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Ils ont marqué le foot anglais, de 50 à 41

Par Maxime Brigand, Romain Duchâteau, Eddy Serres, Alexandre Doskov, Florian Cadu et Mathias Edwards
9 minutes
Ils ont marqué le foot anglais, de 50 à 41

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On enchaîne avec l'Angleterre, et les joueurs classés de la 60e à la 51e place.

50. Gareth Southgate

Wembley retient son souffle, l’Allemagne et l’Angleterre se disputent le ticket pour la finale de l’Euro 96 aux tirs au but. Alors que les quatre premiers tireurs de chaque équipe ont tous fait trembler les ficelles, Gareth Southgate se dirige à son tour vers le point de penalty. La peur au ventre. « Que se passera-t-il si je rate ? » , songe t-il. Révélé à Crystal Palace, le défenseur d’Aston Villa, 25 ans, dispute sa première compétition internationale avec les Three Lions. Sur la ligne de but, Andreas Köpke anticipe sa frappe croisée et repousse la tentative. L’Allemand Möller n’a plus qu’à finir le travail face à Seaman. L’Angleterre voit son rêve brisé. « Tout ce que les gens retiennent, c’est cette petite erreur, ce truc de dingue. Après ça, je suis devenu une source d’aide et d’encouragement pour des gens en situation de grande souffrance.(…)Une sorte de vieil oncle sur l’épaule duquel on vient s’appuyer » , expliquera Southgate quelques mois plus tard dans le Süddeutsche Zeitung. Vingt ans plus tard, les Anglais sont toujours maudits aux pénos. FL

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49. Justin Fashanu

22 octobre 1990, The Sun tient le scoop de l’année. À la Une du tabloïd, Justin Fashanu, l’ex-futur goleador du foot anglais, révèle officiellement son homosexualité. Fils d’un avocat nigérian et d’une infirmière guyanaise, celui qui a grandi dans une famille d’accueil se passionne d’abord pour la boxe. Mais Norwich City lui ouvre ses portes ; à seulement 17 ans, il débute en première division. International espoir, la pépite des Canaries file à Nottingham Forest en 1981. Le début de la fin. Dans les Midlands, le buteur est en panne de confiance et les railleries homophobes de son entraîneur, l’illustre Bryan Clough, le pousse à aller voir ailleurs. Entre une grave blessure au genou et un exil aux États-Unis, le vagabond Fashanu (il a connu 22 clubs !) n’aura jamais une carrière à la hauteur des promesses de ses années Norwich. Un an après sa retraite, en mars 98, l’homme est injustement mis en cause dans une affaire d’agression sexuelle qui sera finalement classée sans suite. Quelques semaines plus tard, Justin Fashanu est retrouvé pendu dans un hangar à Londres. « Justin est devenu le premier footballeur noir transféré [à Nottingham Forest] un million de livres, rappelait sa nièce Amal Fashanu en 2012http://roadsandkingdoms.com/2014/the-life-and-death-of-justin-fashanu/. Et avant toute chose, on doit se souvenir de lui comme l’un des footballeurs les plus talentueux de son époque. » FL

48. Dennis Wise

Pour les plus jeunes, se figurer Dennis Wise revient à imaginer un Joey Barton meilleur au football et à la baston, et avec plus d’humour. Pas rien. On parle ici d’un homme qui a débuté sa carrière au sein du « Crazy Gang » de Wimbledon, composé entre autres du terrible Vinnie Jones et de John Fashanu, avec qui il obtient la montée en première division et une coupe d’Angleterre, avec pas grand-chose d’autre que de l’intimidation et des coups d’épaules. Logique, donc, qu’il la finisse chez ces poètes de Millwall, en tant qu’entraîneur-joueur, qu’il emmène une nouvelle fois en finale de la Cup. Entre-temps, « Dennis the Menace » passe onze saisons à Chelsea, où il découpe autant ses adversaires que les fringues de ses coéquipiers. Pour l’amour de la vanne. ME

47. Matt Le Tissier

Tout le monde en a pris l’habitude, mais personne ne s’en lasse. Matt Le Tissier était un artiste. Une icône locale qui avait fait de Southampton son domaine personnel pendant seize longues années. De fait, en refusant de filer dans la gueule des requins qui lui tournaient autour, Le God a laissé son CV sans titre. Mais Le Tissier était un homme d’instants dont le plus beau restera à jamais dans le cœur des nostalgiques. Un soir d’octobre, en 1993, où le beau Matt avait décidé de renverser Newcastle avec une aile de pigeon et deux coups du sombrero dans la défense des Magpies. C’était une partie de lui. Un homme qui vivait au ralenti mais qui réusissait tout. Xavi en avait fait son idole de jeunesse – « pour moi, il était simplement sensationnel » – et la Premier League le considère comme l’un de ses monuments. Hors du temps. MB

46. Graeme Le Saux

Dans les mémoires collectives, l’image assimilée à Graeme Le Saux demeure cette extravagante altercation avec Robbie Fowler en 1999. 90 minutes durant, l’attaquant de Liverpool va rabaisser le latéral de Chelsea sur sa supposée homosexualité. D’un « lève-toi, pédé » à la mise en avant explicite de son postérieur, le Red table dans les vannes faciles. Mais ce serait faire abstraction d’une solide carrière dans les couloirs gauches britanniques, commencée dans le Chelsea bas de gamme de Dennis Wise, immortalisée dans le Blackburn dirigé par Kenny Dalglish – et rafraîchissant vainqueur de la Premier League en 1995 – avant de retourner chez des Blues transformés en fauteur de troubles, aux cotés de Gus Poyet, Lebœuf et Zola. Entre-temps, 36 sélections pour les Three Lions, deux nominations dans le XI de la Premier League, une réputation d’intello, justifiée, pour celui qui aime flâner dans les galeries d’art et, donc, pas mal de controverses liées à sa prétendue homosexualité. Et surtout, ce bijou contre la Seleção lors de l’Umbro Cup de 1995. ES

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45. Jimmy Greaves

« Nous étions au terrain d’entraînement des QPR, et Sky Sports repassait un but de Messi. Il pénètre dans la surface, prend son temps, attend que tous les défenseurs, puis le gardien, anticipent, puis la glisse dans le petit filet opposé. Mes joueurs sont devenus fous. Je leur ai dit que Jimmy Greaves en marquait un comme ça tous les week-ends, et parfois plus. Quand il avait la balle dans la surface, le monde s’arrêtait, c’est comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton pause de la télécommande.(…)On aurait dit que Jim était dans une autre dimension : plus lent, plus calme, détachant son esprit de l’agitation l’entourant. » Harry Redknapp n’a jamais mâché ses mots. Greaves était un talent brut, un gamin de Londres devenu légende à Chelsea et à Tottenham. Une référence nationale pour les buteurs, aussi, car il n’avançait que pour ça. Avant de lâcher le but pour la bouteille – « je suis complètement passé à côté des années 70. J’ai été bourré de 1972 à 1977 » (The Guardian, 2003) -, la faute à une finale de Coupe du monde ratée en 1966 après une blessure causée par Joseph Bonnel en poules. Ce jour-là, Greaves devait grimper au rang de mythe. MB

44. Jacky Charlton

Quand il vient l’heure de se souvenir de lui, c’est toujours le même mot qui revient. Jack Charlton était grand. Parce qu’il est d’abord le frère aîné de l’illustre Bobby. Parce qu’il était aussi à l’époque plus grand que les autres sur les pelouses (1m91), d’où son surnom de « Big Jack » . À Leeds United, seul club qu’il a connu au cours de sa carrière de joueur, le défenseur est même devenu immense en étant encore aujourd’hui le joueur avec le plus d’apparitions au compteur (773). En plus de vingt ans passés chez les Peacocks, Jacky s’érigeait comme le rempart infranchissable d’une équipe souvent prétendante au titre, mais qui ne parviendra finalement pas à garnir copieusement la salle des trophées (1 championnat, 1 FA Cup et 1 League Cup). « Oui, il y avait beaucoup de déception, mais il y avait aussi beaucoup de fierté, de passion et de discipline qui ont permis de garder la famille Leeds unie, quand nous aurions pu tomber en morceaux » , a-t-il assuré, un jour, en soldat éternellement fidèle. Un désappointement en partie accepté en raison du Mondial gagné par les Three Lions en 1966, où il formait une charnière centrale de choix aux côtés de Bobby Moore. Preuve ainsi qu’on peut être le « frère de » et également une légende. Même dans l’ombre. RD

43. Geoff Hurst

Il y a des questions qui hanteront l’humanité pour toujours. Qui a tué Kennedy ? Où est l’Atlantide ? Le ballon est-il rentré sur but de Geoffrey Hurst en finale de la Coupe du monde 1966 ? Sans doute la plus grande énigme de l’histoire du football. Finale du Mondial – qui a lieu en Angleterre -, les Anglais affrontent la RFA dans un Wembley chauffé par 96 000 spectateurs. Le casting est impressionnant. Gordon Banks, Bobby Moore, Bobby Charlton pour les locaux. En face, Uwe Seeler et Franz Beckenbauer sont prêts à tenir la baraque. Le match est dense, 2-2 à la fin du temps réglementaire, et la prolongation s’annoncent dantesques A la 100e minute, Geoff Hurst reçoit un ballon dans la surface. Il contrôle parfaitement avant de bombarder le but allemand. Barre ? But ? Ligne ? L’arbitre hésite, mais son assistant jure qu’il a vu la balle entrer, et le but est accordé dans une atmosphère irrespirable. Impossible de connaître la vérité, même aujourd’hui. Des chercheurs d’Oxford ont réalisé une étude biomécanique affirmant qu’il n’y avait pas but, mais d’autres enquêtes déclarent le contraire. Hurst lui-même livre un énigmatique : « Je n’ai pas vraiment vu s’il y avait but, mais j’ai senti que le ballon était dedans. » Dans le fond, il s’en fout. Il a marqué un triplé ce jour là – un record qui tient toujours pour une finale de Coupe du monde – et a soulevé le trophée dans la foulée. AD

42. Martin Keown

Que ces Invincibles étaient beaux. En cette saison 2003-2004, Arsenal a dévoré la Premier League comme jamais. Les Gunners terminent invaincus, Titi Henry claque ses 30 buts en championnat, et l’historique Martin Keown dit adieu à son club de cœur après presque quinze ans de bons et loyaux services, direction Leicester. Formé à Arsenal, ce défenseur dans la pure tradition anglaise – terme politiquement correct pour dire dur sur l’homme – ne s’impose pas immédiatement à Londres et va servir quelques années à Aston Villa ou Everton avant de retrouver les Canonniers. Trois fois champion d’Angleterre, il s’affirme aussi comme l’un des patrons de la défense en sélection. Vingt ans de tacles, de combats, de titres et de hargne, tout ça pour que sa vidéo la plus vue sur Youtube – et de très loin – soit cette séquence digne d’un mauvais bêtisier. AD

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41. Duncan Edwards

C’était en 1948. « J’ai vu aujourd’hui un jeune écolier de douze ans qui mérite une attention toute particulière. Son nom est Duncan Edwards, de Dudley. » Voilà comment est née la légende Duncan Edwards, étoile filante du siècle dernier. Autour d’un télégramme envoyé par Jack O’Brien à Matt Busby. Edwards s’apprêtait alors à commencer une formation de charpentier, à continuer sa vie de garçon autour de la pêche, des jeux de cartes, lui qui a toujours été décrit comme « réservé » . Reste qu’une fois sur la pelouse, Duncan Edwards était le meilleur. Selon la légende, il aurait dû être meilleur que tous les autres. Bobby Charlton explique que que le jeune milieu « était le seul qui me faisait sentir inférieur » . Stanley Matthewsparle de lui comme « d’un roc dans une mer démontée » . Alors il sera Big Dunc, The Tank ou encore Boom boom. Une promesse non tenue de Manchester United, fauchée par le destin, lors de la catastrophe de Munich. Il n’avait que 21 ans. MB

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