- Italie
- Reprise de la Serie A 2016-17
Ils ont tenté la passe de six
On en parle finalement peu, mais la Juventus s’attaque à un sacré défi, celui d’être la première équipe italienne, allemande, anglaise ou espagnole à remporter six fois d’affilée le titre national. Qu’ont donné les précédentes tentatives ?
Il y a les quatorze titres consécutifs du Skonto Riga, les treize de Rosenborg, les onze du Dinamo Zagreb (série en cours), les dix de Bate Borisov (idem), de Pyunik Erevan et du Sheriff Tiraspol. Ça, c’est pour ceux qui ont passé la dizaine. Concernant les championnats dont un représentant a remporté au moins une fois la C1, on trouve les neuf des Rangers et du Celtic, évidemment les sept de l’Olympique lyonnais, ainsi que les six du Steaua Bucarest et du Partizan Belgrade. Aux Pays-Bas, le PSV (deux fois), l’Ajax et l’HVV il y a cent ans se sont arrêtés à quatre. Au Portugal, Porto a poussé jusqu’à cinq. Cinq, c’est aussi le record pour un club évoluant dans une des quatre Top Leagues. La Juve, quintuple championne d’Italie en titre, a donc l’occasion d’entrer une fois de plus dans l’histoire.
La Juve en 1935-1936 : championne d’hiver
Les conditions du décès du président Edoardo Agnelli durant l’été étaient un signe funeste en bonne et due forme. Hydravion qui se retourne et décapitation par une hélice encore en mouvement. Écarté six mois plus tôt pour motifs personnels mais probablement pour son homosexualité, l’absence de l’entraîneur Carlo Carcano ne fut jamais comblée. Tout comme les départs des champions du monde Raimondo Orsi et Giovanni Ferrari, ainsi que de Renato Cesarini. Virginio Rosetta endosse ainsi le costume d’entraîneur/joueur, mais doit faire sans le buteur Felice Borel, blessé dès novembre.
Avec deux victoires en huit matchs, le démarrage est laborieux, mais une belle remontée permet d’obtenir le titre de champion d’hiver. La Juve y croit. Le tournant de la saison a lieu à Bologne lors de la 20e journée. Les deux équipes partagent la tête, les Bianconeri s’inclinent 2-1 et ne reverront plus la première place. Pis, ils finissent en roue libre et se classent finalement cinquièmes derrière les Felsinei, la Roma, le Torino et l’Inter. La Juve devra attendre quinze ans avant de remporter un nouveau Scudetto.
1930-31 Champion 1931-32 Champion 1932-33 Champion 1933-34 Champion 1934-35 Champion 1935-36 5e
Le Torino en 1949-50 : l’après Superga
Ce Scudetto, elle n’aurait jamais voulu l’emporter. C’est encore un accident d’avion à l’origine de la fin d’un glorieux cycle quinquennal, cette fois, il décime tout l’effectif du Torino dont le 5e titre de suite est attribué à titre posthume (c’était toutefois très bien engagé). Malgré les conditions de travail horribles, le président Ferruccio Novo limite largement la casse. Seize joueurs sont recrutés et rejoignent les meilleurs jeunes granata. Bigogno, débarqué en provenance du Milan, est en charge de trouver la bonne formule.
Le club piémontais alterne succès probants (5-1 contre Novara, Bari, Palermo, 5-0 contre la Sampdoria) et gros revers (0-7 contre le Milan, 1-6 face à la Pro Patria), mais il ne descend jamais en dessous de la 10e place. Arrivé en provenance de Rosario Central, l’avant-centre argentin Benjamin Santos se distingue avec 27 pions. C’est finalement une belle 6e place, à vingt et une longueurs de la Juventus.
1942-43 Champion 1945-46 Champion 1946-47 Champion 1947-48 Champion 1948-49 Champion 1949-50 6e
L’Inter en 2010-2011 : la plus proche
La gestion de l’après Triplete, argument sensible. Et pourtant, la première saison fut encore de très bonne facture. Pour la délicate succession de Mourinho, Moratti se plante complètement en choisissant Benítez, qui ne peut pas encadrer le Portugais et fait tout pour le faire oublier. Le vestiaire ne pardonne pas et l’Espagnol saute à la trêve après quatre mois compliqués. L’effectif n’a pas changé, seul départ notable, Balotelli à City, mais aucune arrivée de renom. Or, beaucoup sont rincés. Il faut des solutions de rechange, elles s’appellent Nagatomo, Ranocchia, Kharja et Pazzini et débarquent en compagnie de Leonardo encore sur le banc du Milan six mois plus tôt.
Le Brésilien récupère une équipe 5e qu’il remonte rapidement à la seconde place grâce à une série de douze victoires, un nul et deux défaites. Il revient ainsi à deux points des cousins juste avant le derby. Défaite 3-0, mais cette place de dauphin est conservée jusqu’à la fin à six longueurs seulement du Milan. La Coupe d’Italie, elle, est bel et bien conservée. Seul vrai bémol, la vilaine élimination contre Schalke en quarts de C1. Le bilan est plus qu’honorable. C’est après que ça commence à se gâter.
2005-06 3e, puis Champion suite au Calcioscommesse 2006-07 Champion 2007-08 Champion 2008-09 Champion 2009-10 Champion 2010-11 2e
Bonus track : le Real 1965-66 et 1990-91
En Angleterre, Huddersfield Town, Liverpool et Manchester United par deux fois se sont arrêtés à 3. En Allemagne, le Bayern vient seulement de réaliser sa première passe de 4. Ainsi, seule l’Espagne a également connu une dictature quinquennale. Comment le Real a chuté ? D’abord, un long mano a mano avec l’Atlético qui mène une bonne partie du championnat avant de céder la première place aux Merengues à la 21e journée.
Ces derniers restent en tête jusqu’à l’avant-dernière journée et une défaite 2-1 sur le terrain du Barça. Les Matelassiers ne laissent pas passer cette aubaine, le Real se console en rapportant sa 6e C1. Un quart de siècle plus tard, il ne fait cette fois pas illusion. 9e en avril, une série de neuf victoires et un nul permet de sauver les meubles et d’accrocher la troisième place derrière le Barça et l’Atlético. De toute façon, la quinta del Buitre sonnait déjà très bien comme ça.
Par Valentin Pauluzzi