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Ils ont marqué le foot sud-américain (de 90 à 81)
Après les tops européens, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football sud-américain. Aujourd'hui, les joueurs classés de la 90e à la 81e place.
90. Víctor Agustín Ugarte
Le football bolivien n’a connu que trop peu d’heures de gloire. Mais en 1963, la Verde va faire sensation. À La Paz et Cochabamba, la Bolivie accueille la Copa América. À cette époque, sept sélections s’affrontent dans un format de championnat. Emmenée par Víctor Agustín Ugarte, la Bolivie va soulever ce qui représente à ce jour le seul titre de l’histoire du pays, si l’on occulte les Jeux bolivariens de 1970. Lors du dernier match face au Brésil, remporté 5-4, Ugarte marque un doublé pour entrer dans l’histoire. Une histoire qui ne tient à pas grand-chose. En mars 1958, Ugarte quitte le club de Bolivar pour rejoindre San Lorenzo. Une expérience de six mois qui tourne mal, Ugarte étant nostalgique de sa patrie. S’ensuit une immense claque, puisqu’en 1961, il n’est plus convoqué en sélection. Deux ans plus tard, grâce à la clameur populaire et l’insistance des journalistes, l’attaquant enfile de nouveau le maillot vert. Après ce titre, il s’en va découvrir le football colombien à Once Caldas, avant de prendre sa retraite à quarante ans, sous le maillot de Northern – Mariscal Santa Cruz, en Bolivie. Le meilleur joueur de l’histoire du football bolivien tombe dans l’anonymat. L’état oublie sa promesse de lui verser « une indemnité spéciale » , il conduit un taxi pour subvenir à ses besoins, et passera même par la prison, après un conflit avec l’un de ses fils. El Maestro meurt dans l’oubli, dans un hôpital de la capitale. RC
89. Gary Medel
« Si je n’avais pas été footballeur, j’aurais été narcotrafiquant. » C’est ainsi que se présente Medel à la presse lors d’une de ses premières interviews alors qu’il évolue à l’Universidad Catolica. Il faut dire que le pitbull, grandi dans un coupe-gorge de la banlieue nord de Santiago, incarne un football sud-américain mille fois postérisé entre violence, rage et tatouages de taulard. Mais Gary – qui s’est retrouvé à l’adolescence avec un flingue sur la tempe lors d’un match de quartier – est surtout l’âme de la sélection chilienne double championne d’Amérique façonnée par Bielsa, puis polie par Sampaoli. Un homme dont la popularité dépasse de loin celles de Vidal ou Sánchez depuis qu’il a mangé Neymar en huitièmes de finale de la Coupe du monde en jouant avec une déchirure musculaire. Un an plus tard, il récidive et engloutit Messi en finale de la Copa América 2015 pour définitivement entrer au panthéon national. AJ
88. Ladislao Mazurkiewicz
Brésil-Uruguay, Mondial 1970. Devant Ladislao Mazurkiewicz, Pelé va tenter une feinte folle, qui malgré une frappe ratée, entrera dans l’histoire du football. Évidemment, on ne se souvient pas du mythique gardien comme la victime du Roi. Considéré comme l’un des meilleurs porteros de l’histoire du football sud-américain, il a traversé le continent, portant le maillot du Racing de Montevideo, de Peñarol, de l’Atlético Mineiro, de Cobreloa et de l’América. Avec une pige à Grenade en Espagne. Avec la sélection uruguayenne, il a disputé les Coupes du monde 1966 et 1970. Au Mexique, il est nommé meilleur gardien de la compétition. Mais sa plus grande récompense, il la reçoit des mains de Lev Yachine. Lors d’une rencontre en hommage au gardien russe, ce dernier remet ses gants à Mazurkiewicz, affirmant que le portier charrúa serait son successeur. La classe. RC
87. José Andrade
Il y a les joueurs qui régalent, qui illuminent des matchs, qui font vibrer des stades, et qui seront retenus pour l’éternité comme des footballeurs géniaux. Et puis il y a ceux qui vont encore plus loin, et qui dépassent le cadre de leur sport pour devenir de réelles icônes populaires. L’Uruguayen José Andrade fait partie de ce club plutôt fermé, lui qui a acquis au cours de sa carrière le statut de « première légende noire » de l’histoire du football. Et au-delà de sa couleur de peau, Andrade a mené une vie romanesque, un destin qui l’a d’abord conduit à remporter la première Coupe du monde de l’histoire en 1930, après s’être accroché deux médailles d’or olympiques consécutives autour du cou (1924 et 1928). Fils d’esclave, footballeur spectaculaire et à la classe hors du commun balle au pied, Andrade était aussi un sacré noceur, qui a écumé les soirées des années folles, enchaînant les virées parisiennes avec les stars de l’époque. Quasiment aveugle, malade, alcoolique et ruiné, il aurait tenté un carrière de musicien avant de mourir oublié de tous, à seulement cinquante-cinq ans. AD
86. Adolfo Valencia
L’attaquant colombien était un buteur plutôt frénétique, mais surtout un globe-trotter insatiable. La Colombie, l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis, la Grèce, la Chine… Adolfo Valencia a vadrouillé un peu partout, évitant soigneusement de rester plus de deux saisons dans le même club, mais a tout de même réussi à rester assez performant pour participer à deux Coupes du monde avec la Colombie (1994 et 1998). Et s’il a connu quelques très gros clubs au cours de ses pérégrinations – au hasard l’Atlético de Madrid, mais surtout le Bayern Munich -, il a fini par se retirer avec un palmarès plutôt léger : une coupe et un championnat en Colombie, un titre de champion d’Allemagne, et une breloque en bronze à la Copa América 1993. Aujourd’hui âgé de quarante-huit ans, il a tenté de transmettre le flambeau à son fils José Adolfo Valencia, qui avait percé jusqu’en équipe de Colombie U20 et qui est attaquant au Once Caldas, en première division colombienne. AD
85. Alberto Spencer
Spencer. Le nom rappelle les origines britanniques de sa famille jamaïcaine. Alberto, lui, est né à Ancón, en Équateur. En sélection, le joueur représente son pays natal et portera même le maillot de l’Uruguay, sa terre d’adoption, au milieu de sa carrière. Car c’est à Montevideo, avec Peñarol, que l’attaquant enquille les pions. Grâce aux missiles sol-sol de leur buteur vedette, les Aurinegros soulèvent trois Copa Libertadores dans les sixties. Aujourd’hui encore, Alberto Spencer reste le meilleur buteur de l’histoire de la compétition sud-américaine (cinquante-quatre buts, dont quarante-huit avec Peñarol). Son jeu de tête a fait sa légende à tel point que Pelé déclara : « S’il y avait bien un joueur meilleur de la tête que moi, c’était Spencer. » En 2006, la RSSSF l’a élu footballeur équatorien du siècle. Juste après ça et même s’il n’a jamais disputé de Mondial, Alberto Spencer pouvait mourir tranquille. FL
84. Arturo Vidal
« Dix minutes après avoir appris l’incident, je savais que je le conserverais. Il était fondamental. Sans lui, on n’aurait pas gagné la Copa América. Vidal est un crack. L’enjeu n’a aucune prise sur lui, qu’il joue le match le plus important de la saison ou un petit match de quartier, il est toujours pareil. » C’est peut-être Jorge Sampaoli, l’entraîneur du FC Séville, qui parle le mieux du « Rey Arturo » dans un entretien pour So Foot. Quand, en pleine compétition, Vidal, sous l’influence de l’alcool, crashe sa Ferrari, l’Argentin le garde donc sans hésiter dans l’effectif. Le pire étant qu’Antonio Conte à la Juve ou Carlo Ancelotti au Bayern auraient probablement fait la même chose, tant le joueur formé à Colo-Colo est irremplaçable. Indiscutable dans toutes les équipes où il est passé, celui qu’on surnommait dans sa jeunesse « Celia Punk » est à l’heure actuelle le meilleur milieu de terrain sud-américain. Et l’un des trois meilleurs milieux du monde en fait. Un homme qui sait aussi bien harceler, récupérer des ballons que faire des passes décisives et marquer des buts. Tout cela malgré cette affreuse coupe de chanteur de reggaeton. AJ
83. Martín Palermo
Avec son mètre 90, ses mains de bûcheron, sa coupe mulet et sa teinture blonde, il aurait dû être leader syndical comme son père et aguicher les gonzesses dans les boliches de La Plata. À la place, le Titan est devenu le meilleur buteur et l’idole du plus grand club du pays, Boca Juniors. Il a remporté tous les titres possibles en Amérique du Sud, a planté un doublé contre le grand Real Madrid et a qualifié son pays pour le Mondial 2010. Sinon, il a aussi raté trois pénos dans un match, en a marqué un autre avec les deux pieds, puis un autre avec les ligaments du genou en vrac. Mais encore : il s’est occasionné une fracture tibia-péroné en célébrant un but, a marqué de quarante mètres avec la tête, de soixante avec le pied. C’est tout ? Non. Lors de son jubilé, Boca lui a offert une des deux cages de la Bombonera. Pour continuer sa folle histoire dans son jardin ? LR
82. Juan Sebastián Verón
« Verón est mon Xavi. Il est irremplaçable. » Avant de s’embrouiller un jour avec lui à la mi-temps d’un match pour la paix, Diego Maradona, le sélectionneur de l’Albiceleste, l’a surtout adoré. Verón ou la Brujita, en référence à son père, Juan Ramón Verón, la Bruja. Comme son paternel, il s’est révélé à Estudiantes de La Plata, en homme à tout (bien) faire du milieu de terrain, à la vista unique. Et comme son père, il y remportera la Copa Libertadores, après une carrière brillante en Italie. De Salas (à la Lazio) à Batistuta (en sélection) en passant par Crespo (à Parme), l’Argentin a régalé les plus grands attaquants, dégoûté un paquet de gardiens avec sa patate de forains et fait pleurer Marseille un soir de finale de Coupe UEFA 1999. « C’est un putain de bon joueur. Vous êtes tous des putains d’idiots » , lancera Sir Alex Ferguson à des journalistes anglais qui remettaient en cause le rendement de la recrue la plus chère du football britannique en 2001. Et une putain de gueule tout droit sortie d’un épisode de Narcos. FL
81. Claudio Taffarel
Au moment de citer les plus grands joueurs brésiliens de l’histoire, des centaines de noms viennent en tête. Mais en fouillant bien, le poste de gardien de but semble cruellement absent de la liste des génies nés au pays du football. Capables de merveilles balle au pied, les Brésiliens seraient donc des pipes dans les cages. Une injustice quand on pense à la carrière de Claudio Taffarel. Il faut dire que beaucoup se souviennent de lui comme étant le goal qui a mangé trois buts en finale de Coupe du monde, un soir de juillet 98 au Stade de France. Mais ceux qui n’ont pas la mémoire courte savent qu’il avait remporté le Mondial 94 en sauvant le Brésil à de très nombreuses reprises, y compris lors de la séance de tirs au but de la finale. Homme discret, très pieux, Claudio Taffarel n’a jamais eu l’aura des grands joueurs brésiliens de son temps, et a fréquenté quelques clubs de bon standing (Parme, Galatasaray) sans jamais jouer pour un ogre du foot européen. Peut-être l’une des raisons du relatif oubli dont il est victime. Mais mérite-t-on vraiment autre chose quand on encaisse un but d’Emmanuel Petit ? AD
Par Léo Ruiz, Florian Lefèvre, Alexandre Doskov, Arthur Jeanne et Ruben Curiel