- C1
- 8es
- Atlético-Juventus (2-0)
In Godín we trust
Emblématique, concentré, irréprochable, monstrueux... Les qualificatifs ne manquent pas pour saluer la prestation de Diego Godín contre la Juve ce mercredi soir en 8e de finale aller de Ligue des champions. Dans un grand match, le capitaine madrilène a rendu une prestation majuscule. La plus aboutie de sa carrière ? La question mérite d'être posée.
Dans le football, les réflexes dans les mouvements sont les meilleurs moyens de comprendre l’état d’esprit d’un joueur : la peur, la triche, la colère, l’envie. Pour ce dernier péché capital, Diego Godín est sans aucun doute un expert en la matière. Et mis à part les partisans de la Juventus, aucun autre spectateur ne lui en tiendra rigueur. Pour s’en rendre compte, il suffit de s’attarder sur les toutes premières secondes de la partie, après un contact entre Antoine Griezmann et Blaise Matuidi dans la surface turinoise. L’attroupement se fait autour de l’arbitre central, la confusion s’invite, et les paroles fusent déjà à tort et à travers. Dans son match, Diego Godín effectue alors une course de quatre-vingts mètres pour calmer tout ce beau monde et parler avec franchise à Félix Zwayer. Le taulier prend la parole, met l’intonation nécessaire pour foutre la pression sur le corps arbitral et faire comprendre une chose : ce soir, c’est son soir.
Le conditionnement C1
Sa parole donnée et la poigne de Giorgio Chiellini bien serrée avant le début de la rencontre, Godín balaye les politesses et rappelle aux Turinois que non, il ne souhaite pas sympathiser avec l’ennemi. Sans doute proche de quitter l’Atlético de Madrid en fin de saison pour s’engager à l’Inter, Godín met au diapason son repas du soir : Cristiano Ronaldo. Un plat de résistance que le défenseur uruguayen connaît bien, derby madrilène oblige. Souvent auteur d’excellentes prestations contre l’Atlético de Madrid, CR7 s’est pourtant pris un gros mur mercredi soir. Une manière de faire comprendre que cette fois-ci, les choses vont changer. Depuis son arrivée chez les Colchoneros en 2010, Diego Godín s’est offert tous les titres possibles avec l’Atlético. Tous, sauf la fameuse Ligue des champions.
Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir joué des finales de C1 contre le Real Madrid. Unique buteur pour son club dans celle de 2014, Godín voit la finale se ponctuer par… un penalty transformé victorieusement par CR7. Revanchard en 2016, Godín voit la finale se terminer par… un nouveau penalty transformé par le Portugais. La sensation de perdre contre son éternel rival est trop horrible, alors l’Uruguayen ne voulait plus revivre ça. Jamais deux sans trois ? Jamais, point barre. Et voilà comment transformer un défenseur de renommée internationale en mur infranchissable, quitte à mettre quelques taquets pour faire sortir progressivement un quintuple Ballon d’or de son match. Héroïque, Godín souhaite le devenir au Wanda Metropolitano le 1er juin prochain, date de la finale de la reine des compétitions européennes. Et visiblement, ce n’est pas la Juve qui va l’empêcher d’accéder à l’objectif ultime de soulever le Graal avec les siens à la maison.
Le bon père de famille
Dès lors, Godín fait parler l’expérience, oublie son début de saison en dents de scie et procède avec patience pour donner le signal afin de sonner la charge. La ruée vers l’or arrive en deuxième période, et l’homme continue de motiver ses ouailles malgré les tentatives manquées des siens. Le plus à même d’entendre les consignes du daron, c’est le petit frère José María Giménez. Un clone de Godín qui s’inspire de son modèle pour ouvrir la voie du succès à l’Atlético. Et pour corser l’addition ? Là, c’est l’aîné qui s’en charge. Un coup franc dévié de Griezmann, un ballon dont le rebond trompe tout le monde, puis une reprise de volée dans le but vide, sous les yeux privilégiés de… Cristiano Ronaldo. Comme quoi, même pour une figure divine, la vengeance est un plat qui se mange froid. Bon appétit, Diego.
Par Antoine Donnarieix