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Immobile fait du surplace
Meilleur buteur de Serie A lors de la saison 2013-2014, l'attaquant italien en est à son deuxième club depuis qu'il a quitté l'Italie, mais il ne parvient toujours pas à s'imposer hors de ses terres.
Ouverture de Verratti, débordement d’Insigne, but d’Immobile. Voici une action vue et revue maintes fois durant la saison 2011-2012 de Serie B. C’était le Pescara de Zeman, de retour parmi l’élite grâce à ses trois jeunes pousses qui affichaient alors 21 ans de moyenne d’âge. Aucun d’eux ne poursuivit l’aventure avec le club abruzzese, mais tous confirmèrent leur talent dans leur nouveau club, voire en équipe d’Italie. Marco Verratti est titulaire indiscutable du PSG, Lorenzo Insigne est un élément clé du Napoli de Sarri et Immobile…. Eh bien, Ciro était peut-être même le mieux lancé avec un titre de meilleur buteur de Serie A à la fin de la saison 2013-2014. Mais depuis, c’est la crise.
La froideur allemande
4 septembre 2014, les débuts de l’ère Conte en Nazionale. L’adversaire ? Les Pays-Bas, troisième du Mondial. L’attaque ? Zaza-Immobile. Le duo le plus complémentaire selon le néo-sélectionneur qui compte ressortir son 3-5-2 utilisé à la Juve. Au bout de trois minutes, Ciro ouvre le score, et au soir de ce premier match, la sentence tombe : le prochain buteur azzurro, c’est lui, d’autant qu’il vient de quitter le Torino pour rejoindre le Borussia Dortmund et il compte bien exploser sur la scène européenne avec la bande à Klopp. Sauf que…
« Les Allemands sont froids, il n’y a rien à faire. Cela fait huit mois que je suis ici, aucun coéquipier ne m’a invité à dîner chez lui » , voici ses déclarations en février dans le magazine Sportweek. Les Jaune et Noir galèrent au fond du classement, son coach lui préfère Ramos et Aubameyang, ce dernier est à peu près le seul joueur avec qui il communique de par son passé dans les équipes de jeunes du Milan. Immobile livre une interview de dépressif, le mal du pays le ronge et ça se répercute sur ses performances. Jamais blessé, il est pourtant utilisé au compte-gouttes : 1634 minutes de jeu, seulement 17 titularisations et, malgré ces conditions, un score honorable de 10 buts, 6 en BuLi, 3 en coupe et 4 en Ligue des champions. Conte l’a attendu jusqu’en mars avant de virer sur Graziano Pellé, qui s’éclate en Premier League.
La canicule espagnole
Klopp parti, Ciro s’en va aussi. Si le choix d’aller au Borussia était plutôt bon sur le papier, puisque la place de Robert Lewandowski était libre, celui de filer en prêt au FC Séville laisse perplexe. Unai Emery déroge à peine de son 4-2-3-1 pour un 4-4-2, il n’y a donc généralement qu’une place devant. D’accord, Carlos Bacca n’est plus là, mais Kevin Gameiro, excellente doublure, est resté, tandis que Fernando Llorente débarque en fin de mercato en provenance de la Juve. Trois places pour un, et Immobile n’a toujours pas l’intention de diversifier ses caractéristiques, c’est en pointe ou rien. Collectivement, le scénario est identique, Séville traînant dans le bas de tableau. Individuellement, il est encore pire qu’à Dortmund, une titularisation, six entrées et trois matchs sur le banc de touche. À peine 173 minutes de jeu et évidemment aucun but, tout juste un assist lors de la folle Supercoupe d’Europe contre le Barça.
Des chiffres, beaucoup de chiffres, mais qui traduisent mieux que tout l’impasse dans laquelle se trouve l’avant-centre italien depuis plus d’un an et qui file sur ses 26 ans. Disparu des dernières listes de convoqués de la Squadra Azzurra, il risque fort de perdre sa place pour l’Euro. Une trajectoire qui n’est pas sans rappeler celle de son pote Alessio Cerci avec qui il formait le duo d’attaque du Torino et qui ne s’est pas encore remis de sa courte expérience à l’Atlético Madrid. D’Andalousie, Immobile voit ainsi ses anciens compères de Pescara faire la Une des quotidiens sportifs italiens, Insigne prophète en son pays, Verratti qui prend enfin en main l’équipe d’Italie. Afin de régler un problème avant tout d’ordre mental, un retour en Italie est plutôt souhaitable qu’envisageable, au risque avoir droit à un nouveau cliché en guise d’alibi grotesque dans sa prochaine interview : « Les Espagnols sont chauds, ils m’invitent à manger des tapas tous les soirs. »
Par Valentin Pauluzzi