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Ils ont marqué le foot sud-américain (de 70 à 61)

Par Léo Ruiz, Florian Lefèvre, Alexandre Doskov, Arthur Jeanne et Ruben Curiel
7 minutes
Ils ont marqué le foot sud-américain (de 70 à 61)

Après les tops européens, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football sud-américain. Aujourd'hui, les joueurs classés de la 70e à la 61e place.

70. Álvaro Recoba

La version virtuelle est-elle plus forte que l’originale ? Dans PES 2006, Álvaro Recoba est tout simplement injouable. Dans la réalité, l’Uruguayen n’a jamais atteint un tel niveau d’excellence sur le long terme, alors qu’il est sans doute l’un des joueurs les plus talentueux des vingt dernières années. La raison ? El Chino n’a jamais beaucoup aimé s’entraîner. Restent alors les fulgurances magiques d’une patte gauche inoubliable capable de marquer sur corner direct et de signer des coups francs magistraux. Et l’amour éternel des fans de l’Inter Milan témoins des coups de génie d’un Recoba extraordinaire par intermittence, et double champion d’Italie avec les Nerazzurri. Au Nacional Montevideo, où Alvaro a bouclé la boucle avec un dernier titre en 2015, on aime aussi énormément El Chino. La preuve : son visage est tatoué sur l’avant-bras de Gaston Pereiro, attaquant du PSV Eindhoven, fan du club uruguayen et ancien coéquipier de Recoba. AJ


69. Domingos Da Guia

Coupe du monde 1938. Domingos da Guia, défenseur central du Brésil, commet l’irréparable. Une faute sur Piola qui offre un penalty aux Italiens, qui se qualifient pour la finale d’un tournoi qu’ils remportent face à la Hongrie. Si l’on omet ce mauvais souvenir, la carrière de Domingos da Guia reste exceptionnelle. De ses débuts à Flamengo, à son passage au Nacional, ou à sa saison avec Boca Juniors, le « Divin Maître » va impressionner par ses qualités techniques. Lui disait qu’il s’inspirait simplement du miudinho, un type de samba, pour inventer des dribbles. Son palmarès vierge en sélection ne l’empêche pas de figurer tout en haut au panthéon des défenseurs de la Seleção. RC

Vidéo

68. José Piendibene

Il ne célébrait pas ses buts, pour ne pas importuner ses adversaires. Lui, c’est José Piendibene, attaquant uruguayen du début du XXe siècle. Considéré comme le meilleur joueur de l’ère amateur du pays, il ne connaîtra que le maillot de Peñarol au cours de sa carrière en club. Avec la sélection uruguayenne, il remporte trois Copas América (1916, 1917, 1920), avec un total de vingt-six buts en cinquante-six sélections. Surnommé El Maestro après un match face à Peñarol par Jorge Brown, défenseur du club argentin d’Alumni, Piendibene se retire avec un total de 256 buts avec le maillot de son club de cœur. Dont un pour l’histoire, face au Deportivo Espanyol et son mythique gardien Zamora. Sous les yeux de Carlos Gardel en tribune. Musique, maestro. RC


67. Norberto Alonso

Qu’il est loin, le football argentin des années 70-80, où trois magnifiques numéros 10 brillaient : Maradona, Bochini et le Beto Alonso, idole de River Plate. « Une époque où on jouait encore pour l’amour du maillot, et où il y avait peu de places pour nous en Europe » , pose celui que Didi appelait le « Pelé blanc » . Le célèbre grand pont du Roi contre l’Uruguay, Alonso l’a reproduit et réussi, face à Santoro, le meilleur gardien de l’histoire d’Independiente. Champion du monde avec l’Argentine (78), champion du monde avec River (86) et champion du monde des coups de sang (il quitte River à la suite d’une embrouille avec Di Stéfano), le Beto a aussi porté le maillot de l’OM, lors de la saison 76-77. « Franchement, c’était le bordel. Ce club est toujours comme ça ou je n’ai pas eu de chance ? En une saison là-bas, j’ai eu quatre entraîneurs et trois présidents différents. Tout avait bien commencé pourtant : lors de mon premier match, on bat Bastia 4-1 au Vélodrome, les supporters me faisaient penser à ceux d’ici, la presse m’avait encensé le lendemain. Mais je me suis blessé quatre fois dans la saison. » LR


66. Héctor Veira

Les Argentins l’adorent. Comme journaliste télé aujourd’hui, comme entraîneur du grand River Plate du triplé de 1986 (Copa Libertadores, Intercontinentale, championnat), comme excellent joueur du grand San Lorenzo des années 60 (champion 68). Pour le jeune Sebastian Candelmo, fan de River, ce 17 octobre 1987 devait donc être un jour de gloire : lorsqu’il croise le Bambino en bas de chez lui rue Doblas, il demande naturellement un autographe. Quelques minutes plus tard, Veira viole le gamin de treize ans dans son appart. La suite ? Une campagne médiatique contre la famille Candelmo, accusée de vouloir se faire du fric sur l’idole du Millonario. Finalement condamné face aux preuves accablantes, Veira est rapidement sorti de prison par le président Menem. Stigmatisé, rejeté, Sebastian est, lui, après deux tentatives de suicide, devenu Malenna, un travesti qui vit de la prostitution. LR


65. Ricardo Bochini

Pour les nombreux supporters d’Independiente, il est l’incontestable numéro un : dix-neuf saisons au club, cinq Copa Libertadores, deux Intercontinentales, quatre titres de champion d’Argentine. Passeur hors pair, « El Bocha » a fait du Rojo l’un des plus grands clubs d’Amérique du Sud. C’est lui que le jeune Diego Maradona allait voir jouer à Avellaneda, avant que les deux Diez remportent ensemble le Mondial 86. « Ce qu’a fait Diego, je l’ai fait avant lui, mais en Amérique latine » , résume-t-il. Bochini, c’est aussi le mauvais souvenir du Mondial 1978. « Menotti a choisi de prendre Alonso comme numéro 10 à cause de l’insistance des militaires, qui gouvernaient le pays à l’époque et qui voulaient voir Alonso en sélection. Il y avait un poste pour deux, et le Flaco a succombé à la pression. » LR


64. Sergio Batista

Il était le porte-flingue préféré de Diego Maradona. En 1986, alors que le Pibe de Oro émerveille le monde, « Checho » Batista, délégué aux basses œuvres, met tout en œuvre pour que son meneur de jeu brille. Avec sa barbe brune et son caractère de lutteur, Batista, qui a remporté la Copa Libertadores la saison précédente, devient indispensable. Il est l’emblème du Bilardismo, ce football rude et pragmatique qui permet à l’Argentine d’être sacrée. Et d’atteindre à nouveau la finale quatre ans plus tard, avec toujours Batista devant la défense. Les deux hommes seront à nouveau associés sur le banc de l’Albiceleste en 2009 et 2010, Checho comme assistant de Maradona. Après un Mondial 2010 raté, c’est pourtant Batista qui prend la suite du 10. Depuis, Diego, qui a eu l’impression de se faire poignarder dans le dos, ne manque pas de balancer des saloperies sur Batista. Les histoires d’amour finissent mal en général. AJ


63. Fernando Redondo

« Qu’est-ce que ce joueur a dans ses pompes ? Un aimant ? » C’est la question qui taraude Sir Alex Ferguson un soir de quart de finale de Ligue des champions, en avril 2000. Le Real Madrid vient d’éliminer Manchester United, le tenant du titre, chez lui. Le manager écossais a encore en tête ce débordement côté gauche. Inoubliable. Fernando Redondo dribble Henning Berg d’une talonnade qui passe entre les jambes de son vis-à-vis, puis sert sur un plateau le troisième but madrilène à Raúl. « J’ai toujours préféré réussir une feinte, un petit pont ou un une-deux que de marquer. Ce but reflète totalement ma manière de concevoir le football » , déclarera l’esthète argentin. Quelques semaines plus tard, le milieu défensif, laissé à quai pour le Mondial 98 parce qu’il avait refusé de se couper la tignasse sur commande du sélectionneur Passarella, soulève sa deuxième Coupe d’Europe avec le Real. Si la classe d’El Príncipe ne saurait se résumer en une action à Old Trafford, c’est encore son compatriote Juan-Pablo Sorín qui en parle le mieux. FL


62. Hernán Crespo

Que les supporters marseillais se rassurent, ils ne sont pas les seuls à avoir souffert du talent de buteur de Valdanito. Hernán Crespo a une particularité : avoir joué dans plein de clubs, y avoir marqué beaucoup de buts et s’être fait systématiquement aimer des supporters. Idole de Parme et de la Lazio en Italie, son pays d’adoption, il est resté dans les cœurs des hinchas de River Plate après la Copa Libertadores 96, au cours de laquelle il a planté dix buts, éliminant un à un les adversaires du Millonario. Quand les Argentins parlent de lui, c’est pour évoquer ce duo avec Batistuta lors des années Bielsa (1998-2004). Le Loco aurait-il dû renoncer à ses principes de jeu et aligner ensemble les deux meilleurs buteurs de l’histoire de la sélection (derrière Messi, devant Maradona) ? Beaucoup répondront oui. Surtout après la terrible désillusion du Mondial 2002. LR

Vidéo

61. Ubaldo Fillol

Ce premier mai 1969 n’augurait rien de bon pour ce pauvre Fillol : premier match dans les cages de Quilmes en première division, six buts encaissés contre Huracán. Difficile à vivre, à tout juste dix-neuf piges. Mais Ubaldo s’en relève et devient El Pato, le Canard, le meilleur gardien de l’histoire d’Argentine, et sans doute d’Amérique du Sud. « Je travaille pour être le meilleur, c’est totalement différent de dire que je le suis. Et si, un jour, je pense que je suis le meilleur, je ne le dirai jamais publiquement » , déclarait le gardien qu’on opposait à Hugo Gatti, au style totalement différent. Au cours de sa carrière, le champion du monde 78 et multiple champion d’Argentine avec River Plate a arrêté quarante-deux penaltys, dont six consécutivement lors de son passage au Racing d’Avellaneda. Un record. Son secret ? « J’avais des jambes merveilleuses. » Tout simplement. LR

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