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Ils ont marqué le foot espagnol, de 50 à 41

Par Antoine Donnarieix, Robin Delorme et Ruben Curiel
12 minutes
Ils ont marqué le foot espagnol, de 50 à 41

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Espagne, et les joueurs classés de la 50e à la 41e place.

50. Cesc Fàbregas

Cesc, ou l’une des plus grandes énigmes du football espagnol. En voilà un titre pour la prochaine bio de l’actuel milieu de terrain de Chelsea, car, contrairement à ses acolytes blaugrana Iniesta, Xavi ou encore Busquets, le natif de Arenys de Mar a connu une carrière en forme de montagnes russes. Le premier col intervient dès son seizième anniversaire lorsque, dragué ouvertement par l’Arsenal de tonton Wenger, il prend ses cliques et ses claques, déguerpit de la Masia et quitte ses amis Piqué et Messi. Direction Londres et un début de carrière époustouflant sur un plan individuel. Mais dramatique pour les Gunners. Capitaine le plus jeune de l’histoire d’Arsenal, il en est également le chat noir le plus célèbre. Pour sûr, lors de ses quelques huit exercices sous la liquette rouge et blanche, il ne glane qu’un Community Shield et une Cup. Autrement dit, pas grand-chose pour un club qui se veut en locomotive anglaise. Histoire de doper un peu un palmarès en club qui sonne creux, il décide donc de répondre par la positive à la drague de Pep Guardiola qui le rapatrie au Camp Nou à l’été 2011. Là encore, l’échec est au rendez-vous pour le gato negro le plus célèbre de Catalogne qui ne récolte qu’une Liga, une Copa et un Mondial des clubs avant de traverser de nouveau la Manche pour se rendre, cette fois, à Chelsea. Face à cette certaine idée de la lose en club, Cesc Fàbregas offre un visage en accord avec la Roja. Rapidement pièce maîtresse du navire de Luis Aragonés, il est le plus jeune international espagnol à atteindre les 100 capes – il en compte actuellement 101. Surtout, il se mue en l’un des hommes forts du titre de 2008. Pêle-mêle, il inscrit le penalty décisif face à l’Italie, éclabousse la demie face à la Russie de son talent et est aligné lors de la finale contre l’Allemagne. Un sans-faute avec la sélection, ou presque, qui se poursuit lors du Mondial 2010. Un Mondial qu’il commence dans la peau d’un titulaire mais qu’il finit avec le dossard d’un remplaçant décisif. Pour sûr, qui en Espagne ne se rappelle pas de son caviar pour Andrés Iniesta face au Pays-Bas ? Même les Castillans l’ont fêté. Olé. RD

49. Miguel Ángel Nadal

Tonton Nadal était un grand joueur… de football. Membre éminent de la Dream Team du Barça des années 90, Miguel Angél Nadal était un rude défenseur, surnommé The beast. On oubliera ce penalty manqué à l’Euro 1996, et on se souviendra des nombreux titres amassés avec Barcelone. La liste est longue : 5 Ligas, une C1, 2 Coupes du Roi pour ne citer que cela. Entraîneur intérimaire de Majorque en 2011, il se balade entre les plateaux télés et les compétitions de Rafael Nadal. Sur le terrain, Miguel n’avait rien d’un ange. Tacleur fou, énorme provocateur, Nadal a longtemps représenté sa patrie. 62 sélections entre 1992 et 2001, et notamment trois Coupes du monde disputées. Tout au long de sa carrière, l’homme a notamment côtoyé d’immenses entraîneurs, comme il l’explique dans une interview pour le site officiel du Real Mallorca : « J’ai eu Cruyff, un entraîneur qui était le meilleur joueur du monde. Il m’a fait changer ma conception du football, et y a ajouté une mentalité de vainqueur. Luis Aragonés, c’était l’expérience, la sagesse pour gérer un vestiaire. L’année où je l’ai connu, c’est celle où j’ai pris le plus de plaisir à jouer au foot » . Idole à Majorque, il s’y est retiré en 2005. RC

48. Bakero

Bien avant les Xavi, Iniesta, Cazorla et autres lutins du milieu de terrain, la formation outre-Pyrénées a sorti un certain José María Bakero. Avec son mètre 75, son poids plume et sa technique léchée, personne ou presque ne lui promettait un avenir doré. Sauf, peut-être, le FC Barcelone d’un certain Johan Cruyff qui le recrute en 1988 alors qu’il s’apprête à souffler ses 25 bougies. Bakero devient alors l’un des maîtres à jouer de la Dream Team de l’entraîneur hollandais. Avant cela, la carrière de Bakero n’a pourtant rien de désastreuse. Formé à la Real Sociedad – à l’instar de nombreux composants basques des équipes de Cruyff -, il décroche deux timbales dorées historiques en Liga. Un doublé entre 1981 et 1982 aux côtés des Arconada, Zamora et autres Satrústegui qui le propulse en Roja et au Barça. Un maillot azulgrana qu’il défend durant neuf saisons pour des succès en pagaille : 4 Liga, 2 Copas, 5 Supercoupes d’Espagne et, surtout, une Ligue des champions. Un succès continental dont il porte la genèse, lui qui inscrit le but décisif, en prolongation, lors du huitième de finale face aux Teutons de Kaiserslautern. RD

47. Jordi Alba

Certes, Jordi Alba n’a que 26 ans. Et alors ? Le catalan d’origine est le symbole du souffle de ce Barça champion d’Europe. À tel point qu’aujourd’hui, Jordi fait passer Jessica au second plan. Cette mobylette ambulante de 170 centimètres file à toute vitesse, munie d’un réservoir à essence infini et d’une technique aussi fluide que ses débordements. L’arrière latéral gauche 2.0, l’évolution ultime d’un joueur de couloir, à la fois vif sur le repli défensif et explosif au moment d’armer une offensive. Un clone de Sergi Barjuan, toujours plus proche de la perfection. Et pourtant, tout aurait pu très vite s’arrêter pour Jordi, considéré à 15 ans comme trop fragile à cause de carences en calcium. Éjecté par la Masia, il trouvera refuge à Cornellà, club affilié à l’Espanyol Barcelone, avant de parfaire sa formation dans la réserve de Valence. Depuis, le garçon poursuit une ascension sans commune mesure : trois saisons de feu chez les Chés où la Flèche de Mestalla prend une place de titulaire avec la Roja, et revient en tant que champion d’Europe dans le club qui l’avait rejeté. Jordi est un essuie-glace trois étoiles, sa finale de l’Euro 2012 en est le parfait exemple : un supplice donné à toute la défense italienne, couronné de son premier but en sélection dans cette démonstration collective (4-0). Comme sa pointe de vitesse folle, Jordi Alba est maintenant en avance sur son temps. Parce qu’il est le meilleur arrière gauche espagnol de l’histoire. Déjà. AD

Vidéo

46. Santiago Cañizares

« En vrai, c’est très simple : je m’étais fissuré le tibia dans un match de Ligue des champions contre le PSV, dans un duel contre Ruud van Nistelrooy. J’en avais pour deux mois sans jouer. Pour passer le temps, je suis allé voir un ami coiffeur à Madrid. Il m’a vu un peu déprimé, et sans rien me dire, il a changé mon style capillaire. » À maintenant 46 ans, Santiago Cañizares garde toujours sa teinture blonde bien accrochée à son cuir chevelu. Et même si un jour, Santi décide de la retirer, elle lui collera toujours à la peau. Révélé au Celta Vigo mais peu pris au sérieux par le Real Madrid, Cañizares débarque à Valence pour ne plus la quitter. Aujourd’hui encore, l’homme est toujours citoyen de sa ville d’accueil et porte en lui une partie de l’histoire du FC Valence, un temps maître de l’Espagne. La victoire de Coupe du Roi en 1999, les larmes de la finale de San Siro et le réconfort d’Oliver Kahn, sa rencontre avec Rafa Benítez, cette Liga libératrice obtenue sur le terrain de Málaga en 2002, cette revanche sur la Coupe d’Europe en 2004, et ce passage de témoin obligatoire envers Vicente Guaita, comme si la légende de Cañizares à Valence ne pouvait pas s’arrêter là. Aîné d’Iker Casillas en sélection nationale, ses années en tant que numéro un de la Roja prendront fin lors de la préparation à la Coupe du monde 2002, après s’être coupé le tendon du pied avec un flacon de parfum dans sa salle de bain. La faute à la teinture blonde, sans doute. AD

45. Quini

Rien ne peut détruire Enrique Castro González, dit Quini. Ni un kidnapping, ni un polype à la gorge, ni tous les défenseurs qui ont croisé son chemin. L’ancien Pichichi de la Liga – à sept reprises – est une légende en Espagne. À Barcelone, comme à Gijón, le natif d’Oviedo plante buts sur buts. En 1970, il débute sous le maillot national. « Je me souviens d’un match, le 25 février 1974, contre la sélection allemande. J’avais une mission : empêcher Beckenbauer – ce phénomène du football mondial – d’organiser le jeu. On a finalement gagné 1-0 et j’ai rempli mon objectif. J’étais surpris quand dans la presse censée être spécialiste m’a accordé un simple zéro » , raconte Quini dans le livre Compañero Quini. Avec le Barça, Quini marque le 3000e but de l’histoire du club catalan en 1982. Si l’ancien attaquant a tout gagné, il a surtout terrorisé les défenses ibériques pendant toute sa carrière : 219 buts en 448 matchs de Liga. Il quitte Barcelone à 35 ans pour terminer sa carrière à Gijón. Un romantique toujours aussi proche de son club de cœur aujourd’hui. RC

44. Manuel Sanchís Martínez

Manuel Sanchís Martínez mène un cercle très fermé. Comme Maldini et Busquets, pères et fils, les deux Sanchis ont remporté la Ligue des champions sous la même liquette. Celle du Real Madrid pour Sanchís Martínez et Manolo Sanchís. Débarqué à la Casa Blanca à 26 ans, le défenseur n’a pas tardé avant d’entrer dans l’histoire du club. Celui qui a aussi porté le maillot du rival barcelonais a connu des heures de gloires avec la fameuse équipe yé-yé, qui a marché sur le foot ibérique dans les années 60, pour remporter quatre Ligas, trois Coupes et surtout la sixième Coupe d’Europe du club de la capitale espagnole. À une époque où les rencontres de la sélection nationale se comptaient sur les doigts d’une main, Sanchís a porté douze fois le maillot de sa patrie. Au Mondial 66, il marque notamment le but qui qualifie l’Espagne contre la Suisse. Un pion mythique puisqu’il dribble toute l’équipe helvète avant de tromper le gardien. Après la fin de sa carrière, Sanchís s’est transformé en businessman à succès, dans le secteur de l’hôtellerie. L’ancien défenseur a aussi entraîné l’équipe de jeunes du Real et la sélection de Guinée équatoriale. RC

43. Ignacio Zoco

Il y a quelques mois de cela, Zoco troquait son statut de légende vivante merengue pour celui de mythe à plein temps. Un décès à l’âge de 76 ans que son inséparable comparse Pirri, lui aussi membre durant de nombreuses années du Real Madrid, préfère résumer en une phrase lourde de sens : « Le jeu est toujours à onze contre onze, mais les clubs sont devenus des entreprises. De nouveaux Ronaldo ou Messi pourront arriver, mais il sera difficile que de nouveaux Zoco arrivent dans un club aussi grand que le Real Madrid » . Une ineptie pour les badauds, une réalité qui dérange pour les réels aficionados blancs. Car Ignacio Zoco, central de Chamartin douze saisons durant (de 1962 à 1974), se révèle l’un des plus beaux étendards d’un Madridismo encore loin de sa mercantilisation actuelle. Formé à Osasuna, il débarque très jeune dans une capitale espagnole qu’il ne quittera plus jamais. Pour sûr, aux côtés des Pirri, Pachin, Amancio Amaro et autres Ramón Grosso, il compose le Madrid légendaire des yé-yé. Une équipe un peu folle, intégralement espagnole, et qui s’accapare pas moins de sept Liga pour une sixième Coupe d’Europe.

« Joueur sérieux et sûr, il allait sur chaque ballon comme si c’était le dernier, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir un profond respect pour l’adversaire. Il savait toujours où il devait se trouver, sur le terrain comme dans la vie. Et ça, c’est important » , relate son ami de club et de sélection Pirri. Encore plus que son talent intrinsèque, Zoco a construit sa légende autour de l’honneur. Ainsi, il décide de prendre sa retraite après une cinglante manita encaissée au Bernabéu par le Barça d’un Cruyff joueur. Une retraite qui devient effective quelques mois plus tard, à 35 ans, au soir d’un succès 4-0 contre ces mêmes Blaugrana, en finale de la coupe nationale. Le sens du timing.

42. Rubén Baraja

Il est la jointure entre le beau Valence qui bute sur la dernière marche et le Valence qui domine sa peur de gagner. Ce que l’on retient de Rubén Baraja, c’est avant tout cette énorme frappe de balle. Mais c’est aussi sa capacité à faire face aux vagues au sein d’un effectif. Arrivé de l’Atlético de Madrid, où il connaît une tragique relégation, les Murciélagos le recrute pour étoffer leur milieu de terrain. Baraja connaît ainsi la tragique finale des tirs au but face au Bayern Munich à Milan, malgré son tir au but réussi. Mais Baraja va remonter la côte de ce Valence auquel il manque une pointe de culture de la gagne. La saison suivante, les Chés remportent leur première Liga après plus de 30 années d’attente. En 2004, l’équipe est élue meilleure équipe du monde par l’IFFHS après ces trois titres acquis (Liga, Coupe UEFA, Supercoupe d’Europe). La fin de la gagne pour Baraja ? Pas encore. Suite à la nomination de Ronald Koeman à la tête de l’équipe, El Pipo est le seul taulier de l’équipe à rester dans les plans du coach Koeman. Passage de témoin vers la génération des jeunes Joaquín, Villa ou Silva, le capitaine Baraja amène Valence à son dernier titre en date à ce jour, la coupe d’Espagne en 2008. Oui, Baraja, c’est le dernier souvenir ce Valence qui écrasait beaucoup d’équipes sur son passage. À coups de canon. AD

41. Fernando Morientes

L’histoire de Fernando Morientes avec le Real Madrid, c’est celle d’un homme tombé amoureux d’une riche demoiselle, prête à utiliser son amant avec parcimonie. Malgré cela, le buteur a tout fait pour devenir l’une des grandes figures des Blancos, au point de le devenir. Tout commence à son arrivée de Saragosse à l’été 1997. Morientes affronte la concurrence de Davor Šuker, Predrag Mijatović et l’emblématique Raúl, où il parvient à terminer meilleur buteur du club cette saison, et remporte sa première C1 contre la Juventus. Deux ans plus tard, face au jeune phénomène Anelka, Morientes revient sur le devant de la scène européenne et marque en finale contre Valence au Stade de France. Deuxième C1. En 2002, il est titulaire pour voir Zidane offrir la Novena à son Real. Troisième C1, l’histoire est belle. Jusqu’à l’arrivée de Ronaldo l’année suivante. Cantonné au banc de touche, Morientes souhaite retrouver du temps de jeu et part en prêt à l’AS Monaco. El Moro fera un enfant dans le dos à son club de cœur, l’éliminant de la Ligue des champions 2003-2004 (2-4, 3-1) et conduisant Monaco jusqu’en finale de C1, un véritable exploit. De retour de prêt l’année suivante, le buteur ne sera pas traité à sa juste valeur par le Real, préférant aligner le Ballon d’or fantôme Michael Owen. Sa fin de carrière sera moins étincelante, mais à Liverpool, Valence et même Marseille, Morientes aura enfilé les titres. Un champion à la classe rare. AD

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