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Ils ont marqué le foot espagnol, de 30 à 21

Par Antoine Donnarieix, Ruben Curiel et Robin Delorme
13 minutes
Ils ont marqué le foot espagnol, de 30 à 21

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Espagne, et les joueurs classés de la 30e à la 21e place.

30. Pep Guardiola

Entrer dans la légende, marquer les esprits de son sang, de son sceau, être finalement quelqu’un. Faut-il pour autant qu’il parte à 30 ans ? Dieu seul le sait, lui seul le sait. Par la voix d’Akhenaton, Dieu s’est décidé à faire partir Josep Guardiola pour sa trentaine en Italie. C’était à Brescia, aux côtés de l’idole nationale Roberto Baggio, après avoir tant donné pour un FC Barcelone qu’il n’oubliera jamais. Numéro 4 du Barça dans le dos de 1990 à 2001, Pep possède du sang culé dans les veines, où qu’il aille et quoi qu’il fasse. « La nostalgie est dure quand tu sais que tu ne reviendras pas, expliquait le joueur en 2004, durant sa fin de carrière à Doha. Quand tu sais que tu reviendras dans six mois, tu es plus tranquille. Mon meilleur souvenir, c’est d’avoir joué pour le Barça. Je suis né dans ce coin fantastique qu’est la Catalogne, et j’ai connu des joueurs exceptionnels. Notre victoire en Ligue des champions(en 1992, ndlr), c’était comme une première page. » Des pages, Pep continuera d’en écrire avec le Barça. Devenu entraîneur après une année faite de voyages et de discussions avec des tacticiens comme César Luis Menotti, Marcelo Bielsa ou Johan Cruyff, El Filosofo prend les commandes du Barça pour l’emmener tout là-haut. De 2008 à 2012, le coach apporte en quatre saisons une Coupe du Roi, trois Ligas, trois Supercoupes d’Espagne, deux Ligues des champions, deux Supercoupes d’Europe et deux Mondiaux des clubs. Avec 13 titres remportés en un temps record, Guardiola devient l’entraîneur du FC Barcelone le plus titré de l’histoire, devant Cruyff et sa Dream Team. L’élève dépasse le maître et vole désormais vers des cimes encore inconnues. Les distinctions au Bayern Munich ou à Manchester City pourront s’empiler, Pep aura toujours son cœur à Barcelone et Viva la vida de Coldplay dans ses musiques favorites. Mes que un footballeur. AD

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29. José Martinez « Pirri »

Ne vous fiez pas à son mono-sourcil à la Emmanuel Chain. Même si son attachement avec le Real Madrid est capital dans sa carrière sportive, José Martinez Sánchez est bien ancré dans la culture espagnole. Né à Ceuta, le jeune étudiant fait ses gammes à Grenade, avant de partir pour Madrid en 1964 grâce à un match avec l’équipe d’Espagne de football amateur. D’une polyvalence rare – le garçon pouvait jouer aussi bien défenseur, milieu de terrain ou même avant-centre –, Pirri démarre alors une idylle de seize saisons sous la liquette merengue. Un passage rempli d’anecdotes, comme lorsque le Poumon blanc remporte la finale de la Coupe d’Espagne en 1975 avec de la fièvre et la mâchoire cassée. Vainqueur de la C1 en 1966, Pirri aura la particularité de remporter… 10 Ligas entre 1965 et 1980 ! Il est encore, avec 122 buts en 417 matchs, le huitième meilleur buteur de l’histoire du Real Madrid. Ce combattant aux 41 capes avec la Roja prend la direction du Mexique pour sa fin de carrière. Il termine ensuite ses études de médecine, puis revient au Real pour faire partie intégrante du staff technique. La fin de sa collaboration avec le Real surviendra en 2000, après la publication du « rapport Pirri » où l’homme, devenu directeur sportif, demandait le transfert de cadres comme Michel Salgado, Fernando Morientes ou encore Guti. Un coup de Pirripatéticienne. AD

28. Josep Samitier Vilalta

On peut être culé et merengue. Josep Samitier Vilalta a expérimenté cela. Natif de Barcelone, en 1902, il a longtemps rêvé de porter le maillot du Barça. Un jour, alors qu’il tâte le ballon non loin de ses idoles du club blaugrana, Paulino Alcántara lui souffle un prometteur « Un jour, tu seras footballeur » . Effectivement, l’idole du club avait vu juste. À 16 ans, Samitier abandonne son travail de mécanicien et signe un contrat avec le club catalan. Les statistiques sont impressionnantes pour l’époque : le milieu de terrain a marqué plus de trois cents buts avec le FC Barcelone, le tout en treize ans. La collection de trophées est tout aussi hallucinante : cinq Coupes du Roi (nommée Campeonato de España à l’époque), douze championnats de Catalogne et surtout la première Liga disputée en Espagne en 1928-1929.

En 1933, il cède aux sirènes de Santiago Bernabéu et signe pour le Real Madrid. Et devient, à l’occasion, le premier joueur à porter les deux liquettes. Un transfert qui ne fait aucun bruit à l’époque. Mais, âgé de 31 ans et en fin de carrière, il ne brille pas sous le maillot merengue. Un passage par Nice, pour échapper à la guerre civile, signe la fin de sa carrière. Il revient à la maison en 1944, à la fin de sa carrière, pour occuper un poste dans le staff du Barça. Trois ans plus tard, il n’hésite pas à rejoindre une nouvelle fois le Real, pour s’asseoir sur le banc du club. Il meurt en 1972, et est enterré au cimetière Les Corts aux cotés de Paulino Alcántara. Avec Ricardo Zamora et Hans Gamper, il est le seul footballeur à posséder une rue qui porte son nom à Barcelone. Grande classe. RC

27. Emilio Butragueño

Le voilà enfin, El Buitre. Pour contrôler une équipe constituée d’individualités fortes en caractères, le Real Madrid de la fin des années 80 s’est trouvé un chef de meute. Comme Marc Landers dans sa Toho ou Olivier Atton chez la New Team, Emilio Butragueño était la grande star de sa Quinta. Redoutable attaquant toujours assoiffé par le but, son rôle principal consistait à rôder dans la surface et profiter de la moindre opportunité pour étaler sa collection personnelle de scalps des gardiens de but. Outre les 5 Ligas consécutives remportées entre 1986 et 1990, puis les deux C3 afin de ressusciter un Real en pleine disette de trophées, Le Vautour pèsera dans les pages ibériques malgré son petit gabarit d’un mètre 70. Lors du Mondial 86 au Mexique, son sens du but lui permet d’inscrire un quadruplé contre le Danemark en huitième de finale, ce qui fait entrer le buteur de la Roja dans un cercle très fermé en compagnie d’Eusébio, Just Fontaine ou encore Sándor Kocsis.

Par la suite, la Belgique parviendra à stopper l’Espagne en quarts de finale. Un soulagement pour Carlos Bilardo, coach de l’Argentine, si l’on s’en tient à ses propos : « Messieurs, la Belgique vient d’éliminer l’Espagne, nous ne jouerons pas contre Butragueño. Nous sommes en finale de la Coupe du monde. » Après 123 buts marqués et onze saisons professionnelles sous les couleurs de la Casa Blanca, le seigneur blanc quitte l’Europe et revient au Mexique. Au sein de l’Atlético Celaya, El Caballero de la cancha (le chevalier du terrain, en VF) parachève son œuvre et garde toujours la même conduite : aucun carton rouge en quatorze années consécutives. Aujourd’hui, Butragueño s’occupe des affaires sportives du Real Madrid. Un vrai conquistador. AD

26. César Rodríguez Álvarez

Mardi 20 mars 2012, Messi décide d’effacer un énième record. Pour lui, c’est la routine. Il devient ce soir-là le buteur le plus prolifique de l’histoire du FC Barcelone. Un exploit, puisqu’il prend la place d’une légende qui a tenu ce record pendant cinquante-sept ans. Messi a 24 piges quand il détrône l’ancien attaquant blaugrana. César Rodríguez a mis treize saisons pour planter ces 234 buts. Arrivé en Catalogne en 1939, il quitte la région pour réaliser son service militaire. Il y revient en 1942, et y restera jusqu’en 1955. Avec le club barcelonais, « El Pelucas » (la perruque en VF, surnom acquis pour sa calvitie), il était aussi le joueur qui a le plus marqué dans l’histoire du clásico contre l’éternel rival. Il détient aussi un record qui rend toujours fous les Madrilènes aujourd’hui : alors capitaine blaugrana, il soulève trois Copa del Rey à Bernabéu (en 1951, 52 et 53). César Rodríguez Álvarez, c’est aussi quatorze titre avec le Barça : 5 championnats, 3 Coupes du Roi (Copa del Generalisimo à l’époque, Franco oblige), 2 Coupes latines (ancêtre de la C1), 4 Coupes Eva Duarte (le Community Shield espagnol). Excusez du peu. Celui qui a remporté qu’une seule fois le titre de Pichichi pendant sa carrière a fini du côté d’Elche. Un an auparavant, il franchit la frontière pour jouer sous le maillot du Perpignan Canet FC. Avant de devenir entraîneur, notamment du Barça, lors de la saison 1953-54. César Rodríguez Álvarez s’est éteint, le 1er mars 1995, à Barcelone. Une des premières idoles non catalanes du Barça. RC

25. Carlos Santillana

Un coup de tête peut vous faire entrer dans l’histoire. Zizou le sait, Carlos Alonso González, dit Santillana, aussi. Les siens étaient dévastateurs, impossibles à arrêter pour les gardiens. Véritable légende du Real Madrid, l’ancien attaquant est considéré comme l’un des meilleurs joueurs de tête que le football ait connu. Ce surnom, il le doit au trajet qu’il faisait depuis sa ville natale, Santillana, pour venir s’entraîner à l’adolescence : « Il n’y avait pas de bus pour aller à Barreda, où je jouais. On se mettait dans un camion depuis notre ville, et on revenait le soir avec le même. Du coup, quand j’arrivais en retard, les gens disaient : « Il n’est pas arrivé celui de Santillana ? Et ils ont commencé à m’appeler comme ça » » , raconte-il dans une interview pour Libertad Digital. Recruté à 19 ans par la Maison-Blanche, l’ancien international espagnol (à 56 reprises) a gagné neuf Ligas, quatre Coupes d’Espagne et deux Coupes UEFA. Tellement habile du crâne qu’il a marqué son dernier but en professionnel ainsi, en lobant le gardien facilement.

Une carrière pleine d’environ 300 pions. Avec sa patrie, il a connu le match historique contre Malte en 1983, quand l’Espagne devait gagner par onze buts d’écart pour se qualifier pour la Coupe d’Europe 1984. La suite est connue. La Roja gagne 12-1, et Santillana plante un triplé ce soir-là. Alors qu’il a terrorisé les défenses ibériques pendant toute sa carrière, il aurait pu voir celle-ci fauchée en plein envol à cause d’un problème rénal. Après avoir joué quelques saisons avec la mythique Quinta del Buitre, il se retire en 1988 sous le maillot du Real. Il ne choisira pas la vocation d’entraîneur comme bon nombre de ses anciens coéquipiers « parce qu’il faut être fait pour l’être et je ne l’étais pas » comme il le raconte dans l’entrevue citée plus haut. Aujourd’hui, il tape encore le cuir avec l’équipe vétéran des Madrilènes et travaille chez Reebok en Espagne. Sûr qu’il plante encore quelques golazos de la tête.. RC

24. Manolo Sanchis (fils)

Du père au fils de la famille Sanchis, le Real Madrid a attendu trente-deux longues années avant de fêter une nouvelle Coupe d’Europe. Une disette interminable pour le Roi d’Europe qui prend fin un soir de mai 1998, lorsque Manolo, brassard vissé au bras, rejoint Lennart Johansson, président de l’UEFA, dans les gradins de l’Amsterdam Arena. Avec cette Septima en poche, le capitaine merengue rejoint son illustre padre, vainqueur de l’édition 1966 avec le Real des yé-yé, au rang des Madrilènes champions continentaux. Un exploit qu’il réédite deux ans plus tard, à Saint-Denis, et qui lui permet d’égaler son bilan en Ligue des champions avec celui de la défunte Coupe de l’UEFA – deux succès, en 1985 et 1986. Défenseur dur au mal, membre de la Quinta del Buitre, Manolo Sanchis reste le central d’un seul club. Ardent défenseur de la liquette blanche immaculée, il en est également le troisième joueur le plus capé avec ses quelque 700 matchs en professionnel. Lui avoue pourtant ne pas se rappeler grand-chose : « J’avais une telle concentration, je faisais abstraction de tout, j’étais si focalisé que pour moi, c’était juste comme si j’avais fermé, puis rouvert mes yeux. » RD

23. Xabi Alonso

Si Xavi et Iniesta ont longtemps été les danseurs étoiles de la Roja, Xabi Alonso en a été l’éminence grise. Ce statut, il l’a conquis dans toutes les équipes où il a évolué, sans exception aucune. Ainsi, lorsqu’il gagne ses galons de titulaire dans sa Real Sociedad formatrice à seulement 19 ans. Alors que les Txuri-Urdin se retrouvent aux portes de la relégation, John Toshack en fait son capitaine. Raynald Denoueix, débarqué à l’été 2002, en fait, lui, sa boussole. Une boussole qui guide la Real vers une saison historique en Liga, mais qui prend la direction de Liverpool dès l’été suivant. Alors qu’il s’impose illico en « meilleur passeur de la Premier League » , dixit son ancien coach gallois, il glane sa première coupe aux grandes oreilles.

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Cette idylle avec le Vieux Continent n’en est qu’à ses prémices, puisque, tout au long de sa carrière, il s’adjuge une seconde C1 avec le Real et deux Euros avec la Roja – sans oublier un Mondial. Comme un symbole de sa mainmise sur toutes les équipes où il a évolué, son départ de la capitale espagnole fait chavirer le précaire équilibre du Real d’Ancelotti et plonge le Madridismo dans une crise identitaire qui ne s’est toujours pas estompée. Pour sûr, Xabi et sa science de la passe, pour ne pas dire du jeu, resteront pour toujours comme un must de la formation à l’espagnole. Aupa ! RD

22. Sergio Ramos

Sergio Ramos en chiffres, c’est 29 ans, 372 matchs de Liga, 87 de Ligue des champions, 130 sélections avec la Roja, 68 pions officiels… Et puis un palmarès long comme le bras : une Ligue des champions, trois Ligas, deux Copas, deux Euros, un Mondial… Autant dire, Sergio est un monstre, tant avec la Roja qu’avec le Real. Derrière cette myriade de statistiques se cache également un pur-sang parfois difficile à dompter – en atteste ses 14 cartons rouges avec le Real, un record. « J’ai eu Sergio sous mes ordres à ses 16 ans, rembobine Manolo Jiménez, l’un de ses formateurs au FC Séville. C’était un garçon qui avait besoin de mettre de l’ordre dans ses idées. C’était un diamant brut, il fallait le polir. Il était brut de décoffrage. » Un caractériel, donc, qui franchit les étapes plus vite que la musique. Et qui renvoie Joaquín Caparros, l’entraîneur de ses débuts pros, à ses souvenirs : « Je n’avais jamais vu un tel athlète de toute ma carrière. Si Sergio avait fait du tennis, il jouerait la Coupe Davis. S’il avait fait de la natation, il participerait aux Jeux olympiques. Génétiquement, je ne sais pas de quoi il est fait, mais il est plus fort que tous les autres. » Plus fort, et plus haut que tout le monde, comme peut en témoigner l’Atlético de Madrid. RD

21. Fernando Hierro

Sur l’échiquier mondial, 1989 est caractérisé par la naissance d’un nouvel ordre mondial et la fin du régime rouge. Le 20 septembre de cette même année pourtant, la Roja célébrait la première sélection d’une silhouette longiligne, prête à marquer l’équipe nationale de son empreinte. Fernando Ruiz Hierro vient à peine de débarquer du Real Valladolid pour le Real Madrid que l’Espagne adopte déjà son nouveau stratège. Un stratège milieu défensif bientôt défenseur central, ce n’est pas une blague, mais une réalité. Hierro possède la vista des grands joueurs et le sang-froid des grands buteurs. La preuve : il est toujours le quatrième meilleur artificier de l’histoire de la Selección, derrière David Villa, Raúl et Fernando Torres. Son arme fatale ? Le coup franc. De près, de loin, excentré, centré, enroulé au-dessus du mur, enveloppé côté gardien, le tout avec grâce dans la gestuelle. Si Hierro signifie le fer en espagnol, ce joueur n’a jamais connu la rouille : 17 saisons passées en Liga, trois Ligues des champions soulevées pour le Real dont deux comme capitaine (1998, 2000, 2002), 5 Ligas remportées avec les Blancos et une nomination dans l’équipe type de la Coupe du monde 2002. Hierro restera orphelin d’un succès international suprême, toujours maudit en quarts de finale, mais l’esthète aura marqué son temps. « Depuis tout petit, je rêvais du Real Madrid, je les voyais jouer la Coupe intercontinentale, j’écoutais la radio avouait-il en 2005. Quand Valladolid m’a dit que le Real me voulait, je n’y croyais pas. Le meilleur contre qui j’ai joué ? Maradona. C’était mon idole. » Les grands esprits se rencontrent : après un Séville-Real Madrid en pleine saison 92/93, El Diez annonce que Hierro est le meilleur joueur espagnol qu’il ait vu de sa vie. Ça pose un mythe. AD

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