- France
- Ligue 1 et Ligue 2
- 38e journée
Ils payent leur pot de départ
Étienne Didot en a gros. « Tout le monde parle de la fin de carrière de Beckham ! Et Arnaud Le Lan alors !! Ça c'est un joueur !! Et je suis très sérieux », a-t-il twitté cette semaine. Le milieu breton de Toulouse a parfaitement raison. Et la remarque vaut pour d'autres joueurs fameux qui tirent leur révérence ce week-end, à l'occasion de la 38e journée de L1 et de L2. La promo 2013 des retraités est ici.
Ulrich Ramé, Sedan, 40 ans, 405 matchs de L1, 46 de L2
À moins qu’il ne renfile exceptionnellement une dernière fois les gants ce soir en guise de dernier hommage face à Angers, le club de ses débuts, l’ultime match de la carrière pro d’Ulrich Ramé aura été un match foireux à Louis-Dugauguez, perdu 1-2 face au Havre en novembre dernier. C’est assez moche, comme l’a été aussi son départ de Bordeaux en 2011, après 14 saisons de bons et loyaux services. On le croyait faisant partie éternellement des meubles chez les Girondins, mais il a voulu tenter ce dernier challenge dans les Ardennes. Sans vouloir manquer de respect aux Sangliers, c’est sa longue période en Gironde qu’on retient bien sûr, avec plus de 400 matchs de L1 au compteur, 22 de C1, 37 de C3 et des miettes de capes ramassées en troisième choix derrière Barthez et Coupet. Deux fois champion de France, Ulrich épatait surtout par son calme et sa sobriété. À 40 ans, c’est aujourd’hui un étudiant qui potasse ses bouquins en vue d’obtenir ses diplômes d’entraîneur.
Ludovic Giuly, Lorient, 36 ans, 319 matchs de L1, 27 de L2
Depuis quelque temps déjà, Ludo clame dans la presse qu’il ne se reconnaît plus trop dans le foot d’aujourd’hui. Avec pour se justifier le fameux (et un peu trop facile) discours du genre, oui les jeunes d’aujourd’hui manquent de respect. En vrai, le gars Giuly doit l’avoir un peu mauvaise de finir tristement sa carrière à Lorient, comme Monterrubio avant lui : barré par la concurrence des Gourcuff boys pétillants de jeunesse. C’est sûr, ça aurait mieux claqué que le générique de fin de sa carrière de footeux se fasse à Monaco, mais là encore, on l’a un peu poussé dehors depuis l’arrivée des investisseurs russes. Alors tant pis si la sortie est un tantinet foireuse, elle ne doit pas faire oublier tout ce qu’a réalisé ce grand petit bonhomme, qui a notamment hissé l’ASM en finale de la Ligue des champions et a fait partie intégrante du renouveau du grand Barça, alors qu’avant lui les Français se ramassaient tous en Catalogne (Dugarry, Déhu, Christanval, Dutruel…). Et tant pis si une bouderie avec Domenech à propos d’un con de texto lui a flingué sa carrière internationale, dans l’ensemble ça reste la grande, grande classe.
Flavio Roma, Monaco, 38 ans, 203 matchs de L1
En revenant sur le Rocher l’été dernier, Flavio Roma avait une idée en tête : aider le club à remonter en élite. Son apport s’est finalement avéré très limité, puisqu’il n’est apparu qu’une seule fois sur une feuille de match : vendredi dernier à domicile face au Mans, comme un cadeau de la part de son compatriote Claudio Ranieri, qui préférait le reste du temps avoir Sourzac sur le banc en suppléant du titulaire Subašić. Mais une fois encore, il ne faut pas que ce retour inutile à Monaco ni les trois saisons vaines passées précédemment à Milan viennent faire oublier la belle époque. Celle d’un Roma impérial dans les bois de l’ASM, avec bien sûr en point d’orgue la finale de C1 en 2004. Avec Giuly, ça fait donc deux des acteurs majeurs de cette incroyable campagne européenne qui partent à la retraite le même week-end. Arrivederci Roma !
Arnaud Le Lan, Lorient, 35 ans, 174 matchs de L1, 157 de L2
Une anecdote résume le personnage. Elle a été racontée par l’intéressé lui-même lors d’une interview donnée à Ouest-France il y a deux ans. Le Lan se rappelait de son premier jour à Rennes en 2002, en provenance du voisin lorientais où il avait débuté chez les pros. « Mon arrivée au centre de La Piverdière avait été cocasse. Je m’étais pointé avec ma Citroën AX, ma voiture d’étudiant. J’avais du parlementer un certain temps pour convaincre le gardien que j’étais bien un joueur professionnel du Stade rennais. Sur le parking, je détonnais forcément. » En fait, Arnaud Le Lan a toujours détonné, toute sa carrière. Par sa fraîcheur, par sa candeur, par son côté tellement terre à terre et anti-bling-bling. Lorient, Rennes, Guingamp et retour à Lorient, la carrière du centre-Breton est toute simple mais loin d’être vilaine, avec une Coupe de France au palmarès (il est l’auteur de la passe dé pour Darcheville lors de la finale FCL/Bastia en 2002) et plus de 300 matchs en élite. Récemment encore face à Saint-Étienne, il a très bien dépanné à son poste de latéral gauche. Kenavo mec, il n’y a pas qu’Étienne Didot à qui tu vas manquer…
Omar Daf, Sochaux, 36 ans, 164 matchs de L1, 94 de L2
Après Le Lan, un autre « gentil » quitte le monde pro : Omar Daf. Le Sénégalais a été contraint de dire stop, certainement plus tôt qu’il ne l’aurait vraiment voulu, la faute à un genou en vrac qui ne lui a que très peu laissé de répit cette saison. Daf arrête donc à Sochaux, où il a connu la majeure partie de sa carrière. Mais c’est lors des trois années passées à Brest, entre 2009 et 2012, qu’il a définitivement acquis son statut de grand sage. Bon défenseur, c’était aussi et surtout un homme de vestiaire indispensable, acteur important de la remontée des Finistériens en élite, avec ses potes Ewolo, Elana et Kantari. D’ailleurs si le Stade redescend piteusement cette saison en L2, c’est peut-être parce qu’il ne restait plus que Kantari parmi ces fantastiques leaders de vestiaire… À titre personnel, Daf n’est pas trop triste de cette fin de carrière puisqu’une reconversion comme entraîneur est déjà envisagée.
Mais aussi…
En préretraite à Paris, Ronan Le Crom devrait cette fois bel et bien ranger les crampons et les gants au placard. Il restera à l’ancien fameux catogan le souvenir d’avoir pu côtoyer un peu miraculeusement un vestiaire de galactiques, on a connu plus glauque comme fin de parcours… Deux autres gardiens de but expérimentés – on dit pas « vieux » , de même qu’Obélix préfère l’appellation « enveloppé » plutôt que « gros » – arrivent en fin de contrat et peuvent se poser des questions sur leur avenir : Johan Liébus, qui part fâché de Reims, et Lionel Cappone, tricard à Brest. Interrogation aussi concernant la motivation de Camel Meriem, 33 ans et en fin de contrat à Nice. Possible aussi qu’Oscar Ewolo le Lavallois dise stop et se consacre à temps plein à son activité de pasteur. D’après Corse Matin, c’est quasi décidé pour l’Ajaccien Yoann Poulard : à 36 ans, le match de dimanche face à Nice pourrait être son dernier en pro. Enfin, un dernier détour par le championnat National pour souhaiter bonne chance à Franck Queudrue, qui va arrêter sa carrière sur un match à enjeu, son équipe du Red Star jouant le maintien ce soir à Bauer face à Fréjus-Saint-Raphaël.
Par Régis Delanoë