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Ils renaissent à Braga
Antonio Salvador et Eva Joly ont un point commun : ils recyclent. Depuis quelques saisons, le club minhoto se charge de récupérer les talents laissés de côté par les grands clubs pour leur donner une deuxième chance. Et ça marche bien, puisque cinq titulaires du groupe de José Peseiro sont à classer dans la catégorie des ressuscités.
Hugo Viana
Un grand classique du football portugais. Le jeune talent précoce qui part trop vite dans l’un des meilleurs clubs de l’un des championnats les plus prestigieux du monde. Simão et Quaresma au Barça ou encore Anderson à MU (bien que brésilien) font partie de cette caste. Paradoxalement, le malheur d’Hugo Viana fut d’avoir été nommé meilleur jeune européen en 2002 à seulement 19 ans, et d’être tombé sur un Jorge Mendes aussi ambitieux qu’inexpérimenté, qui, au lieu de faire en sorte que son poulain reste un peu plus longtemps au Sporting, l’a envoyé dans le grand bain. C’est ainsi que le puceau se retrouve à St James Park, avec dans sa valise une seule saison au très haut niveau. C’est ainsi qu’Hugo Viana gâche sa carrière, alors qu’elle vient à peine de commencer. Après l’Angleterre, il tente sa chance à Valence où il ne s’imposera jamais. Il atterrit du coup à Braga où on lui confie les clés de l’entrejeu. Le résultat est concluant : il redevient le crack qu’il était tout jeune. Vista, passes, ouvertures, patates du gauche, le joueur formé au Sporting avait tout simplement laissé son talent à la maison. Il est décisif lors des « quasi titres » du club Minhoto (C3 et championnat), et son duo avec Custódio est l’un des plus beaux du pays. De fait, Jorge Mendes avait réalisé une erreur en exportant son premier gros joueur : Hugo Viana est un excellent milieu de terrain de Liga Sagres, ni plus, ni moins.
Rúben Micael
« Partir de Porto fut la plus grande erreur de ma vie. » Rúben Micael, arrivé en prêt cet été en provenance de l’Atlético Madrid, a en effet de quoi avoir des regrets, car contrairement à Alan, Barbosa ou Beto, il avait du temps de jeu, beaucoup. Joker de luxe dans le Porto vainqueur de la C3, son futur semblait tout tracé chez Pinto da Costa, grâce à qui il est même sélectionné en équipe nationale. Mais il préfère partir dans le même avion que Radamel Falcao chez les Colchoneros. Erreur. Tel le chocolat d’un Kinder Surprise méprisé par un gosse qui ne désire que le jouet, il est vulgairement mis de côté. Prêté à Saragosse l’an passé, il retourne à Madrid le temps d’être prêté à Braga, où il a déjà inscrit deux buts en peu d’apparitions. Évidemment, Rúben Micael sera titulaire et brillera à Braga, tout comme ce fut le cas au Nacional et à Porto… Avant de retenter sa chance à Vicente Calderón…
Alan
Alan Osório da Costa Silva, 32 piges, finirait bien sa carrière à Braga, un club à sa hauteur. Pas plus haut, ni plus bas. Le Brésilien a mis du temps à jauger son niveau, mais il a fini par comprendre que son destin était de jouer les gros bras chez les outsiders plutôt que dans les grosses écuries. C’est en tout cas ce qu’il a retenu de son échec au FC Porto, où il s’était un temps imposé comme titulaire en 2005-2006, année où les Dragons se cherchaient encore après le sacre européen de 2004. Avant que n’arrive la concurrence. Si l’année suivante est un désastre, il connaît en 2007 un exercice particulièrement concluant à Guimarães – prêté par Porto – avec qui il termine troisième de la Superliga. Il retourne brièvement chez les Bleu et Blanc, en même temps qu’arrivent Hulk et Cristian Rodriguez qui le poussent définitivement vers la sortie. Direction Braga, où Jorge Jesus le traite en roi, tout comme le feront Domingos et Leonardo Jardim. Fini la concurrence, il a trouvé dans le Minho la demeure idéale, lui qui ne supporte ni la pression excessive ni le fait de lutter tous les jours pour gratter du temps de jeu. Alan a besoin d’être le meilleur à son poste, d’être choyé, récompensé. Ça tombe bien, maintenant, il est capitaine du Sporting Braga.
Hélder Barbosa
Ceux qui collectionnent les Football Manager le savent ; Hélder Barbosa est un très bon ailier gauche. Sauf que, comble pour un joueur de couloir, il a toujours manqué d’espace au FC Porto, son club formateur. En cinq ans au FC Porto, il a été prêté quatre fois et n’a disputé que cinq rencontres avec les Dragons. À défaut d’être une quiche, le Portugais est arrivé au mauvais endroit, au mauvais moment. Pour percer à Porto, il aurait dû naître quatre ou cinq ans plus tôt. Explication : en 2005, lorsque le club est en reconstruction, il y a de la place à tous les postes, mais le mioche a à peine 18 ans. C’est trop tôt pour le lancer. Barbosa réalise des piges un peu partout au Portugal et devient un excellent ailier gauche. Problème : Hulk, Cristian Rodríguez, puis Varela et James Rodríguez font leur apparition au club. Du coup, Braga, en bonne voiture-balai, ramasse le talent gâché. Moyennement utilisé par Domingos Paciência, il explose avec Leonardo Jardim dans le rôle de l’ailier gaucher qui joue à gauche pour distribuer de succulents caviars, goûtés et approuvés par Lima, canonnier du Sporting Braga. La carrière du jeune joueur de 25 ans décolle enfin, et elle peut aller loin.
Beto
Les supporters de l’Udinese l’ont bien compris, Beto est un bon gardien. D’ailleurs, si les Ritals venaient à se faire éliminer par Braga, ce serait en grande partie de sa faute, lui qui a réalisé un match d’anthologie lors du barrage aller de la C1. Beto à Braga, c’est l’histoire d’une doublure qui en avait marre d’être une doublure. Entre 2002 et 2004, il a joué les seconds et troisièmes rôles au Sporting, puis, plus récemment, de 2009 à 2012 à Porto. En concurrence avec des portiers comme Ricardo ou Hélton, l’international s’est fait une raison au bout de dix ans de combat : il restera un loser, un second s’il continue de truster les grands clubs portugais. Un peu comme Alan, quoi. Après un an de réflexion en Roumanie où il remporte le titre avec le CFR Cluj, il atterrit à Braga, comme 99% des placardisés du FC Porto. Bonne pioche. Quim, malgré son statut de héros local, se fait trop vieux et ne devrait pas lui contester la place de titulaire. L’heure de gloire de Beto est enfin arrivée. Après onze ans de vagabondage, c’est mérité.
Par William Pereira