- En route vers l'Euro 2016
- Top 100 Allemagne
Ils ont marqué le foot allemand, de 80 à 71
Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Allemagne, avec les joueurs classés de la 90e à la 81e place.
80. Hansi Müller
Avec sa chevelure noir de jais et son teint halé, Hansi Müller n’avait pas grand-chose du Souabe typique. Enfant, ses idoles n’étaient pas allemandes, mais brésiliennes. À l’âge de huit ans, il part même chez le coiffeur en douce pour se faire couper les cheveux de la même manière que Pelé. Ses parents seront horrifiés par cette coupe très très courte et pas franchement faite pour un petit garçon allemand. « Quand mes parents m’ont vu, je leur ai dit que Pelé était mon idole et que si j’avais envie de me coiffer comme ça, je le ferais » , a-t-il confessé un jour. Et c’est entre autres pour ce style résolument différent des autres joueurs allemands de l’époque qu’Hansi Müller a autant marqué ses contemporains. De son pied droit, il ne s’est quasiment jamais servi, le gauche étant selon ses dires « un don du ciel » . Ce ne sont pas les supporters du VfB Stuttgart ou de la Nationalmannschaft qui diront le contraire. Si sa carrière connut des hauts et des bas – son passage en Italie fut globalement décevant, si on excepte quelques patates de loin – et que hormis un titre de champion d’Europe en 1980, son palmarès est vierge, sa patte gauche fit rêver toute une génération. Devenu plus « allemand » avec le temps, Hansi Müller se transforma en VRP pour diverses entreprises et déclara un jour qu’un joueur teuton se devait d’être « bosseur et rugueux » avant toute chose. Tout ce qu’il n’était pas vraiment. SS
79. Andi Möller
Quand on pense à Andi, on se rappelle ses surnoms : la pleureuse, Heintje (sorte de Jordi qui chantait Mama), Judas… Plongeur, truqueur, capable de quitter Dortmund pour Schalke, Möller n’était pas dans tous les cœurs. Capable aussi de balancer « Milan ou Madrid – L’essentiel, c’est que ce soit en Italie ! » , même s’il le nie, avant d’atterrir finalement à la Juventus Turin. Qu’importe, il voyait le jeu comme peu, avec une technique à l’avenant. Mieux, il a tout gagné : Bundesliga, DFB Pokal, Coupe de l’UEFA, Ligue des champions, Euro, Coupe du monde ! Et tant pis s’il a dû battre le BvB avec la Juve pour l’UEFA, ou la Juve avec le BvB pour la CL. Une dernière image demeure : demi-finale de l’Euro 96 face à l’Angleterre, Möller, averti et du coup suspendu pour l’éventuelle finale, réussit le tir au but de la qualification, avant d’imiter la célébration de Paul Gascoigne. Andi, on lui dit oui. CAL
78. Andreas Köpke
Il est l’un des gardiens allemands les plus populaires et pourtant, on ne peut pas dire que son palmarès soit ahurissant. En club, il n’a gagné qu’un titre de champion de 2. Bundesliga et a même réussi l’exploit de descendre six fois en 2e division. Avec l’équipe nationale, il a eu un peu plus de chance. Champion du monde en 1990 – bien qu’il n’ait pas joué une seule minute, Beckenbauer lui ayant préféré son rival Bodo Illgner -, il est aussi et surtout champion d’Europe 1996. Un titre dont il fut l’un des principaux artisans. Mais si l’on compare avec certains gardiens allemands passés avant et après lui, cela ne pèse pas bien lourd. Finalement, si Köpke a marqué les esprits, c’est avant tout grâce à son style ou plutôt son absence de style. Puissant, trapu, aimant boxer des poings, Köpke n’était pas un esthète, mais un gars solide, toujours là quand il faut. Un bon gars du Nord de l’Allemagne, pas là pour se la jouer « meilleur gardien du monde » après chaque arrêt. Une fois sa retraite de joueur prise, « Andy » est resté dans le football, puisque depuis 2004, il entraîne les gardiens de la Nationalmannschaft. Manuel Neuer avoue bien souvent que Köpke est celui qui l’empêche de faire « un peu trop n’importe quoi sur le terrain » . Et bien lui en prend, visiblement. SS
77. Hans-Jürgen Dörner
Si la RFA avait Franz Beckenbauer, la RDA pouvait se targuer d’avoir Hans-Jürgen Dörner. Même s’il n’aimait pas trop la comparaison ( « On jouait au même poste, mais on ne jouait pas de la même manière » ), « Dixie » entretient néanmoins quelques parallèles avec le « Kaiser » . Son nom est indissociable de son club, le SG Dynamo Dresde, avec lequel il a joué pendant 18 saisons (1968-86). Cinq fois champion d’ex-RDA et quatre fois vainqueur de la Coupe, Dörner a également été élu trois fois meilleur joueur de l’Oberliga – seul le gardien Jürgen Croy a fait aussi bien. Durant sa carrière, Dörner n’a pas marqué que l’histoire de son club : il a également été un pilier de l’équipe nationale. Vainqueur des Jeux olympiques de 1976, « Dixie » est le seul joueur est-allemand à avoir atteint le cap des 100 sélections. Et puis il restera à jamais dans l’esprit des fans de l’Allemagne de l’Est comme ayant fait partie de l’escouade de 74 qui a battu 1-0 son homologue de la RFA lors du Mondial allemand. Toujours ça que Beckenbauer n’aura pas. AF
76. Olaf Thon
Olaf Thon a du sang bleu. Du bleu roi. Ce n’est pas qu’il est noble. Au contraire, Olaf Thon est un enfant du charbon. Son bleu à lui, c’est celui d’une équipe de quartier de Gelsenkirchen : Schalke 04. C’est avec son Null Vier qu’il vit un match fou contre le Bayern en 84 – un 6-6 où il est responsable de trois buts – un jour après ses 18 ans. Tuttosport le nomme déjà « Maradona du football allemand » . Udo Lattek, coach du Bayern, l’empresse de le rejoindre. Et Olaf Thon a un secret : le FCB est son deuxième club de cœur, à cause de Gerd Müller. « Petit, je dormais dans des draps du Bayern » , avoue-t-il. Thon résiste tout de même, un temps. Il signe en 1988 pour empocher trois championnats (et une Coupe du monde) et rentre à 28 ans chez lui. Olaf Thon a déjà remporté l’essentiel et peut se consacrer aux siens, pour gagner deux Pokal et une C3. Il ne manque alors qu’une chose : le titre qui compte le plus, le championnat. En 2001, il y touche du bout des doigts. Le Schale s’évapore pour quatre cruelles minutes. Et ainsi, Olaf Thon s’avère être un Schalker pur et dur, à la fois beau, doué et un peu loser. CT
75. Franz Roth
Déjà, quand vous êtes surnommé « Bulle » , soit le taureau (et non savon), on peut déjà partir du principe que vous n’êtes pas un rigolo. Roth était les grosses jambes musclées qui sévissaient au milieu du Bayern des années 1970, celui qui a tout gagné. Souvent grâce à lui d’ailleurs. Son truc, c’était clairement les buts dans les grands moments. En 1967, il marque l’unique but de la finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe à la 108e minute, offrant au Bayern son premier succès européen. En finale de la CL 1975, il ouvre le score contre Leeds et broie Billy Bremner. Enfin, souvenir cruel s’il en est pour certains, Roth bat Saint-Étienne d’un coup franc en 1976. Certains ne s’en sont jamais remis. Putain de poteaux carrés. CAL
74. Jürgen Sparwasser
S’il ne fallait retenir qu’un moment dans la carrière de Jürgen Sparwasser, ce serait forcément ce but inscrit pour la RDA face à la RFA lors de la Coupe du monde 1974. Ce pion, marqué à la 77e minute d’un des matchs les plus politisés de l’histoire du football, a fait de lui une star et l’a placé, bien malgré lui, au cœur d’une incroyable tempête médiatique dans son pays. À l’époque, la rumeur voulait que le gouvernement de la RDA l’ait couvert d’or pour le remercier d’avoir fait honneur à son pays sur les terres de l’ennemi ouest-allemand. « Selon les bruits qui couraient, on m’aurait remercié après ce but avec une maison, une voiture et de l’argent en liquide. Je peux vous assurer que ce n’est pas vrai » , expliquera l’intéressé après sa défection vers le bloc de l’Ouest en 1988. Et si la carrière de l’attaquant aux 49 sélections se résume souvent à cet instant de gloire, il ne faudrait pas oublier qu’il fut une des composantes essentielles du 1. FC Magdebourg et de son épopée européenne de 74. En 298 matchs sous les couleurs du club saxon, il aura marqué 133 buts. Pas mal pour quelqu’un qui arrêta sa carrière à 31 ans seulement. SS
73. Hans-Peter Briegel
Fils de fermier, Hans-Peter Briegel a toujours eu besoin du grand air. Pour vider ses trop grands poumons, il se tourne dans un premier temps vers l’athlétisme : le saut en longueur, le triple saut, le décathlon. Pas trop à l’aise avec le lancer de javelot, il se tourne vers le football à 17 ans. Frustré dans un premier temps, il se peaufine en défense à Kaiserslautern, infatigable, taclant sans relâche. Il éclate véritablement au Hellas Verone, dans une équipe d’underdogs qui remporte la Serie A en 1984-195, en dépit de tout, à l’envie. « Die Walz aus der Pfalz » (Le rouleau du Palatinat) est alors élu footballeur allemand de l’année, une première pour un joueur évoluant à l’étranger. Avec l’Allemagne, on se souvient avant tout de ses erreurs : un penalty concédé en finale 82 (qui sera raté) et surtout un mauvais positionnement qui permit à Maradona d’envoyer Burruchaga au but et à la victoire en 86. Ce sera sa dernière sélection. CAL
72. Horst-Dieter Höttges
En 1965, le Werder Brême remporte, à la surprise de tous, le premier championnat de son histoire, et ce, l’année des 1000 ans de la ville de la Hanse. Dans cette équipe que l’on dit pourtant « sans stars » , un nom va se dégager : celui de Horst-Dieter Höttges. Stoppeur infranchissable, Höttges était surnommé « Eisenfuß » , le pied de fer. Selon l’intéressé lui-même, c’est Günter Netzer qui lui aurait donné ce surnom. Selon d’autres, il lui aurait été attribué après une vilaine faute sur un joueur du Borussia Neunkirchen, une faute qui a passablement énervé un supporter qui est venu se battre avec lui sur la pelouse. Höttges était un dur, un vrai, et avait promis que tant qu’il était là, le Werder ne descendrait jamais. Et force est de constater qu’il a tenu parole, puisque durant les 14 ans qu’il a passés sur les bords de la Weser, jamais les Vert et Blanc n’ont connu la 2. Bundesliga. Néanmoins, Höttges ne connaîtra pas d’autres joies en club que celle du titre de 1965, le Werder ne jouant plus vraiment les premiers rôles dans les années 70. Heureusement pour Höttges, il y avait l’équipe nationale. Avec la Mannschaft, l’un des gardes du corps de Beckenbauer a d’abord échoué en finale (1966), puis sur le podium (1970), avant de réaliser le doublé Euro 72-Coupe du monde 74. Deuxième joueur le plus capé de l’histoire du Werder avec 420 apparitions, l’ « Eisenfuß » est une légende à Brême. La preuve : un artiste a réalisé une sculpture de sa jambe, et on peut l’admirer juste devant la Ostkurve du Weserstadion. AF
71. Christian Ziege
Avec un blase fleurant bon l’Allemagne et jouant défenseur, Christian Ziege aurait pu avoir un jeu rugueux. En jetant un œil dans le dico, on peut même s’attendre à un tocard, une « chèvre » littéralement. Mais Christian a été à bonne école, parti de Berlin à sa majorité pour rejoindre la Bavière. Mais depuis son flanc gauche, et malgré son numéro 3, Ziege était avant tout un joueur offensif, du genre à percer les lignes et essayer sa patte gauche à la frappe dès que possible. Suffisant pour marquer 36 buts en Bundesliga (en 196 matchs) et 15 en Premier League (pour 92 rencontres). Soit une flagrante régularité à la finition, avantagé par son pied magique. Car si ce n’était pas dans le jeu, il restait encore les phases arrêtées, un régal pour sa qualité de frappe. Dès lors, il est le successeur désigné d’Andreas Brehme avec la Nationalmannschaft. C’est là la seule ombre au tableau : un rendement moindre en sélection. Sa présence est régulière, mais son jeu semble bridé, et l’Allemagne est en léger déclin, avec un seul petit Euro pour palmarès. En somme, une carrière mi-chèvre, mi-chou. CT
Par Ali Farhat, Charles Alf Lafon, Sophie Serbini et Côme Tessier