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Ils ont marqué le foot français, de 30 à 21

Par Florian Cadu, Kevin Charnay, Alexandre Doskov et Nicolas Jucha
9 minutes
Ils ont marqué le foot français, de 30 à 21

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On termine donc avec la France, et les joueurs classés de la 30e à la 21e place.

30. Jocelyn Angloma

Quel est le meilleur arrière droit de l’histoire de Valence selon l’avis des supporters ? Jocelyn, pardi ! En évoluant en Espagne jusqu’à 37 ans (un âge où il était encore titulaire), le solide latéral a marqué l’histoire du club. À ce moment-là, celle du football français était déjà marqué de son empreinte. Notamment grâce à cette épopée européenne avec Marseille en 1993. Un souvenir toutefois mitigé pour le joueur : « Sur ce match, je me fracture la jambe ! Au bout d’une heure, le tibia gauche s’est rompu. Les gens retiennent que j’étais là, mais ils ne se souviennent pas comment je termine. On va dire que le sentiment était partagé : je n’ai pas pu faire la fête, je n’ai pas pu aller serrer la main de François Mitterrand aux Champs-Élysées… » Ni celle de Chirac en 98, puisqu’il quitte l’EDF deux ans auparavant. Remplacé par un certain Lilian Thuram. FC

29. Manuel Amoros

Amoros, c’est un coup de tête face au Danemark lors du match d’ouverture de l’Euro 84 (qui lui fera louper pratiquement toute la compétition). C’est aussi le tir au but raté en finale de la C1 91 avec l’OM contre l’Étoile Rouge de Belgrade. Mais Amoros, c’est surtout cinq championnats de France (deux avec Monaco, trois avec Marseille), la LDC 93, une finale d’Euro remportée, 461 rencontres de D1 et 82 sélections. Amoros, c’est enfin le joueur français de l’année 86, le meilleur latéral droit de l’histoire marseillais pour les fans du club et l’un des pionniers à son poste. Celui qui a ouvert le couloir à Maicon, Lahm ou autres Dani Alves, c’est sans doute lui. FC

28. Joël Bats

La tribune de l’Estadio Jalisco de Guadalajara au Mexique doit sans doute encore trembler. Dans la fournaise de ce 21 juin 1986, en quart de finale de Coupe du monde, la France joue sa survie dans la compétition face à l’ogre brésilien. Face aux coéquipiers de Sòcrates, les Bleus tiennent bon et s’accrochent à ce score de 1 partout arraché par le but de Platini à la 40e minute. Mais à la moitié de la deuxième mi-temps, alors que Zico vient d’entrer en jeu, ce dernier sur son premier ballon glisse une passe en profondeur magistrale à Branco, qui arrive seul devant Joël Bats. La sortie du portier du PSG est trop appuyée et l’arbitre siffle le penalty. Étalé par terre, Branco est en délire. Il lève les bras au ciel, bientôt rejoint par ses potes qui célèbrent l’événement comme un but. C’est Zico en personne qui se charge de le tirer, et qui se présente devant un mur de supporters brésiliens en quasi-transe. Mais on ne la fait pas à Joël Bats aussi facilement. Il plonge sans hésiter sur son côté gauche et renvoie la balle. Derrière, plus rien ne peut arriver aux Bleus qui l’emportent à l’issue d’une séance de tirs-aux-buts où Bats sortira celui de Sòcrates. Une carrière sportive qui nous a presque donné autant d’émotions que sa carrière de chanteur. AD

27. Maxime Bossis

710 matchs officiels et zéro carton. Jaune compris. Pour une carrière de défenseur professionnel qui a duré 18 ans, c’est un exploit. Au vrai, celui qu’on surnomme encore aujourd’hui le Grand Max a toujours été un admirateur du beau jeu, propre et bien léché. « Je suis un fan inconditionnel de Johan Cruyff, c’était mon modèle absolu, une sorte d’idéal » , confiait récemment l’homme aux deux pieds, qui a contribué à la naissance du jeu à la Nantaise. Cette élégance se retrouvait jusque dans son style vestimentaire, qu’il concluait par ses célèbres chaussettes baissées : « Oui, les fameuses ! C’est une habitude que j’avais prise à Nantes, je pense que c’était pour éviter les crampes. Laurent Blanc faisait ça aussi après, les baisser plus bas que les protège-tibias. C’est avant tout psychologique, on était plus à l’aise comme ça, on se sentait moins comprimé, mais ça montrait aussi, le plus souvent, notre état de fatigue. Quand on les baissait, c’est que physiquement, on déclinait. » Jamais jusqu’à se faire avertir. FC

26. Henri Michel

« Je lisais un truc de Mickey Rourke, parce que c’est un gars que j’adore, qui disait que le mec qui s’occupe des Oscars est un sac à merde. Je pense qu’Henri Michel n’en est pas loin » . Avant d’être quelque peu chahuté par Éric Cantona en tant que sélectionneur, Henri Michel a d’abord été un joueur d’exception. Formé à Aix-en-Rovence, il rejoint vite le FC Nantes en 1966. S’en suit une histoire d’amour digne des plus beaux romans à l’eau de rose. D’abord, c’est le coup de foudre, Michel s’impose tout de suite comme milieu de terrain défensif et décroche vite le brassard de capitaine. Ensuite, on construit sa petite vie de famille, en décrochant trois titres de champion de France, une Coupe de France et une demi-finale de Coupe d’Europe. En enfin, on vieillit ensemble, jusqu’à la fin. Finalement, Henri Michel aura passé seize belles et heureuses années avec le FC Nantes, avec qui il détient encore le nombre de matchs disputé en Ligue 1. KC

25. Luis Fernandez

Et dire que Luis Fernandez aurait pu ne jamais percer dans le football. Pas à cause de ses pieds, qui ont rapidement montré qu’ils savaient quoi faire d’un ballon, mais à cause d’un passeport espagnol qui a failli l’empêcher de pouvoir jouer en France. Né de l’autre côté des Pyrénées, Fernabdez a débarqué dans l’Hexagone en sachant à peine parler français et a du cravacher plus que les autres pour faire son trou. Quand le PSG finit par l’enrôler, c’est en tant que simple stagiaire, et il devra attendre d’obtenir la nationalité française à 22 ans pour être définitivement intégré à l’effectif pro. Les Bleus ne ratent pas l’occasion de mettre le grappin dessus, et Michel Hidalgo le convoque dès l’année suivante, en 1982. Le début des grandes années pour Fernandez, en sélection comme en club. Membre du mythique « carré magique » du milieu de l’équipe de France, il remporte l’Euro 84, puis va accrocher la troisième place au Mondial 86, quelques semaines après son titre de champion de France avec Paris. Et comme il avait peur de nous manquer, il continue son bonhomme de chemin dans le football depuis sa retraite sportive en tant qu’entraîneur et consultant. AD

24. Just Fontaine

Le chiffre treize résume le mieux la carrière de Just Fontaine. Car treize, c’est son record probablement intouchable de buts inscrits en une seule Coupe du monde. Sans tirer les penaltys, mais aidé par Raymond Kopa et Roger Piantoni, pour constituer le trio offensif de la première grande équipe de France, troisième du Mondial 1958 en Suède. Marquer à un rythme industriel restera la spécialité de « Justo » , auteur de 30 buts en seulement 21 sélections, mais aussi plus de 150 buts en 200 matchs de Première Division. Pas mal pour quelqu’un qui a dû s’arrêter avant 30 ans à cause d’une fracture de la jambe mal guérie. La patte malade, l’ancien avant-centre de Nice puis de Reims – avec qui il gagne trois championnats et atteint la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions 1959 – se lance dans une reconversion comme entraîneur : deux petits matchs comme sélectionneur des Bleus, une montée en D1 avec le PSG en 1974 – il est officiellement directeur technique – ou encore une troisième place à la CAN avec le Maroc. Contrairement à son compère Raymond Kopa, il n’a pas décroché de Ballon d’or – il est troisième en 1958 – mais peut se targuer d’avoir inspiré le respect jusqu’au Brésil, où le magazine Placar le classe 14e footballeur du siècle en 2001. Avec un peu plus d’humour, ils le mettaient un rang plus haut. NJ

23. David Ginola

Pour les plus jeunes, c’est un cumular : consultant et animateur en même temps, un format un peu particulier pour faire de lui une sorte de Gary Lineker à la française. Pour ceux qui sont un peu plus vieux en revanche, David Ginola, c’est une ambivalence entre un centre trop long un soir de novembre 1993 et des chevauchées magnifiques qui incarnent le début du PSG de Canal Plus. D’où une histoire assez contrariée pour celui que la presse sportive appelle « El Magnifico » quand chaque été son transfert au FC Barcelone ou au Real Madrid est dans les tuyaux. Finalement, en 1995, il part à Newcastle, futur dauphin de Manchester United en Premier League, en ayant quasiment tout gagné au PSG : un championnat, des Coupes de France, de la Ligue. Et vécu de belles épopées européennes, son but contre le Real en quarts de finale de Coupe de l’UEFA 1993 restant dans la légende. Sorte de David Beckham avant l’heure – mais sans sa Victoria pour le transformer en marque – David Ginola voit sa carrière basculer lorsqu’il tente un centre inutile contre la Bulgarie alors que la France tient sa qualification pour le Mondial 94 et qu’il suffit d’aller tuer le temps au poteau de corner. Depuis, Gérard Houllier n’a pas manqué d’en faire son bouc émissaire, quand l’ailier virevoltant s’est exilé en Angleterre pour finir son parcours sportif tranquille. En ratant l’Euro 1996 et donc la victoire en Coupe du monde qui a suivi, mais en se faisant un nom outre-Manche, où il gagne le titre de joueur de l’année en 1999. Comme quoi, il y a eu une belle vie sportive avant Danse avec les Stars. NJ

22. Franck Ribéry

D’accord. Franck Ribéry n’est pas beau, ce n’est forcément une lumière, il a un penchant pour les filles un peu jeunes, il y a eu Knysna et les problèmes avec Yoann Gourcuff, il a claqué la porte de l’équipe de France, etc… Mais mettons de côté tout ce qu’il ne va pas et soyons positif. Franck Ribéry, c’est aussi un mec qui revient de très loin et qui a éclos sur le tard, c’est le but contre l’Espagne, la bonne humeur et la fraîcheur en 2006, c’est trois finales de Ligue des champions avec le Bayern dont une gagnée, c’est six championnats d’Allemagne, c’est un podium de Ballon d’or derrière deux monstres, c’est une star du football mondial sur de nombreuses années. Oui, Ch’ti Franck peut agacer, mais Ch’ti Franck est aussi le meilleur joueur français depuis Zinédine Zidane. Un peu de respect. KC

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21. Youri Djorkaeff

Son papa, Jean Djorkaef, ancien capitaine de l’équipe de France, a du lui laisser un patrimoine génétique pas trop mauvais. Lors de ses débuts en pro à Grenoble, dans la capitale des Alpes, Djorkaef hérite presque immédiatement du brassard de capitaine, alors qu’il vient d’avoir 18 ans. Il connaît le grand bain de la Première division quelques saisons plus tard, à Monaco sous le regard strict de Arsène Wenger. Plus buteur qu’un simple milieu de terrain, mais pas attaquant pour autant, son profil n’entre dans aucune case, mais peu importe tant qu’il est efficace. C’est ensuite le PSG qui veut s’attacher les services du « snake » , devenu international entre-temps, et Djorkaef est l’un des principaux acteurs de la victoire européenne de 96. Une coupe de l’UEFA en poche plus tard, le voilà au Mondial 98, chez lui, en France. Meilleur buteur des Bleus à l’aube de la compétition, il rendra une feuille de statistiques maigre ne représentant pas tout ce qu’il a apporté dans le jeu à l’équipe de France pendant la compétition. À nouveau clé de voûte du succès à l’Euro 2000, Djorkaef a conclu sa carrière par une aventure américaine, à New York, où il vit encore. Généreux, il nous avait même invité à vivre dans sa lumière le temps d’un single rappé (presque) en rythme. AD

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