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Imbula, reculer pour mieux sauter ?
Deux ans après son départ de l’OM pour Porto, Giannelli Imbula revient au Vélodrome avec le TFC après deux saisons galères au Portugal et à Stoke City. Annoncé comme l’un des milieux les plus prometteurs de sa génération, Imbula espère relancer sa carrière dans la ville rose.
Certaines trajectoires sont plus difficiles à comprendre que d’autres. Comment Roberto Carlos a-t-il pu envoyer sa praline de l’extérieur sur coup franc dans les filets de Gerland face aux Bleus en 1997 ? Pourquoi Lance Armstrong s’est-il décidé à couper à travers champ après la terrible chute de Joseba Beloki sur le bitume devant lui ? Comment la malheureuse skieuse tricolore Marion Rolland a-t-elle pu chuter trois secondes après s’être élancée du portillon lors des JO de Vancouver en 2010 ? Comment Giannelli Imbula, l’un des espoirs les plus prometteurs du championnat de France, a-t-il pu se perdre en route de la sorte en l’espace de deux saisons ? Pourtant partie sur de bons rails à Guingamp, sous les ordres de Jocelyn Gourvennec, la carrière d’Imbula semble aujourd’hui épouser les courbes d’une trajectoire sinueuse et inattendue. Prêté cette saison au Téfécé par Stoke City, le milieu de terrain espère retrouver du temps de jeu et prendre un nouvel envol.
Taulier sous Marcelo Bielsa
« Guingamp avait ce soir un extraterrestre, en la personne d’Imbula. » , « Il faut bien le reconnaître, un joueur exceptionnel, Imbula, a fait la différence. » Ces propos respectivement énoncés en décembre 2012 et janvier 2013 par Philippe Hinschberger, alors entraîneur de Laval, et Erick Mombaerts, en poste au Havre à cette époque, suffisent à mesurer à quel point Giannelli Imbula éclaboussait la Ligue 2 de son talent lors de ses années guingampaises. Plus jeune joueur de l’histoire à évoluer à cet échelon lors de ses débuts en 2009 à l’âge de 17 ans, un mois et quatre jours, le natif de Vilvorde, en Belgique, se révèle au cours de la saison 2012-2013, à l’issue de laquelle il est sacré meilleur joueur de L2 et monte en première division avec le club costarmoricain. La Ligue 1, Imbula ne la découvrira pas sous le maillot de l’EAG, mais à Marseille, convaincu par les dirigeants phocéens de choisir le projet olympien en dépit des approches de Chelsea, l’Atlético et Arsenal. Malgré une concurrence importante à son poste (Cheyrou, Lemina, Romao), Imbula s’impose sur le terrain et se mue en véritable taulier sous les ordres de Marcelo Bielsa la saison suivante, participant à trente-sept des trente-huit matchs de championnat.
Certains observateurs lui prêtent alors un avenir brillant chez les Bleus, le désignant comme le milieu de terrain le plus prometteur avec Pogba devant Rabiot, Tolisso ou Kanté (qui s’apprête à quitter Caen pour Leicester). Au terme d’un feuilleton estival rocambolesque, Imbula débarque à Porto contre vingt millions d’euros à l’été 2015, expliquant avoir été séduit par le projet sportif et le discours du coach Julen Lopetegui. Mais l’aventure entre les Dragões et l’ex-Olympien, signée pour cinq ans, ne durera finalement que six mois. Après vingt matchs plutôt décevants disputés avec le club portugais, Imbula est transféré à Stoke City au mercato hivernal. Si ses débuts chez les Potters sont encourageants (quatorze matchs, deux buts lors de sa demi-saison en Premier League), Imbula perd peu à peu la confiance de son entraîneur, Mark Hughes. Le milieu français sort du onze type au profit du Gallois Joe Allen, étincelant pendant l’Euro, et affirme son souhait de changer d’air à l’intersaison à l’aube de ses vingt-cinq ans.
« Retrouver un championnat que je connais et où j’ai réussi »
Pisté par Nice, Monaco ou Lyon, il pose finalement ses valises à Toulouse dans les dernières heures du mercato. « La Ligue 1, je l’ai quittée sur une bonne note, après ma meilleure année en élite ; je voulais retrouver un championnat que je connais et où j’ai réussi, déclare-t-il lors de sa présentation à la presse début septembre. Je recherchais un challenge en France pour pouvoir rejouer parce que ça fait presque un an et demi, finalement, que je ne le fais plus. J’avais besoin de trouver un club qui me permette de m’exprimer. J’avais d’autres propositions, mais j’ai fait le choix du TFC. Le discours du coach m’a touché. Il m’a parlé de mon état d’esprit, de comment je me sentais physiquement, est-ce que j’aimais encore le foot… C’était vraiment un discours humain. Ça fait plaisir d’entendre ce genre de choses. »
Devant les micros, l’ex-international espoirs est également revenu sur ses deux expériences manquées à Porto et à Stoke, affirmant avoir appris la leçon : « Ma demi-saison au FC Porto, puis mon expérience depuis à Stoke City ne se sont pas bien passées. Je les ai vécues comme des étapes à franchir et j’estime que ça m’a fait grandir. Aujourd’hui, j’essaye de regarder devant. Je n’entends pas beaucoup évoquer le passé. Ce qui m’intéresse, c’est l’avenir. » Et l’avenir pour Giannelli Imbula, ce sont ces retrouvailles avec son ancien public et ses anciens coéquipiers, ce dimanche soir, au Vélodrome. Un match lancé par André-Franck Zambo-Anguissa, qui commentait la décision de son ancien compère du milieu de terrain de rejoindre le TFC vendredi en conférence de presse : « Je ne juge pas, je ne sais pas ce qui a alimenté ses choix, ça arrive dans une carrière de monter, de redescendre. Pour moi, il n’est pas à sa place dans ce club, il pourrait jouer dans un club plus prestigieux. » Giannelli Imbula le sait et avait confié lors de sa présentation espérer retrouver ses sensations sur le terrain, car « après avoir fait le boulot avec le TFC, c’est sûr que j’aurai d’autres ambitions » . En tentant de ne pas réitérer les erreurs du passé.
Par Maxime Feuillet