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Incidents au Trocadéro : les multiples raisons des débordements

Par Anthony Cerveaux et Nicolas Hourcade avec la Team Tribunes de So Foot
Incidents au Trocadéro : les multiples raisons des débordements

Le PSG devait célébrer son titre dans la fête. L'évènement a tourné au désastre. Retour sur la pluralité des causes du fiasco.

Des joueurs qui passent 6 minutes seulement sur le podium pour exhiber le trophée, des scènes de bataille rangées entre les forces de l’ordre et des jeunes au Trocadéro, des images de violences qui tournent en boucle sur les chaînes d’infos, une croisière annulée sur la Seine, une trentaine de blessés et une vingtaine d’interpellations : Paris ne s’attendait pas à pareil bordel pour fêter son premier titre de champion depuis 19 ans. Comment expliquer les troubles qui se sont emparés du Trocadéro et d’autres endroits de la capitale, dont l’ampleur a été telle que les joueurs parisiens ont dû se cloîtrer au Parc des Princes pour manger des pizzas ? Qui en porte la responsabilité ?

Après avoir, dans un premier temps, vertement stigmatisé les ultras, les chaînes d’informations ont parlé de hooligans ayant débordé ces derniers, puis de casseurs venus seulement pour en découdre. Le dispositif policier a également été mis sur la sellette. Tous ces éléments semblent avoir participé au fiasco. Ces incidents rappellent les scènes de débordements lors de manifestations censées être festives, comme le Réveillon, mais ils renvoient aussi au conflit inextricable qui oppose des groupes de supporters contestataires à la direction du PSG depuis bientôt 3 ans.

Une organisation déficiente ?

Les manifestations qui débordent la liesse des célébrations de titre ou qui font dégénérer les cortèges parisiens ne sont pas une nouveauté. Des Invalides en mars 2006, en marge d’un défilé pour le Contrat Première Embauche (CPE) où des casseurs s’étaient invités sur la place, jusqu’aux fins de cortège des manifestations contre le Mariage pour tous qui ont vu des militants d’extrême droite en découdre avec les forces de l’ordre, il n’est pas rare que les rassemblements dégénèrent dans la capitale. Côté foot, la Canebière à Marseille, la place de la Comédie à Montpellier ou la place Jean-Jaurès à Saint-Étienne ont connu ces dernières années des mouvements de foule et des débordements à l’occasion de célébrations de titres, débordements néanmoins bien moins importants que ceux de la soirée parisienne. Tout évènement de ce type, organisé dans l’espace public, est difficile à gérer pour les organisateurs et s’avère propice aux mouvements de foule intempestifs.

Il semble néanmoins qu’il y ait eu des failles dans l’organisation de la soirée d’hier. Les pouvoirs publics avaient manifestement sous-estimé le nombre de supporters qui viendraient se masser dans le 16e arrondissement. De plus, choisir la place du Trocadéro, en travaux, et disposer le podium à un endroit peu favorable a accru les difficultés. D’autant que les forces de l’ordre, les agents de sécurité et les secouristes présents sur place semblaient être en sous-nombre, ce que n’ont pas manqué de pointer plusieurs observateurs sur la place, ainsi que les CRS eux-mêmes.

Des ultras en colère

Ces incidents découlent aussi du conflit qui oppose la direction du PSG à plusieurs groupes de supporters contestataires, réclamant notamment le retour d’abonnements libres au Parc des Princes, conflit dont il a souvent été question dans les colonnes de So Foot. Une partie des anciens abonnés des virages du Parc considèrent qu’ils ont été injustement écartés du stade par le plan Leproux et ont été les victimes collatérales de la lutte contre les hooligans. Le dialogue est complètement rompu entre ces supporters et la direction du club, les deux parties étant engagées dans une guerre de tranchées malsaine. Impossibilité de se regrouper à domicile, annulations de places à l’extérieur, confinement dans un bus, refus de la direction du PSG de considérer ces supporters comme des interlocuteurs, d’un côté. Insultes récurrentes envers le club, débordements lors de certains déplacements, incapacité à s’organiser de manière claire, de l’autre. Chaque camp se renvoie la responsabilité du conflit : ces supporters contestataires sont ingérables, selon le club ; la direction du PSG est obtuse et entretient le conflit en méprisant des supporters qui veulent simplement remettre l’ambiance au Parc, selon les fans critiques.

En tout cas, une partie des supporters contestataires entendait profiter de la médiatisation de l’évènement pour faire entendre leurs revendications, puisqu’ils ne peuvent plus le faire dans les stades. Un cortège de 150 personnes environ avait été organisé, à quelques encablures du Trocadéro, rassemblant des membres de la K-Soce Team, des Microbes et des Karsud, pour rallier la place derrière une banderole virage Auteuil. « Sur le chemin vers le Trocadéro, des supporters lambdas que personne ne connaissait se sont greffés à notre groupe, témoigne un supporter présent dans ce cortège. Une fois sur la place on s’est frayé un chemin sur la gauche du podium et on a posé la bâche virage Auteuil sur des barrières. Un début d’incident a alors éclaté avec les stewards du club qui ont voulu enlever la banderole. Ce qui a échauffé les esprits. Des fumigènes et des pétards ont ensuite été jetés vers les forces de l’ordre près du podium. » De l’autre côté de la place, d’autres supporters contestataires, participant régulièrement aux « contre-parcages » lors des déplacements du PSG (ces rassemblements dans le stade en dehors du secteur réservé aux visiteurs), déploient une banderole « Liberté pour les ultras » en hauteur sur les échafaudages. Une image reprise en boucle par les télés.

Des casseurs entrent aussi en action

Les joueurs arrivent alors sur le podium, ils ne resteront que quelques minutes avant que les premiers mouvements de foule et les risques d’effondrement de l’échafaudage ne les fassent battre en retraite. Le supporter présent dans le cortège du virage Auteuil témoigne : « Je sens la pression de la foule derrière moi, beaucoup de personnes sont évacuées victimes de malaises pour certaines, obligées de passer au-dessus des barrières de sécurité, et là d’un coup c’est la confusion, des centaines de personnes passent au-dessus des barrières, essayent de s’approcher du podium tandis que les joueurs partent. Les gendarmes mobiles ont disparu pendant une minute avant de revenir à la charge et de lancer quelques gaz lacrymogènes. Il s’ensuit une sorte de bataille rangée, gaz lacrymogène contre jets de fumigène et bouteilles en verre, qui dure très longtemps… » Selon plusieurs témoignages concordants, des personnes inconnues des groupes de supporters se retrouvent alors en première ligne.

Des casseurs, dont on sait pour l’instant peu de choses (sinon qu’ils ne sont pas concernés par les revendications des supporters contestataires), ont manifestement profité de l’évènement pour en découdre. Certains ultras se sont également mêlés aux violences. Avant de quitter les lieux, si l’on en croit un supporter présent dans le cortège du virage Auteuil : « La plupart des personnes de nos groupes ont quitté la place environ 30 minutes après ces évènements. En retournant à nos voitures on a vu des centaines de jeunes briser des vitrines, brûler des poubelles, vandaliser des dizaines de voitures sur toute une rue… » Un supporter parisien présent au Trocadéro, à l’écart des contestataires qu’il connaît de vue, confirme cette version des faits, également corroborée par d’autres témoignages : « Il y a eu de sévères embrouilles entre la sécurité et les ultras. Mais à partir d’un moment, ça ressemblait plus à des groupes de casseurs faisant tout péter dans tous les sens. »

D’ailleurs, au-delà des affrontements sur la place du Trocadéro, des casseurs se sont également livrés à des pillages des boutiques environnantes. Un car de touriste a été bloqué et son contenu dépouillé par des individus. Des scènes de vandalisme qui rappellent les nuits de la Saint-Sylvestre où des casseurs, pas toujours organisés, profitent de la foule et de la confusion qu’elle peut engendrer pour provoquer des débordements violents et incontrôlables.

Tous coupables ?

Certains supporters contestataires sont parfaitement conscients que ces incidents desservent fortement leur cause et justifient les mesures répressives prises à leur encontre, alors qu’une manifestation pour redonner des couleurs au Parc est programmée ce dimanche 19 mai. Par la voix de son porte-parole, l’ex-collectif Liberté pour les Abonnés a fait savoir que les membres de ce groupe « n’étaient pas au Trocadéro. Pas plus que sur les Champs-Élysées dimanche soir » . Avant de déplorer « les débordements et pillages qui malheureusement étaient prévisibles. C’est d’ailleurs la raison de notre absence. »

Néanmoins, il est clair que certaines franges de supporters contestataires sont en partie responsables des débordements du Trocadéro et se sont ainsi allègrement tiré une balle dans le pied, puisque ces incidents vont accroître la pression qui pèse sur eux. Mais ils ne sont, tout aussi clairement, pas les seuls coupables. Le club a également sa part de responsabilité, d’une part parce qu’il laisse pourrir depuis des mois un conflit qui pourrait être apaisé par un minimum de dialogue, d’autre part parce qu’il a voulu donner une belle image au monde en disposant son podium à un endroit favorable pour les caméras, mais pas forcément pour le maintien de l’ordre public. Enfin, les pouvoirs publics n’ont certainement pas pris la juste mesure des évènements et ne les ont pas suffisamment préparés, ce qui offre une occasion inespérée à la droite d’accabler Manuel Valls, le ministre le plus populaire du gouvernement. Également accusé d’avoir failli à sa tâche, ce qu’il dément avec vigueur, le préfet de police de Paris Bernard Boucault a prévenu qu’il n’y aurait « plus de manifestation festive sur la voie publique pour le PSG » .

Un club qui, décidément, ne fait rien comme les autres et qui se voit ainsi contraint de publier un communiqué de presse regrettant que la fête ait été gâchée par « quelques centaines de casseurs qui n’ont rien à voir avec le football et encore moins avec tous ceux qui, lors de chacun des matchs, se rassemblent dans l’enthousiasme et en toute sécurité au Parc des Princes » , comme pour se dédouaner de toute responsabilité dans la gestion de ses supporters. S’il est incontestable qu’assurer la sécurité autour de ce club est une tâche extrêmement complexe, et si le club a en effet réussi à apaiser le climat du Parc, il n’est pas évident qu’il s’y soit pris au mieux avec certains de ses ultras. Les incidents d’hier soir viennent malheureusement le rappeler.

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Non, Le Graët ne regrette rien
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