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Ils ont marqué le foot espagnol, de 10 à 6

Par Robin Delorme, Ruben Curiel et Antoine Donnarieix
Ils ont marqué le foot espagnol, de 10 à 6

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Espagne, et les joueurs classés de la 10e à la 6e place.

10. David Villa

Son cri déchire la nuit nippone. Allongé sur le pré du stade Nissan de Yokohama, David Villa n’a que ses yeux pour pleurer et une jambe qui vient de se fissurer. Un drame personnel qui touche toute l’Espagne du ballon rond, orpheline, le temps de six mois, de son meilleur buteur en sélection. Mais le Guaje revient toujours, et plus fort. Et il le démontre une énième fois après cette vile blessure. Plus que ses promesses du Sporting de Gijón, sa confirmation à Valence ou son couronnement blaugrana, son come-back après ce pépin de décembre 2011 raconte beaucoup plus sur la force de caractère qui habite David Villa. Pas le plus brillant, pas le plus rapide, ni même le plus sexy, l’Asturien s’est toujours montré indispensable, que ce soit en club ou en sélection. Pour preuve, il laisse en guise de testament international un ultime pion lors du Mondial brésilien face à l’Australie. Une madjer synonyme de 59e banderille en 97 capes qui le confirme comme le meilleur artificier que la Roja ait jamais connu.

Les 48 buts de Villa au FC Barcelone

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Cette force intérieure lui vient sans aucun doute de ses origines. Natif de Tuilla, bourgade des Asturies aux 40 000 âmes, il est le descendant d’une famille de mineurs. De son père, à son grand-père, en passant par l’arrière-grand-papa, son arbre généalogique est presque exclusivement composé de travailleurs du charbon. Une tradition familiale qu’il a souhaité laisser de côté. Porque ? « Car j’ai vu les nombreux accidents, les heures qu’a passées mon père à l’hôpital, et jamais je n’ai voulu être mineur, sauf peut-être si je mourrais de faim. » Conscient du prix de la vie et des efforts à fournir, il n’est pourtant pas aidé par la chance. Car dès son quatrième printemps, il se brise le fémur droit et se retrouve, selon son médecin, interdit de pratiquer une activité physique. Que nenni pour le jeune David qui, contre l’avis de tous sauf de son paternel, continue de rêver d’une carrière professionnelle. À la suite d’un énième refus du Real Oviedo, il entrevoit la réussite lorsqu’à 17 ans, il est appelé par le Sporting de Gijón. Un parcours qui, à défaut d’être fait de strass et de paillettes, nourrit la légende du Guaje – le Gamin en patois des Asturies -, symbole de cette Espagne qui trime.

Petit florilège de ses exploits sous le maillot des Chés

À ses deux premiers exercices réussis en Segunda au Molinon, il choisit l’exil vers Saragosse pour découvrir les joies de la Primera. S’ensuit alors une réussite qu’il ne doit qu’à lui-même et qui le conduit de Mestalla, qu’il illumine cinq ans durant au point d’en devenir le cinquième meilleur buteur, au Camp Nou, où il côtoie les étoiles avec ses acolytes Messi et Pedro, et son tuteur Guardiola. Enfin, même meurtri dans sa chair par des blessures à répétition, il rend d’immenses services à l’Atlético de Madrid durant sa seule saison au Vicente-Calderón. Mais s’il y a bien un maillot qui a permis au Guaje de connaître une place de choix dans les cœurs espagnols, c’est celle de la Roja. Cette sélection, qu’il découvre en 2005 pour ne la quitter qu’en 2014, il en devient rapidement un inamovible. Un statut qu’il doit à ses innombrables pions, et des performances décisives. Pour sûr, « sans les cinq buts de David en Afrique du Sud, notre histoire n’aurait sans doute pas été la même » , dira même Vicente del Bosque. David Villa, aujourd’hui en retraite dorée à New York, ne saurait mieux dire. RD

Tous les buts du Guaje au Mondial de 2010

Vidéo

9. Telmo Zarra

Lorsqu’il foule la pelouse de San Mamés le 18 août 1997, un frisson parcours l’échine des aficionados de l’Athletic Bilbao. Le murmure se fait bruyant, les applaudissements prennent la forme de gracias. Accompagné de ses petits-enfants, celui qui est alors le meilleur buteur de l’histoire de la Liga refuse pourtant, mais respectueusement, de prendre le micro. Plus que de la fausse modestie, Telmo Zarra affiche simplement la même humilité qui a caractérisé une carrière aussi légendaire que taiseuse. Une gêne qui s’explique d’ailleurs par cet hommage, d’abord prévu dès la fin de sa carrière en 1955, mais qu’il n’a jamais souhaité réclamer. Quarante-deux ans plus tard, une rencontre impromptue dans un restaurant de la capitale basque avec José Marian Arrate, alors président de l’Athletic, permet finalement aux Leones de fêter celui qui reste aujourd’hui le meilleur artificier du football espagnol.

Les restes footballistiques de Zarra avant son décès

Vidéo

Natif du village d’Asua, non loin de la capitale Bilbao, Telmo Zarra est le septième rejeton d’une fratrie de dix. Une famille nombreuse, donc, dont le paternel, amateur de pelote, lui refuse la pratique du football. Qu’importe, puisqu’il brave l’interdit et prend sa première licence dans le club local. Rapidement, et après un septuplé lors d’une rencontre entre meilleurs joueurs de Biscaye, l’Athletic Bilbao le recrute pour l’installer à la pointe de son attaque. La légende commence ainsi en 1939 et ne fait que prendre de l’ampleur au fil des saisons. En bref, cet attaquant inscrit un total de 251 pions en Liga – un record dépassé par Messi et, récemment, par Ronaldo -, 88 en Coupe du Roi – un record, toujours – , et 333 sous la liquette rojiblanca – un record, forcément… De même, il s’adjuge six trophées de Pichichi, ce qui fait de lui le roi des buteurs.

Reportage sur la vie de Zarra (pour les hispanophones)

Des chiffres fous qui, paradoxalement, s’opposent à son caractère de taiseux : « J’ai toujours été très peureux et gêné. Même quand je jouais, je l’étais. À Asua, on m’appelait Telmito le peureux. J’ai toujours été très prudent. Si le défenseur était très dur et que j’y allais avec un désavantage, j’essayais de ne pas arriver au ballon. Et je préférais me blesser plutôt que de blesser un adversaire. » Cette personnalité, le pouvoir franquiste n’en a cure et la maquille lors des exploits de Zarra sous le maillot d’une Roja avec laquelle il plante 20 banderilles en autant de capes. Son plus beau fait d’armes international renvoie ainsi en 1950, lorsqu’il envoie l’Espagne en demi-finale du Mondial brésilien grâce à un formidable coup de casque contre l’Angleterre. Une première pour le football d’outre-Pyrénées qui est fêtée par une saillie passée à la postérité : « Admirez la meilleure tête d’Europe devant Churchill ! » Une fierté espagnole des plus timides qui trépasse en 2006 à l’âge de 85 ans. Qu’importe, car Zarra est immortel. RD

Son but lors du Mondial brésilien face à l’Angleterre

8. José Angél Iribar

5 décembre 1975. Un derby basque va entrer dans l’histoire. Ce jour-là, José Angél Iribar, de l’Athletic Bilbao et Inaxio Kortabarria, de la Real Sociedad, entrent sur le terrain du stade Atocha en portant le drapeau basque et le pose dans le rond central. Un geste politique, qui aurait pu leur coûter une peine de prison. Mais il ne sera pas sanctionné. Fervent amoureux de sa terre natale, José Angél Iribar est une légende du club de Bilbao. Toujours vêtu de noir, comme son idole Lev Yachine, le gardien de but espagnol est un homme sobre. Pendant dix-huit ans, avec l’écusson de l’Athletic sur le cœur, il va marquer le football espagnol de son sceau. Agile, efficace dans ses sorties, et précurseur des longues relances à la main, Iribar a joué 614 matchs avec les Leones. Ses débuts, il les a honorés après une commotion cérébrale du gardien titulaire en plein match, contre Málaga. Il est aligné pour la première fois face au Real de Puskás, Di Stéfano, Rial, Gento, en 1962. Iribar a notamment soulevé deux Coupes du Roi (69 et 73) et a disputé la finale perdue de la Coupe UEFA 1977 contre la Juventus. Sous le maillot de la patrie, il a remporté le premier championnat d’Europe de l’Espagne en 1964. Dans une finale mythique contre l’URSS, qui offre un duel entre deux des plus grands gardiens de l’histoire. Dans une décennie où des portiers comme Gordon Banks, Amadeo Carrizo, Mazurkiewicz, Carvajal ou Albertosi brillaient, « El Txopo » s’est fait une place dans cet immense panthéon. Une légende qui a le droit a un tour d’honneur sur les épaules des joueurs dans le Bernabéu, un soir de finale de Coupe du Roi pourtant perdue par son équipe. Une blessure au dos met fin à son immense carrière. Depuis, il n’a pas quitté son premier amour puisqu’il est devenu entraîneur des jeunes, des gardiens et de l’équipe première en 86-87. Aujourd’hui, José Angél Iribar est ambassadeur de l’Athletic Bilbao. Et toujours de noir vêtu. RC

7. Raúl Gonzalez Blanco

Le plus beau numéro 7 d’Espagne. En novembre dernier, un géant s’en est allé du côté de la Grande Pomme. Comme il a su le faire pendant toute sa carrière, il a dit adieu en faisant trembler les filets, en soulevant un dernier trophée. Raúl González Blanco, formé à l’Atlético de Madrid, est devenu divinité chez l’ennemi. Un homme qui est passé à deux doigts de la récompense individuelle suprême, mais qui a amassé les collectives. 6 Ligas, 3 Ligues des champions, 2 Coupes intercontinentale et tant d’autres. Au Real Madrid, Raúl a toujours fait figure d’exception. Lors d’une interview pour SO FOOT, il racontait « ne pas aimer les Galactiques » : « Je ne comprends pas ce concept. Moi, j’aime le football pur et les Galacticos, ce n’est pas du foot. » Sous le maillot de l’Espagne, celui qui a aussi connu Schalke et le Qatar, a planté une quarantaine de buts.

Ses buts avec la Roja

Mais Raúl n’a jamais connu la joie de remporter un titre, laissant derrière lui place à une génération dorée. Avant l’Euro en Suisse et en Autriche, Luis Aragonés laisse Raúl à la maison : « Je lui ai dit que Torres et Villa étaient plus efficaces, et il ne l’a pas accepté » , expliquera l’ancien sélectionneur espagnol dans une interview pour ABC, à propos de ce choix cornélien qui avait fait polémique. Chez lui, il va aussi vivre des moments compliqués. Les adieux à la Casa Blanca ressemblent plus à une rupture forcée. Lui, avec élégance, s’en va la tête haute, offrir ce qu’il reste de son football aux supporters de Gelsenkirchen.

Ses 71 pions en C1

La légende raccroche les crampons à New York en soulevant le vingt-deuxième trophée de sa carrière, là où le roi Pelé avait aussi rangé les siens. Finalement, c’est peut-être Jorge Valdano, celui qui a lancé Raúl à 17 piges, qui en parle le mieux : « Raúl est un footballeur austère. Il ne cherche pas à briller, mais à trouver la voie la plus directe pour en faire bénéficier son équipe et poignarder le rival. Tout ce qu’il fait a du sens. Ceux qui apprécient le plus son style et sa présence sont ses coéquipiers. Cette austérité est sans doute ce qui l’a éloigné desspotlightsde la célébrité, évidemment de manière injuste. » RC, propos de Raúl recueillis par Javier Prieto Santos

6. László Kubala

Kubala. Trois syllabes gravées pour l’éternité dans la mémoire du Barça. Deux jambes de feu pour séduire une foule entière. Une statue à son effigie à l’entrée du Camp Nou, un stade que certains disent même construit afin de voir le phénomène en action. Une, deux, et même trois sélections nationales pour lesquelles ce monstre sacré aura joué. Mais un seul pays dans lequel cet exceptionnel athlète laissera un souvenir pas comme les autres, malgré un Euro 1960 boycotté et une Coupe du monde 1962 sapée par une blessure. Certes, Kubala était d’abord un réfugié politique en Catalogne, connu pour avoir écrasé le Real Madrid sous les yeux de Josep Samitier Vilalta lors d’une tournée en Espagne avec son équipe de réfugiés de l’Est, le Hungaria, venu tout droit d’Italie. Mais dès que la nationalité espagnole fut acquise et son transfert vers l’Espagne effectif en 1950, Ladislao est devenu l’enfant chéri d’un peuple culé qui attendait son nouveau messie pour briller en Espagne. Kubala avait osé faire chuter le grand Real Madrid dans son tout récent stade Santiago-Bernabéu, Kubala était ainsi destiné à signer au FC Barcelone. Érigé en bourreau du Real, club chéri par le général Francisco Franco, Kubala représentait sur le terrain le symbole de cette lutte face au régime dictatorial du Caudillo, la rébellion que la Catalogne imposait au pouvoir venu de la capitale par le biais des guérillas. Kubala, c’était d’une certaine façon l’image sportive du guérillero.

Pourtant, cette histoire au-delà du football entre Lazly et le Barça aurait pu ne jamais exister. Après l’état de santé jugé préoccupant de son fils Carles, le 4 mai 1949, le père de famille préfère rester proche de sa descendance. Laszlo annule son billet d’avion pour le vol spécial Avio-Linee Italiane, quand l’attaquant évoluait encore pour le Pro Patria, en Italie. Son destin, ce n’était donc pas de quitter ce monde dans le drame de Superga, là où les 31 passagers du vol – dont la quasi-totalité de l’équipe type du Torino Calcio, championne d’Italie en titre – furent tués. Sa destinée était de continuer à offrir du bonheur aux fans de football. Et du bonheur, Laszlo en a donné. Beaucoup en bleu et grenat. Kubala participera aux quatre Ligas et aux cinq Coupes du Roi remportées sous la forte pression politique madrilène. Avec 194 buts en 256 matchs officiels toutes compétitions confondues, Kubala est le troisième meilleur buteur de l’histoire du Barça derrière César et Messi. Avec Bata de l’Athletic Club, Kubala est le seul joueur à avoir inscrit un septuplé dans un match du championnat d’Espagne. Dans un vote fait par les socios lors du centenaire du club en 1999, Kubala est élu meilleur joueur de l’histoire du FC Barcelone devant Johan Cruyff. Le jour de la présentation de Louis van Gaal pour son retour au Barça, le 17 mai 2002, Kubala décède dans un hôpital de Barcelone des suites d’une longue maladie, à 74 ans. Le président Joan Gaspart réagit sur le champ : « Je souhaitais interrompre la conférence de presse pour vous informer que nous allons effectuer une minute de silence, car on vient à l’instant de me communiquer que Kubala vient de mourir. » Kubala, c’était le Barça. AD

La chanson catalane Kubala de Joan Manuel Serrat

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