- Bilan année 2014
- Retraite
Ils ont raccroché les crampons en 2014
Ils n'ont pas attendu 62 ans pour prendre leur retraite. En 2014, la planète football a perdu du beau monde. Du Ballon d'or, du champion du monde, du vainqueur de la Ligue des champions, du mythe, du tireur de coup franc et Mickaël Landreau. Rien que ça.
Manuel Almunia
Une demi-douzaine de clubs en Espagne dans l’ombre avant de trouver son Graal outre-Manche. À Arsenal, plus exactement. Le portier espagnol va prendre un pied pas possible dans la capitale anglaise au point de se déclarer sélectionnable avec l’équipe d’Angleterre à la fin des années 2000. L’homme va finalement terminer sa carrière à Watford, où il n’aura rien perdu de ses réflexes. Cet été, il aurait aimé faire une dernière pige en Italie, mais un problème cardiaque lui signifie la fin du match. C’est ainsi que le dernier homme au monde à encore se décolorer les cheveux va se retirer du game.
Javier Zanetti
Doit-on encore définir Javier Zanetti ? Fidèle à l’Inter pendant près de vingt ans (1995-2014) et plus de 850 matchs, l’Argentin aura tout gagné en Lombardie : Ligue des champions, Coupe UEFA, championnat, Coupe, Supercoupe et surtout le respect de toute une ville. Lors de ses adieux en mai dernier, la classe éternelle de l’Argentin n’était plus dans ses pieds, mais dans ses mots : « Nous avons traversé tant d’années ensemble, je n’oublierai jamais votre amour parce que vous m’avez adopté. Je suis l’un des vôtres, j’ai défendu le maillot de l’Inter partout. Je porterai toujours avec moi votre amour. Vous êtes l’Inter. Vous êtes la chose la plus importante. Je referai un match d’adieu pour vous avoir à mes côtés. »
Carles Puyol
Une dégaine à faire le mime sur les Ramblas, mais un cœur de lion. Carles Puyol, c’est la chevelure du Barça qui gagne. Le brassard du capitaine autour du bras, le numéro 5 a gardé la forteresse catalane pendant 15 ans, depuis que Louis van Gaal l’a lancé dans le grand bain. 15 piges à tout gagner : trois Ligues des champions et six championnats d’Espagne. Sans parler de son CV national avec la Roja (100 sélections) : Euro 2008 et Mondial 2010. Puyol n’est pas dans le besoin depuis qu’il a rangé ses godasses, il est désormais directeur sportif adjoint du club catalan.
William Gallas
Une diction à la Youssoupha, un caractère bien trempé, mais une folle carrière qui l’aura mené de Caen à l’Australie en passant par Arsenal, Chelsea et Tottenham. À 37 piges, l’ancien taulier des Bleus (84 capes) peut regarder par-dessus de son épaule sereinement. Au cœur des années 2000, il aura été sacré deux fois champion d’Angleterre avec Chelsea et fait trembler tous les attaquants du Royaume-Uni.
Éric Abidal
Une victoire sur la maladie, ça vaut tous les titres du monde. Pour ne pas avoir à choisir au moment de sa retraite, Éric Abidal aura tout fait. Une greffe de foie au compteur, mais une carrière brillante : trois titres de L1, 2 Ligues des champions, 4 championnats et 2 Coupes d’Espagne avec le Barça avant de terminer en roue libre à Monaco, puis à l’Olympiakos où il vient de raccrocher les crampons « pour raisons personnelles » . International à 67 reprises, l’ancien défenseur gauche va sans doute intégrer le Barça pour sa reconversion. Costaud jusqu’au bout.
Juninho
Juninho a dit non à 39 ans. La faute à une succession de blessures. Ce sont les gardiens du monde entier qui doivent souffler un bon coup. Même si réduire le Brésilien à ses coups francs ne serait pas rendre justice à son talent, il faut quand même rendre hommage à son pied génial. Au Brésil ou à Lyon – avec lequel il a remporté sept championnats de France d’affilée entre 2002 et 2008 –, « Juni » était le roi du monde. International brésilien (44 capes), le droitier aura planté 100 buts pour Lyon avant de s’encanailler au Qatar (Al-Gharafa) et de finir à la maison, au Vasco de Gama, le club de ses débuts après un bref passage aux Red Bulls New York. Un voyage en ballon.
Rivaldo
Un Ballon d’or se retire. Et c’est toujours triste. À 41 ans, le gaucher aura fait du sportif (Deportivo La Corogne, Barcelone, AC Milan, Le Pirée), de l’émotion (Mogi Mirim, son dernier club qu’il préside aujourd’hui), mais aussi du n’importe quoi (Angola, Ouzbékistan). Pas grave, on retiendra ses principaux titres : deux championnats (1998, 1999) et une Coupe d’Espagne (1998) avec le Barça, la Ligue des champions (2003) et une Coupe d’Italie la même année avec le Milan et un titre de champion du monde en 2002. Et si on a envie d’user son sopalin, il reste ses crochets et buts du gauche. Le tout dans l’irrespect le plus total.
Clarence Seedorf
Jusqu’en janvier dernier, moment où il décide d’arrêter le football avec Botafogo pour tenter de devenir coach de l’AC Milan, Clarence Seedorf était affûté comme jamais. Vainqueur de la Ligue des champions avec trois clubs différents (Ajax, Real Madrid, AC Milan), le Batave aura dicté le tempo du Milan d’Ancelotti au début des années 2000. Et quand le milieu se mettait à jouer, on regardait. La classe incarnée.
Juan Sebastián Verón
Déjà retraité entre juin 2012 et juin 2013, l’ancien flop de Manchester United avait décidé de rechausser les crampons pour son club de cœur : Estudiantes. Toujours dans son style caractéristique : le bandage sur la rotule, les chaussettes baisées, le bouc et la vista divine, Veron raccroche pour faire le meilleur métier du monde : président de L’Estudiantes. Le monde du football perd sans doute le milieu de terrain le plus complet de la fin des années 90. Son passage à la Lazio reste un bijou (1999-2001).
Ryan Giggs
40 ans, un seul club entre 1991 et 2014, 963 matchs au compteur et tout Manchester United à ses pieds lorsqu’il décide d’arrêter de courir sur le pré. Hasard ou pas, c’est en tant qu’entraîneur-joueur que Giggs met un terme à son histoire d’amour avec les crampons. Remplaçant de Moyes pour la fin de saison, le Gallois arrête tout en mai dernier pour devenir l’adjoint de Van Gaal sur le banc de son club de cœur. Un club dont il a écrit les plus belles histoires : 2 Ligues des champions, 13 titres de champion d’Angleterre, 8 coupes nationales et une chiée de distinctions. Bref, un taulier.
Thierry Henry
Bizarrement, sa retraite aura suscité plus d’émotions à Londres qu’à Paris. Un peu malheureux pour le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France (51 buts en 123 sélections), champion du monde et d’Europe qui plus est. Mais voilà, Thierry Henry est parti de France en 1999 pour Turin avant de trouver un vrai « chez lui » . Cette maison, c’est Arsenal. Un club pour lequel il aura tout fait, au point d’y avoir une statue face à l’Emirates. Finalement, il passera trois ans en Catalogne pour y gagner le titre qui manquait à sa carrière : la Ligue des champions. À New York depuis 2010, Titi aurait mérité une statue également en France, mais on récolte ce que l’on sème. C’est donc sur les antennes de la Sky que le plus anglais des Français va poursuivre son aventure avec le football. Respect.
Landon Donovan
La retraite à 32 piges, c’est jeune. Mais Landon Donovan s’est retiré au sommet. Avec un nouveau titre de champion de MLS (son sixième) et le quatrième avec son dernier club : Los Angeles Galaxy. Pour le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe des États-Unis (57 buts en 157 sélections) et de la MLS (144), il ne pouvait pas y avoir de plus bel épilogue. Seule ombre au tableau, son incapacité à briller en Europe où il avait pourtant signé à 17 ans, au Bayer Leverkusen. Ses passages au Bayern Munich ou encore à Everton n’ont pas été à la hauteur de son immense talent. C’est autre chose qu’Alexi Lalas.
Mickaël Landreau
618 matchs de Ligue 1 au compteur. Personne n’a jamais fait mieux. Mickaël Landreau a décidé d’arrêter après avoir effacé Jean-Luc Ettori des tablettes. Une preuve de longévité exceptionnelle pour un gardien qui a débuté en professionnel à 17 ans. De Nantes à Bastia, en passant par Paris et Lille, celui qui officie aujourd’hui sur Canal Plus aura arrêté la moitié des penalties de France tout en trimbalant son professionnalisme aux quatre coins de l’Hexagone. Alors oui, le garçon aurait pu tenter l’aventure à l’étranger, il a eu des pistes d’ailleurs (Arsenal, Barcelone), mais il voulait absolument le record d’Ettori. Au fond, personne ne lui en veut.
Christian Chivu
Talent précoce, le Roumain était reconnaissable avec son casque de rugby à la Serge Betsen. Génial à l’Ajax, celui qui pouvait jouer à tous les postes défensifs a ensuite brillé à la Roma avant de garnir son palmarès avec l’Inter à partir de 2007. Dommage pour lui, son corps n’a jamais suivi la cadence. Sa retraite, après une énième blessure, est un vrai déchirement pour le football roumain. Et pour tous les fans de L’entraîneur 2000-2001, sur lequel Chivu était un mutant.
Gabriel Heinze
Révélé au grand public via le PSG, devenu un crack avec Manchester United et le Real Madrid, taulier durant son passage à l’OM, partout où Gabriel Heinze est passé, il a laissé une trace indélébile. Véritable guerrier et habité par le culte de la victoire, le gaucher a rangé ses yeux bleus, car son corps ne suivait plus. À 35 piges, le beau Gaby ne traînera plus ses crampons à l’ancienne sur les prés. La fin d’une époque.
Mauro Camoranesi
Champion du monde 2006, l’Italo-Argentin était un plus tactique et technique pour n’importe quel entraîneur. Discipliné, doué, endurant, celui qui aura connu la Juventus pendant près de dix ans a terminé sa carrière au pays, au Racing. En délicatesse avec un genou, Maura a dit stop à 37 piges. « Ces derniers temps, c’est très frustrant de ne pas pouvoir s’entraîner normalement, je suis un compétiteur, mais j’ai tout le temps peur de finir sur une civière. Il est temps pour moi de dire stop » a-t-il déclaré en guise d’au revoir. Outre son titre mondial, Camoranesi peut tutoyer Wikipedia facilement : un titre de champion du Mexique, deux Supercoupes d’Italie, un titre de Serie A, un autre de Serie B avec la Juventus.
Daniel Van Buyten
« Une décision importante est souvent difficile à prendre. Je viens d’en faire l’expérience au cours de ces derniers jours. Et la raison l’emporte souvent sur l’émotion. Mon objectif de fin de carrière était de réussir une grande Coupe du monde et de rendre au pays un peu de ce qu’il m’a donné. Depuis le mois de janvier j’ai travaillé dur et je me suis préparé avec le plus grand professionnalisme pour ce grand rendez-vous. Mon corps en a certainement souffert. Lorsqu’au retour du Brésil, les différentes propositions sont arrivées, cela m’a honoré. Plus particulièrement, les efforts consentis par le RSCA m’ont extrêmement touché. Mais ceux qui me connaissent bien le savent : lorsque je m’engage dans un projet, je le fais à 100%. J’ai bien essayé au cours de ces dernières semaines, mais mon corps me dit que ce n’est pas possible. Pour moi, une nouvelle vie commence. Je veux passer plus de temps avec ma femme, mes enfants, et les gens que j’aime. Daniel. » Quand Van Buyten s’en va, il le fait avec classe. À l’image de son palmarès : quatre fois champion d’Allemagne, ainsi qu’une C1. Il compte 84 capes en équipe nationale, pour le compte de laquelle il a inscrit 10 buts. Son dernier match aura donc été le quart de finale de la dernière Coupe du monde au Brésil contre l’Argentine avec son équipe nationale. On a connu dernier match plus dégueulasse.
Julien Sablé
L’homme aux 465 matchs de championnat avec Saint-Étienne, Lens, Nice et le Sporting Bastia a lui aussi pris sa retraite en 2014. Il mérite notre admiration dans une époque où les « bons clients » pour la presse se font aussi rares que les buts de Lavezzi.
Par Mathieu Faure