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Ils ont marqué le foot espagnol, de 90 à 81

Par Antoine Donnarieix, Ruben Curiel et Simon Capelli-Welter
Ils ont marqué le foot espagnol, de 90 à 81

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Espagne, et les joueurs classés de la 90e à la 81e place.

90. Diego Tristán

Le faciès d’un homme dont on ne doit pas contrecarrer les plans. Avec son regard de tueur, Diego Tristán était tout aussi fourni en sang-froid pour planter des banderilles avec son Deportivo La Corogne. 101 estocades de 2000 à 2006, pour être précis. Parmi ses plus beaux buts, celui inscrit contre l’AS Monaco en C1 reste un modèle du genre, malgré la sévère rouste 8-3 reçue par son équipe ce jour-là. Parmi ses plus beaux faits d’armes, son statut de bourreau du Real Madrid en finale de la Coupe du Roi au Santiago-Bernabéu, le 6 mars 2002. Au cœur même de la capitale, le futur Pichichi de la Liga cette saison assène le coup de massue à des Blancos trop sûrs de leur force pour cette journée si spéciale. La Casa Blanca pensait fêter ses 100 ans d’existence dans son stade et recevoir le trophée des mains du roi Juan Carlos, ce sera le Centenariazo, avec une défaite 2-1 des locaux. Tout cela à cause du Depor et de son maudit Diego Tristán. Un tueur, on vous dit. AD

89. Joseba Pedro Exteberria

« Déjà, je suis heureux de faire partie de ce top. Je ne sais pas si j’ai marqué le football espagnol (53 sélections et 12 buts, troisième joueur ayant disputé le plus de match avec l’Athletic tout de même, ndlr). Le meilleur souvenir que j’ai, c’est cette Coupe du monde disputée en France, en 1998. J’avais à peine vingt ans, je jouais aux côtés de joueurs historiques. Même si cette sélection n’a rien gagné et que l’Espagne a atteint le top après nous, ça reste une expérience formidable. C’est sûr qu’on n’était pas au niveau de la génération qui a tout gagné. Mais ce n’est pas un hasard si le football espagnol a brillé par la suite. les bases étaient déjà posées. J’ai joué quinze saisons à l’Athletic Bilbao, et c’est le club de ma vie. Deux fois, j’aurais pu rejoindre des grands clubs, mais j’ai refusé. J’étais chez moi. On me surnommait Gallo (littéralement le coq en VF, ndlr). Quand je suis arrivé à Bilbao en provenance de la Real Sociedad, je ne comprenais pas pourquoi tout le monde se disait Gallo pour s’interpeller à Bilbao. Dans le vestiaire, j’ai demandé à Aitor Larrazabal de m’expliquer pourquoi. Je pensais que tout le monde s’appelait comme ça. J’étais très jeune et il m’a expliqué que c’était juste un nom affectueux pour un ami. Du coup, ce surnom est resté toute ma vie. On m’appelle encore comme ça aujourd’hui. » Propos recueillis par RC.

88. David Albelda

Voici une personne très enracinée, du moins si l’on s’en tient à son parcours. Né à Puebla Larga, une petite commune dans la province de Valence, David Albelda s’est toujours débrouillé pour rester fidèle à sa région natale. Pas assez mature pour intégrer directement les pros du FC Valence ? Pas grave, le milieu défensif sera prêté deux fois de suite au club voisin, Villarreal. C’est ensuite avec un statut de titulaire que le joueur entre dans les plans d’Héctor Cúper pour tout casser. 574 matchs officiels plus tard, le troisième joueur le plus capé de l’histoire du club annonce sa retraite sportive, le 7 août 2013. Entre-temps, « Le Patriote » s’est permis de former avec Ruben Baraja l’une des plus belles paires de milieux de terrain que l’Espagne ait connue, en club comme en sélection. Il aura aussi gonflé son palmarès : deux championnats, une C3, une Supercoupe d’Europe, une Coupe d’Espagne et une Supercoupe d’Espagne. L’annonce de sa fin de carrière, cumulée au décès d’Antonio Puchades, autre légende du club, mettra en doute la réutilisation du numéro 6 chez les Murciélagos. Significatif. AD

87. Guti

Beaucoup de joueurs entrent dans l’histoire pour un geste. José María Gutiérrez Hernández l’a marquée avec son talon. Derrière lui, Benzema ne s’y attend pas. Comme Zidane, un soir de 2006, l’attaquant français reçoit une offrande de Guti. Une talonnade dont il avait le secret. « Je ne suis pas un génie, juste un joueur intelligent » , déclarait-il à l’époque.

Sans briller sous la tunique de la patrie, Guti a marqué le football espagnol. Le numéro 14 du Real Madrid a tout gagné avec la Maison-Blanche (cinq championnats, trois Ligues des champions, deux Coupes intercontinentales et d’autres). Surtout, il a laissé au madridisme une certaine identité. Un style de vie souvent critiqué, mais qu’il défendait toujours ardemment. « Tu veux que j’aille sortir et danser à cinquante piges, avec mes enfants, c’est ça ? » répondait-il devant une presse espagnole incrédule. Outre son talent pour la passe, Guti n’hésitait jamais à montrer ses talents de dragueur devant les caméras. Un artiste. RC

86. Juan Mata

« Pourquoi Mata est-il capitaine ? C’est un bon joueur qui a fait un bon mois. Mais de là à être capitaine de Manchester United ? Mata ressemble à un enfant de 10 ans par moment ! » Ça, c’est l’avis de Paul Scholes sur le quatre-vingt-sixième de ce classement. On ne sera pas aussi catégorique que le rouquin. Mata, c’est une Coupe du monde 2010 et un Euro 2012 avec la Roja. C’est un pied gauche séduisant, qui a notamment marqué le dernier but du récital que l’Espagne a donné contre l’Italie (4-0) en finale du dernier championnat d’Europe. C’est un cerveau, en témoignent ses articles publiés sur son site personnel. Alors certes, il traîne un peu son spleen dans un football anglais peu adapté à son jeu. Mais il ne mérite pas d’être traité comme un écolier. Demandez aux dirigeants madrilènes, qui se mordent encore les doigts de l’avoir laissé filer quand il était gosse. RC

85. Albert Ferrer

Il était petit par la taille, mais grand par le talent. Élevé au sein de la Masia pour occuper l’aile droite et se lancer dans de grands débordements, Albert Ferrer, souvent associé à son homologue Sergi Barjuan sur le côté gauche, aura marqué toute une génération. « Chapi » intègre le Barça durant les années Cruyff, puis soulève la première Ligue des champions de l’histoire du club en 1992, où il squatte une place de titulaire dans la Dream Team, à seulement 21 ans. Par la suite, les années Robson apporteront une Coupe des coupes dans son escarcelle, avant de quitter la Catalogne un an plus tard pour… l’Angleterre. Une destination assez rare pour un Espagnol à l’époque, mais pas un mauvais choix, puisqu’il remporte une Cup dans un Chelsea pas encore sous le règne de l’oligarque Abramovitch. Féru de padel, l’homme est aujourd’hui à la recherche d’une nouvelle expérience en tant qu’entraîneur, après avoir été remercié de Majorque en fin d’année 2015. Après tout, Sergi Barjuan s’était lui aussi fait remercier d’Almería… AD

Vidéo

84. Luis Arconada

On peut faire une carrière de géant, puis tout voir s’effondrer en une fraction de seconde. Le football est ingrat, Luis Arconada en aura vraiment pris conscience le 27 juin 1984. Jusque-là, le portier de l’Espagne réalise le parcours idéal avec la Roja à l’Euro. Dans ses bois, El Pulpo est le taulier de l’équipe, le capitaine. Contre l’Allemagne en demi-finale, le gardien de la Real Sociedad maintient la Selección à flot durant toute la rencontre, sauvé par ses poteaux comme auteur de parades décisives. Arconada détient cette carrure pour emmener son équipe en finale. Face à la France, pays hôte, les débats sont serrés quand un coup franc à l’entrée de la surface s’offre à Michel Platini. Arconada plonge du bon côté, il tient presque le ballon. Presque, c’est bien le problème. Le ballon glisse sous son bras et conduit les Bleus au trophée. Tant pis pour ses deux Ligas obtenues avec les Txuri-Urdin, tant pis pour ses trois trophées Zamora consécutifs entre 1980 et 1982. Arconada vient de faire une Arconada. Une « cruelle réalité » selon le principal intéressé. Tout est dit. AD

83. Antonio Maceda

Si la France a vaincu l’Espagne en finale de l’Euro 84 pour soulever le premier trophée de son histoire, c’est aussi du fait de l’absence de ce défenseur central autoritaire. Au premier tour déjà, il est l’unique buteur lors d’un match crucial contre la RFA à la dernière minute du match, la première victoire en compétition officielle de l’Espagne contre la Mannschaft. Malheureusement, « le Blond d’or » connaît ensuite mauvaise fortune avec une suspension pour la finale reçue face au Danemark. Sergent du Real Madrid à l’époque de la fameuse Quinta Del Buitre, Maceda aura connu une fin de carrière complexe. Gravement blessé lors du Mondial 86, le stoppeur renoncera à revenir sur les terrains après deux années de rééducation infructueuses. Dans la foulée, l’infirme demande une pension pour invalidité permanente de 150 000 pesetas au mois, afin de pouvoir trouver une activité secondaire à côté. Aujourd’hui commentateur sportif, Maceda garde toujours les pieds dans le foot. Comme un goût d’inachevé. AD

82. Iván de la Peña

L’histoire d’Iván de la Peña, c’est celle d’une décadence. Annoncé comme le tur-fu de la Masia, il est lancé dans le grand bain par Johan Cruyff himself. Titulaire lors de la finale de Coupe des coupes contre le PSG, il est notamment élu espoir de l’année 96 et 97 par El País. Arrive Van Gaal, qui le fout sur le banc, puis un transfert à la Lazio. 14 matchs, 0 but, et une finale de Coupe des coupes contre Majorque suivie depuis le banc. Là, c’est le transfert à Marseille, et toute la Canebière rêve déjà des exploits du « Petit Bouddha » . Tout ça s’est évidemment fini en eau de boudin. Prêté au Barça, puis à la Lazio, il retrouve finalement ses marques à l’Espanyol Barcelone, où il finira par devenir une légende. Et pas uniquement de l’intermittence. Joseba Exteberria, compagnon d’attaque lors du Mondial des moins de 20 ans au Qatar en 1995, dit de lui « qu’il a marqué l’histoire du football mondial de par sa qualité à faire le spectacle avec une simple passe » . Tout simplement. SCW

81. Joan Capdevila Méndez

Un porte-bonheur. En 60 sélections, Joan Capdevila, arrière gauche de la Roja, a gagné 54 matchs. Le tout avec un palmarès exceptionnel, puisque le joueur formé à l’Espanyol Barcelone a remporté l’Euro 2008 et la Coupe du monde 2010. Le natif de Tàrrega a aussi parcouru l’Espagne, passant de La Corogne à Villarreal, où il fait notamment partie des piliers lors du parcours en C1 du sous-marin jaune de Juan Roman Riquelme, stoppé par Arsenal. Puis l’ancien international s’en ira amasser les billets en Inde. En janvier 2015, Capdevila signait une dernière pige en Belgique, à Lierse. Une page du football ibérique s’est donc tournée au Plat Pays… Gravement blessé au genou, le joueur de 38 ans annonce la fin de sa carrière dans la foulée. Une fin de carrière discrète, pour un joueur qui a révolutionné le poste d’arrière gauche en Espagne. RC

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