- En route vers l'Euro 2016
- Top 100 Espagne
Ils ont marqué le foot espagnol, de 20 à 11
Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Espagne, et les joueurs classés de la 30e à la 21e place.
20. Luis Aragonés
Avant de s’acoquiner sur le bord de touche avec Patrick Vieira, de distiller des blagues douteuses sur la couleur de peau de Thierry Henry ou de faire flamber la Roja, Luis Aragonés a été un joueur de foot. Un sacré joueur de foot même, dont la figure est fêtée à chaque rencontre disputée au Vicente-Calderón. Pourtant, avant de devenir une légende des Colchoneros, Luis vagabonde de Getafe au Real Madrid sans jamais y trouver sa place. Baladé de prêt en prêt, il trouve chaussure à son pied au Real Betis. Un club sévillan où il distille ses premières performances de haut vol et nettoie ses premières lucarnes. Milieu tout terrain, le Madrilène se distingue en effet par une frappe de mammouth qui lui permet de planter comme un goret – il finit ainsi Pichichi du championnat lors de l’exercice 1969-70. Des caractéristiques qui prennent une tout autre ampleur suite à son transfert vers l’Atlético de Madrid. Car il va mener le maillot rojiblanco vers les cimes domestiques et européennes grâce à ses prestations et ses pions. Avec deux Liga et deux Coupes du Roi, il rend au peuple du sud de Madrid sa fierté. Ce malgré une finale de Ligue des champions perdue face au Bayern alors qu’il avait inscrit un splendide coup franc lors de la prolongation disputée au Heysel – une C1 perdue lors du match d’appui 4-0. Aragonés était grand, l’Espagne lui dit merci. RD
Son coup franc face au Bayern
19. Fernando Torres
Jamais le Vicente-Calderón n’avait vécu telle présentation de joueur. Lorsqu’il revient le 4 janvier 2014 dans l’antre qu’il a longtemps sauvé à coups de buts, Fernando Torres, médusé, se frotte les yeux, se pince la peau et aperçoit 45 000 aficionados rojiblancos dans les tribunes du Vicente-Calderón. Un retour à la maison fêté en grande pompe qui renvoie invariablement vers les heures fabuleuses du Niño sous la liquette de l’Atlético. Cet Atléti, il l’a dans la peau depuis sa toute jeune enfance, lorsque son « grand-père écoutait les matchs sur son poste radio » . Dès lors, il en intègre le centre de formation et y écrase tous les records de précocité. Si bien qu’à seulement 17 ans, avec un Atlético dans les bas-fonds de la Segunda Division, il entame sa carrière professionnelle. Illico presto, Fernando s’impose sur le front de l’attaque, enchaîne les pions et est même désigné capitaine du navire à 19 ans. Une précocité rare qui permet aux Colchoneros de vibrer à l’heure où l’Atlético se noie dans son costume de loser. La suite de sa carrière, il l’écrit en lettres dorées à Anfield et avec une Roja qu’il envoie sur le toit de l’Europe grâce à son but en finale de l’Euro, avant de se perdre à Chelsea et de retrouver goût à la vie lors de ce fameux 4 janvier 2014. Comme un phoenix. RD
Compile de ses plus beaux pions
18. Andoni Zubizarreta
Une longévité poussée à l’extrême pour une légende ibérique au poste de gardien de but. Car si l’Athletic Bilbao conquiert ses deux derniers championnats en 1983 et 1984, les Leones le doivent aussi aux prestations de leur jeune portier prometteur, Andoni Zubizarreta. Élément en pleine progression, Zubi récupère le poste de titulaire avec l’Espagne après l’Euro 84 et cette terrible bourde de Luis Arconada. Son arrivée à Barcelone après le Mondial 86 le place dans un club à la recherche, comme lui, de nouveaux défis. Le maître Johan Cruyff passe par là et donne au dernier rempart basque un luxe non négligeable : faire partie du premier Barça vainqueur de la Coupe des clubs champions en 92. Avec quatre Ligas consécutives entre 91 et 94, le gardien de la Dream Team boucle un cycle fait de victoires et de joies collectives. Sa fin de carrière sera moins glorieuse, mais tout aussi marquante : sans titres glanés avec le FC Valence, Zubizarreta mettra un terme à sa carrière internationale après la Coupe du monde 1998 où, comme son illustre prédécesseur Arconada, il marque contre son camp lors de la défaite face au Nigeria (3-2). Cette sortie de route de l’Espagne au premier tour n’était pas à hauteur de la carrière du bonhomme, joueur le plus capé en équipe nationale, avec 126 sélections. Et puis Iker Casillas est arrivé, en digne successeur. Mais qu’en sera-t-il de sa destinée ? AD
17. Sergio Busquets
« Le football, c’est meilleur que le sexe. » Quand Sergio Busquets se prend à parler du ballon rond, ses idées vont parfois chercher loin, très loin. Et c’est tout sauf un hasard. Fils d’un gardien plus connu pour ses boulettes que ses parades, pioché au sein du Barça B en 2009, puis élevé par son mentor Josep Guardiola envers lequel il éprouve un respect infini, Busi s’est toujours installé dans un collectif en tant que pièce unique et inchangeable. Si Guardiola le chérissait, Luis Enrique le sacralise. À tel point qu’aujourd’hui, quand Busquets n’apparaît pas dans le onze titulaire, le Barça n’est plus ce souverain dictateur d’un règne sans partage. Le Barça redevient perfectible, et Busquets, comme un président en quête d’un regain de popularité, est unanimement demandé par tout le public blaugrana pour rétablir l’ordre et la stabilité à travers la logique. Sa logique. C’est ainsi que l’on définit le travail de ce métronome à la fois visionnaire, cérébral et intouchable, tant ses passes sont téléguidées, ses gestes calculés, ses yeux démultipliés. Ce milieu de terrain n’est pas comme les autres, ne joue pas comme les autres et n’est pas traité comme les autres. En échange, l’oiseau rare se fond dans le jeu comme personne. C’est là que réside toute sa force, et c’est probablement là que Sergio trouve son orgasme à lui. Parce qu’au fond, Busi sait qu’il ne jouera jamais aussi bien s’il venait à quitter son Barça un jour, comme il le sous-entendait en février dernier. « Pep connaît mon club actuel, c’est aussi le sien, et il sait que le mieux pour moi, c’est de rester ici. » Busquets, c’est meilleur que le chèque de City. AD
16. Gaizka Mendieta
« C’est marrant parce que ce coup de pied arrêté n’était pas du tout préparé. C’était improvisé au moment où le corner a été botté. J’ai remarqué que j’étais seul à l’entrée du rectangle, donc j’ai demandé la balle à Ilie. Il a ensuite effectué un centre parfait et j’ai juste frappé. » Une frappe violente et soudaine qui termine sa course dans la lucarne d’un Camp Nou abasourdi par tant de talent. Ce talent, c’est celui de Gaizka Mendieta, alors milieu offensif d’un Valence fièrement installé dans le gratin espagnol. Pourtant, loin de ces considérations, l’intéressé se décrit comme un joueur presque besogneux. Pis, il a même failli ne jamais enfiler les crampons lorsqu’à 14 ans, il se décide pour l’athlétisme. Un record d’Espagne du 2000m plus tard, il retrouve le chemin des prés avec le modeste Castellon, avant de prendre la direction du grand Valence. Une année lui suffit à s’intégrer dans un collectif huilé, et emmené par la vieille garde de Canizares et Angloma. Le talent a ensuite fait le reste, puisqu’il mène les Chés vers deux finales de Ligue des champions consécutives et s’impose comme l’un des tout meilleurs centrocampistas du monde. Un statut qui presse la Lazio à débourser 48 millions d’euros pour s’attacher ses services. Malheureusement, sa forme comme son talent ont finalement préféré rester à Mestalla. Une idole à part entière. RD
Son chef-d’œuvre au Camp Nou
15. Paulino Alcántara
Au début du XXe siècle, la Ligue des champions n’existait pas. La Liga non plus, d’ailleurs. Les footballeurs étaient pris pour de simples sportifs recrutés pour leurs aptitudes à manier le cuir et leur capacité à bien se fondre dans un collectif. Au Barça, comme dans n’importe quelle équipe au monde, l’idée qu’un simple joueur puisse sortir du lot était encore immatérialisée. C’est à partir du 25 février 1912 que le concept de starification commence à faire son bout de chemin. Ce jour-là, Paulino Alcántara débute sous les couleurs du FC Barcelone de Joan Gamper contre le Català, en championnat de Catalogne. Âgé de 15 ans, 4 mois et 18 jours, le buteur marque un triplé et scotche tout le public. Plus jeune joueur de l’histoire du Barça à avoir marqué un triplé en match officiel (coucou, Lionel Messi), Paulino devient très vite la coqueluche de toute la région. Malgré cela, la vedette va devoir mettre le foot entre parenthèses, puisque ses parents l’obligent à rentrer dans son pays d’origine, les Philippines, afin de terminer ses études en médecine. En crise suite au départ de son prodige, le Mès que profite de la malaria déclenchée chez le jeune homme pour le rapatrier d’urgence à Barcelone. Soigné, Paulino retrouve le maillot blaugrana en 1918 et s’apprête à l’honorer avec brio : en 356 matchs, l’attaquant inscrit 369 buts. Une statistique inhumaine pour El Romperredes (le casse-mur, en VF), détrôné de sa désignation comme meilleur buteur de l’histoire du Barça par Lionel Messi en 2014. Première étoile de ce Barça à laquelle viendront s’ajouter Josep Samitier Vilalta ou Ricardo Zamora, Paulino Alcántara restera dans les mémoires comme le premier crack connu de l’Espagne. Avec La Roja, sa légende veut que son tir ait transpercé les filets un jour de match contre la France, à Bordeaux. Olive et Tom tient son modèle. AD
14. Carles Puyol
Une machine de guerre. Voici comment résumer Carles Puyol durant toute sa carrière. Le Barça pensait avoir tout vu avec Migueli en défenseur modèle, le Barça avait tort. Onze ans après la retraite de Tarzan, Tarzan junior ressort de la jungle, plus sauvage et agile que jamais. Maillot du centenaire sur les épaules, le numéro 32 sort tout droit de la Masia et démarre son histoire de quatorze années dans l’effectif professionnel du Barça. Lancé par Louis van Gaal, Puyi débute au poste de latéral droit chez les Culés, mais sa capacité létale pour éteindre un avant-centre dans le un-contre-un le place rapidement en défense centrale. Deux ans plus tard, son appel en sélection nationale coule de source. Les retraites internationales de Fernando Hierro et Miguel Angél Nadal en 2002 lui ouvrent ensuite les portes de la charnière de la Roja. Puyol prend de l’assurance, comme en témoigne sa désignation en tant que capitaine du Barça à l’aube de la saison 2004-2005. C’est la saison du renouveau sous Frank Rijkaard, marquée d’une Liga attendue depuis cinq ans, puis d’un doublé Liga-Ligue des champions la saison suivante. Sous Guardiola, Puyol prendra la forme de guide : il embrasse son brassard aux couleurs de la Catalogne lors de la claque donnée au Real dans son Bernabéu (2-6), puis soulève deux nouvelles C1 à Rome en 2009, et à Wembley en 2011. Entre-temps, Puyol est un pilier indispensable de la Roja championne d’Europe et du monde. El Tiburon (Requin, en VF) est l’unique buteur de la demi-finale remportée face à l’Allemagne à Durban, d’un coup de casque légendaire. Après un nouvel Euro remporté d’une main de maître en 2012, Puyol dira stop à la Selección. 100 sélections au compteur et 593 matchs sous la tunique blaugrana, c’est géant. AD
13. José Santamaria
À l’instar de Di Stéfano, Kubala et Puskás, le lieu de naissance de José Santamaria n’a rien d’espagnol. Pour sûr, né à Montevideo en 1929, l’Uruguayen de naissance débute sa carrière au Club Nacional de Football. Jeune attaquant de la sélection, il fait ainsi partie de l’expédition victorieuse du Brésil sur ses terres en 1950. Mais c’est au poste de défenseur central qu’il va faire son trou au sein de la Céleste et de s’imposer comme l’une des références mondiales. Et c’est également à ce poste qu’il va taper dans l’œil du Real Madrid lors du Mondial suisse de 1958. Alors forte du meilleur effectif du monde, la Casa Blanca s’attache ses services et en fait son pilier défensif. Dur sur l’homme, mais surtout impeccable dans la lecture du jeu, il glane 5 Liga, 4 Coupes d’Europe et l’Intercontinentale. Pourtant, « mon étape en Espagne a été formidable, car j’ai pu débuter avec une sélection qui n’est pas celle de ma naissance, mais le fait d’avoir mes deux parents espagnols m’a permis d’avoir cette chance » . Une chance qui ne se résume pourtant qu’à seize capes, mais qui se terminera finalement par un poste de sélectionneur. RD
Résumé des deux premières années de Santamaria au Real
12. Santiago Bernabéu
Avant d’en être le stade, avant d’en être le président, Santiago Bernabéu a été joueur et capitaine du Real Madrid. Pour trouver trace de son passage dans le vestiaire merengue, il faut remonter au début du XXe siècle. Suite à des débuts au Gimnastica Española, il intègre le balbutiant fanion blanc en 1913. Alors attaquant de pointe, il flambe grâce à sa puissance physique, son sens du but et son engagement total. Autant de caractéristiques qui en font un indéboulonnable du onze madrilène durant seize saisons. Ce, à une exception près, lorsqu’en 1920, par amitié envers Julian Ruete, il le suit à l’Athletic Club Sucursal de Madrid, ancêtre de l’Atlético. Au total, Santiago Bernabéu, capitaine lors de ses dernières saisons, inscrit la bagatelle de 76 buts et 74 matchs sous le maillot blanc tout en s’offrant une dizaine de titres. En 1943, et ce jusqu’à sa mort en 1978, il deviendra président d’un club qu’il fera entrer dans une nouvelle ère. Et avec lui, c’est tout le football mondial qui a changé de dimension à jamais. « Personne ne dispose de plus de titres, honorifiques ou non, que Santiago Bernabéu pour l’œuvre qu’il a accomplie au nom du football » , dira ainsi Artemio Franchi, président de l’UEFA, à sa mort. RD
11. Francisco Gento
Le plus gros palmarès du football espagnol, ni plus ni moins. À sa naissance, Paco Gento, également surnommé la Galerna de Cantabria, ne se doutait sûrement pas de la carrière qui l’attendait, lui l’actuel président d’honneur du Real Madrid. Formé au Racing Santander, club de sa ville natale, il est rapidement attiré dans les filets du Real Madrid. Un transfert signé Santiago Bernabéu qui devient l’un des chouchous de l’ancien Chamartin. Pour ses coéquipiers, il reste le poumon de l’équipe au côté d’Alfredo Di Stéfano. Sa vitesse folle et son endurance marathonienne lui ont ainsi permis d’être tantôt milieu de terrain, tantôt ailier. Surtout, lors de sa très longue carrière (de 1953 à 1971), il sert de trait d’union entre le onze all stars des Puskás et Kopa, et le génial Madrid des yéyés, et remporte pas moins de 12 titres de Liga et 6 Coupes d’Europe. Avec la sélection, il connaît également la joie de remporter l’Euro de 1964, seul titre de la Roja jusqu’en 2008. « Le seul problème, c’est que je ne sais pas ce qui est mieux : 12 Liga ou 6 Coupes d’Europe ? » Personne ne détient la réponse, puisque, encore aujourd’hui, il est le seul joueur à compter autant de titres. RD
Petit florilège de Gento lors de la finale face à Benfica
Par Antoine Donnarieix, Ruben Curiel et Robin Delorme