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Ils ont marqué le foot italien (20 à 11)

Par Éric Maggiori, Eric Marinelli, Valentin Pauluzzi et Ugo Bocchi
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Ils ont marqué le foot italien (20 à 11)

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On commence par l'Italie, avec les joueurs classés de la 20e à la 11e place.

20. Alessandro Nesta

Le 31 août 2002, Alessandro Nesta est à Formello, le centre d’entraînement de la Lazio, en train de faire un toro. L’un des dirigeants de la Lazio vient le chercher. « Sandro, je dois te dire quelque chose. Tu vas au Milan AC. » / « Moi au Milan ? N’importe quoi. Moi, je reste ici toute ma vie. » / « Non, Sandro. Tu n’as pas compris. Je ne t’ai pas demandé si tu voulais aller au Milan AC, je t’ai dit que tu allais au Milan AC. » Le soir même, Nesta est présenté à San Siro, le regard hagard. Il répond à une interview en direct sur la RAI et semble perdu. Adriano Galliani vient le voir. « Eh, garçon, je sais que tu es triste, mais le club vient de dépenser des millions pour te faire venir, donc il va falloir au moins faire semblant de sourire. » Voilà comment s’est terminée l’aventure d’Alessandro Nesta à la Lazio. Né à Rome dans une famille 100% laziale ( « Dans mon immeuble, tout le monde était pour la Roma, sauf ma famille, cela m’a rendu encore pluslaziale » , racontait-il dans SOFOOT), il intègre le centre de formation de la Lazio, va au stade tous les dimanches, devient ramasseur de ballon, puis intègre l’équipe première. Zeman le place en défense centrale, poste dont il ne bougera plus. Il devient l’emblème, le capitaine de cette équipe qui gagne tout à la fin des années 90 : Scudetto, Coupe des coupes, Supercoupe d’Europe, Coupes d’Italie… La Roma a son Totti, la Lazio a son Nesta, c’est le duel éternel. Mais en 2002, la Lazio est au bord de la faillite, et le président Cragnotti doit vendre ses trésors pour rester en vie. Et Nesta, en bon capitaine de navire, se sacrifie pour que son bateau ne coule pas. À Milan, il connaîtra une deuxième vie, tout aussi riche. Il y remporte deux fois la Ligue des champions, deux autres Scudetti, devient une légende. Sans un genou fragile, il serait probablement devenu le plus grand défenseur de l’histoire du football italien. Mais ce genou lui a fait manquer des rendez-vous importants, comme la finale de la Coupe du monde 2006, où il a été remplacé par un certain Marco Materazzi. « Pendant longtemps, je ne me suis pas senti champion du monde » , assurait-il. Qu’il se rassure : dans le cœur des Italiens, il est un vrai champion. Tout court. EM

19. Gaetano Scirea

« Excusez-nous, nous devons interrompre la diffusion des résumés des matchs de Serie A pour une raison vraiment effroyable. Gaetano Scirea est décédé dans un accident de la route en Pologne où il s’était rendu pour suivre le prochain adversaire de la Juve. Il est inutile d’ajouter quelque chose sur un homme qui s’est illustré sur tous les terrains de la planète, qui a conquis une Coupe du monde et qui était un champion de sport et d’humanité. » Le 3 septembre 1989, c’est la voix déjà naturellement enrouée du mythique Sandro Ciotti qui annonce à l’Italie entière le décès prématuré d’un de ses plus grands athlètes. Deux saisons à l’Atalanta, suivies de 14 à la Juve où il remporte tous les trophées possibles, en club et en sélection (ne lui manque qu’un Euro). Une élégance rarement égalée, jamais expulsé en évoluant pourtant libero, pas l’once d’un début de polémique. Modèle de loyauté et d’intégrité loué par l’Italie entière. Pas un mince exploit quand on sait combien la Juve divise. VP

18. Marco Tardelli

N’ayons pas peur des mots, c’est la plus belle célébration de tous les temps. Au bout d’une contre-attaque pas franchement éclair, Marco Tardelli rate un peu son contrôle, mais trouve le moyen de tacler le ballon et de l’envoyer au fond des cages de Schumacher. L’Italie mène maintenant 2-0. L’Allemagne ne reviendra plus. L’Italie est déjà un peu championne du monde. Et Marco Tardelli le comprend petit à petit après avoir fait trembler les filets. Il court comme un fou, serre les poings, agite les bras sans s’arrêter, ses yeux se révulsent… Bref, cette joie qu’il exprime a tout l’air d’un orgasme. Voire peut-être même mieux : « C’est comme si un volcan explosait. Dans ces instants, tu penses aux choses que tu as faites dans ta vie, à ta famille, à tes frères, en Italie. C’est un peu comme quand on dit que tu vois ta vie défiler au moment de mourir. À ce moment-là, j’étais parvenu à un sommet que n’importe quel enfant rêve d’atteindre. » Frissons. UB

17. Alessandro Mazzola

Faire carrière quand on est le fils d’un grand joueur n’est pas une mince affaire. Le faire quand on est le fils d’une icône est doublement plus difficile. Le faire quand on est le fils d’une légende comme Valentino Mazzola relève de l’impossible. Et pourtant, c’est bien ce qu’a fait Sandro. Mieux, il a réalisé une telle carrière qu’on est en droit de se demander combien il s’est rapproché de son illustre père. Ignoré par le Torino, Sandro rejoint l’Inter à l’approche de son quinzième anniversaire. Personne ne le sait encore, mais il y passera toute sa carrière et y deviendra même une immense bandiera. Pas de n’importe quelle Inter d’ailleurs, mais de la Grande Inter d’Helenio Herrera. Ce qui en dit long. 17 saisons sous le maillot nerazzurro pour 160 buts en 565 matchs, et des titres en pagaille. Et quels titres : 4 Scudetti, 2 Coupes des clubs champions et 2 Coupes intercontinentales. Souvent opposé à Gianni Rivera, il assure aujourd’hui qu’il entretenait une bonne relation en secret avec le Golden Boy milanais. Sans la crainte du sélectionneur italien Valcareggi de les aligner ensemble, l’Italie aurait peut-être une étoile de plus cousue sur le torse. Tout de même 70 sélections au compteur pour 22 buts et champion d’Europe 68. Une chose est sûre : la mémoire de son père a été honorée comme il se devait. EM2

16. Francesco Totti

Il n’a pas seulement marqué le football italien. Il a tout bonnement laissé, certainement pour l’éternité, sa trace dans les livres d’histoire du football. Il est le deuxième meilleur buteur de l’histoire de la Serie A. En matière d’apparitions, il est le troisième. Il est le joueur ayant marqué le plus de buts avec la même équipe en Italie. Il est aussi le plus vieux buteur de la Ligue des champions. Bref, son nom apparaît un peu partout dans les records de son continent, de son pays, mais surtout de son club de toujours, la Roma. Et il y en a la pelle. Que retenir de Totti du coup ? Cette Panenka en demi-finale de l’Euro 2000, l’une des premières dans un tel moment ? Son apparition sur la boîte de PES 4 ? Sa longévité ? Sa célébration biberon pouce en bouche ? Son selfie ? Ses coups de sang ? Ou peut-être son plus grand moment de gloire avec la Roma, le titre de 2001 ? Difficile à dire. D’ailleurs, il n’a pas encore l’air de vouloir qu’on se souvienne de lui. Pas pour le moment en tout cas. Il préfère qu’on le regarde encore un peu jouer. Faisons. UB

15. Gianpiero Boniperti

« À la Juve, gagner n’est pas important, c’est l’unique chose qui compte. » Un slogan. Une maxime. Une phrase qui fait de lui non pas la réincarnation de la juventinità, mais bien de la Juve même. 15 saisons débutées au lendemain de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, d’abord en pointe, puis un cran plus bas pour servir Sivori et Charles et former un trio mythique. Meilleur buteur de la Vieille Dame pendant 45 ans jusqu’à ce que Del Piero dépasse ses 178 réalisations en 2006. En sélection, il a la difficile mission de faire oublier la génération du Grande Torino, il prend l’équipe d’Italie sur ses épaules et la guide tant bien que mal lors des Mondiaux 50 et 54, portant souvent le brassard de capitaine. Dans la besace, cinq Scudetti, deux Coupes et un titre de meilleur buteur en 1947-48, à même pas 20 ans. La saison suivant sa retraite, la Juve obtiendra le pire classement de son histoire, 12e. Tout sauf un hasard. Il reviendra en tant que président et affirmera définitivement le fameux « Stile Juve » . Travail, sérieux et sobriété. VP

Vidéo

14. Alessandro Del Piero

Un papa électricien, les posters de Platini, l’envie de copier son grand frère, Padoue, la Serie B, la Juve, son club de cœur, le numéro 16, Baggio, le numéro 10, le premier but à 19 ans, un sourire, une langue pendue, un premier Scudetto, un coup franc contre le Real, les premières et seules grandes oreilles, la première sélection, son premier but avec la Nazionale, la nuque longue, un deuxième Scudetto, la finale contre Dortmund malgré cette talonnade, le podium du Ballon d’or, un troisième Scudetto, encore une finale de C1 perdue, Pinturicchio, la blessure au genou, la déception de l’Euro, le décès du papa, Lippi, encore des titres, Trezeguet, les tirs au but contre le Milan, le record de buts marqués, le Calciopoli, le toit du monde et la revanche face aux Français, la fidélité, la naissance de son fils Tobias, le record de capes avec la Vieille Dame, le titre de capocannoniere, l’hommage de Bernabéu, les Invincibles, un dernier Scudetto, les pleurs, une éternelle standing-ovation, Sydney, Delhi, le blanc, le noir, l’élégance, la créativité, l’artiste Alessandro Del Piero. UB

13. Gigi Riva

Probablement le meilleur avant-centre que l’Italie ait jamais enfanté. Pas mal pour un type qui a quitté son club formateur de Legnano à 18 ans pour Cagliari et qui n’a plus quitté la Sardaigne depuis. Capable d’emmener pratiquement à lui tout seul son club vers un historique Scudetto, c’était lors de la saison 1969-70. Chaque été, il refuse les offres des trois rayés noir et empilent les buts sur son île d’adoption décrochant trois titres de capocannoniere. Surnommé « bruit de tonnerre » pour la force surhumaine de son pied gauche, se remet d’une fracture tibia-péroné à l’époque où une telle blessure signifiait tout simplement la fin de carrière. Ah, il est aussi le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe d’Italie (champion d’Europe 68, vice-champion du monde 70) avec une moyenne spectaculaire (35 buts en 42 matchs), un record qui n’est pas près de tomber. VP

12. Giacinto Facchetti

Une autre bandiera de la Grande Inter. Et pas n’importe laquelle, puisque en plus de son extraordinaire carrière de joueur sous le maillot nerazzurro, Giacinto a aussi été président du club de 2004 à 2006. Passons toutefois pour nous concentrer sur ses exploits sur les terrains, tant ils ont été nombreux. Formé au poste d’attaquant, Facchetti rejoint l’Inter en 1960 sur demande d’Helenio Herrera lui-même, qui le repositionne au poste de latéral gauche. Un poste que Giacinto va complètement révolutionner, puisqu’il est aujourd’hui considéré comme le premier latéral moderne de l’histoire, bon défensivement, mais aussi capable d’énormément apporter offensivement. Pour preuve, les 59 buts qu’il a inscrits en Serie A lors de ses 18 saisons à l’Inter, sont toujours un record aujourd’hui pour un défenseur. Doté d’une technique et d’une vitesse exceptionnelles, Giacinto était aussi un exemple de sportivité. 4 Scudetti, 1 Coupe d’Italie, 2 Coupes des clubs champions, 2 Coupes intercontinentales avec l’Inter. Champion d’Europe 68 et vice-champion du monde 70 avec la Nazionale (94 sélections au compteur). Tout simplement fabuleux. EM2

11. Valentino Mazzola

« Certains disent que le plus grand joueur italien a été Rivera, Mazzola, Riva ou Zoff. Selon Bernardini, Bearzot, Valacareggi et Vicini qui les ont tous vu jouer, le plus grand a été Valentino Mazzola. » Cette définition est tirée du Treccani, entité des encyclopédies italiennes. Des débuts à Venise où il remporte la coupe nationale durant la Seconde Guerre mondiale, puis le passage au Torino en 1942. Il devient le capitaine d’une des plus grandes générations de l’histoire du football, à quel poste ? Là est la question. Décrit comme un joueur universel, à la Cruyff, relayeur, passeur, buteur, capable de claquer un triplé en trois minutes lors d’un match de championnat contre Vicenza. Également porteur du brassard en sélection comme contre le Portugal où il rencontre Ferreira qui lui propose de fêter sa retraite par un amical entre le Benfica et le Toro. Mazzola accepte, la suite, on la connaît. Sans ce maudit brouillard, le Torino aurait quelques Scudetti en plus, et la Nazionale peut-être une ou deux autres Coupes du monde dans l’escarcelle. Plus tard, son fils Sandro marchera sur ses traces indélibiles. VP

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