une opposition timide sur la frappe qui crucifie Anthony Lopes. Et paradoxalement, le même Traoré fait l’effort à la 89e de revenir pour éteindre un énième incendie dans la défense lyonnaise. À chaque coup d’envoi depuis le début de la saison, il est impossible de dire, ni même d’entrevoir, ce que va être le niveau de jeu de l’OL. Force ou faiblesse ? Pour l’instant, les protégés de Jean-Michel Aulas sont 4es de Ligue 1 et 2es de leur groupe en C1. Ce qui sous-entend que leur inconstance ne les a pas durablement pénalisés. Difficile d’imaginer si l’OL pourra continuer de la sorte jusqu’au mois de mai. Une chose est néanmoins rassurante : les matchs couperets à l’échelle européenne nécessitent de la folie. Et de la folie, ce Lyon-là n’en manque pas.
Par Nicolas Jucha