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Ils ont marqué le foot allemand, de 40 à 31

Par Ali Farhat, Charles Alf Lafon, Sophie Serbini et Côme Tessier
Ils ont marqué le foot allemand, de 40 à 31

Chaque mois, jusqu'à l'Euro, Sofoot.com retracera les 100 joueurs qui ont marqué le football italien, espagnol, allemand, anglais et français. On continue avec l'Allemagne, avec les joueurs classés de la 40e à la 31e place.

40. Fritz Szepan

Né et mort à Gelsenkirchen, Fritz Szepan incarne avec son beau-frère Ernst Kuzorra la légende du Schalke de l’entre-deux-guerres. Le milieu de terrain était, selon le grand Helmut Schön, « capable d’injecter une rapidité folle au jeu tout en étant lui-même très lent » , mais aussi « susceptible de défendre comme un défenseur pur et de marquer des buts comme un attaquant » . Cette polyvalence lui a permis de poser Schalke six fois sur le toit de l’Allemagne. Et contrairement à son acolyte, Fritz Szepan connut aussi une jolie carrière en équipe nationale, avant que la guerre ne coupe court à toute activité récréationnelle. Il en fut le capitaine de 1934 à 1938 et fut ensuite le leader de « l’équipe réunifiée d’Allemagne » de 1938 à 1939. Mais s’il peut compter 34 sélections et une dizaine d’apparitions en Coupe du monde, ce n’est pas que grâce à son talent pourtant immense. Membre du NSDAP, Fritz Szepan a fermement soutenu la politique du IIIe Reich, ce qui ne fut pas le cas de tous les joueurs de l’époque. Durant les années 30, l’icône de Schalke a notamment profité de l’aryanisation pour récupérer un commerce appartenant à une famille juive. Un fait qui ne sera connu que bien après sa mort et qui entachera quelque peu sa légende. SS

39. Toni Turek

« Turek, du bist ein Teufelskerl ! Turek, du bist ein Fußballgott ! Entschuldigen Sie die Begeisterung, die Fußballlaien werden uns für verrückt erklären… » ( « Turek, tu es un champion ! Turek, tu es un dieu du football ! Pardonnez l’excitation, les profanes du football vont nous dire fous » ). Dans ce qui deviendra le Wunder von Bern, Toni Turek réalise sans doute la plus belle parade de l’histoire allemande, du moins la plus importante, face à Nándor Hidegkuti, à la 8e minute. Suffisant pour rendre fou le légendaire commentateur radio Herbert Zimmermann, qui invente alors le terme « Fußballgott » . De quoi affoler l’Église, qui le força à des excuses publiques. Qu’importe, l’expression passera à la postérité, tout comme Turek. Un homme qui aurait pu ne jamais jouer cette Coupe du monde. Repéré dès ses 17 ans, ce boulanger perd ses meilleures années à la guerre, où il prend un éclat d’obus dans le casque. Chanceux, il doit finalement attendre ses 31 ans pour faire ses débuts avec la NM reconstruite, et ses 35 pour devenir le premier « Fußballgott » . CAL

38. Mehmet Scholl

Fils d’un Turc – qu’il n’a jamais vraiment connu – et d’une Allemande, Mehmet Tobias Yüksel est devenu Scholl lors de l’arrivée d’un beau-père dans la famille. Originaire du Bade-Würtemberg, ce grand fan du jeu de quilles (il a fini vice-champion d’Allemagne chez les jeunes) a débuté à Karlsruhe, aux côtés d’un certain Oliver Kahn. Transféré par la suite au FC Bayern Munich, Scholl s’imposera vite comme l’un des joueurs les plus charismatiques de la « Stern des Südens » (l’Étoile du Sud) et se forgera un palmarès éloquent : huit titres de champion d’Allemagne (un record partagé avec Oliver Kahn, puis avec Bastian Schweinsteiger depuis peu), cinq Coupes, une Ligue des champions en 2001, une C3 et un Euro en 1996. Sa technique et son sens du dribble ont fait de lui l’un des joueurs les plus séduisants des années 90. Mehmet est beau, et il le sait. On parle quand même d’un homme qui a dit un jour : « Je ne me suis jamais embrouillé avec ma femme. Sauf la fois où elle a voulu apparaître sur la photo de mariage. » Un génie. AF

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37. Klaus Allofs

C’est dans un français presque parfait que Klaus Allofs est encore capable de s’exprimer aujourd’hui. Celui qui a écumé les pelouses françaises pendant trois ans avec Marseille puis Bordeaux est à jamais le plus français des joueurs allemands. Mais avant et après son escapade française, le natif de Düsseldorf a régalé l’Allemagne et fait trembler les filets adverses 177 fois, ce qui le place dans le top 10 des meilleurs buteurs de la Ligue. Rien que ça. Autrefois joueur le plus cher de l’histoire de la Bundesliga – son transfert du Fortuna Düsseldorf au 1.FC Köln en 1981 coûta la somme de 2,5 millions de DM, une folie pour l’époque -, Klaus Allofs connut en revanche une carrière un peu étrange en équipe nationale. Meilleur buteur de l’Euro 1980, il réussit lors du tournoi à coller un hat-trick à l’ennemi néerlandais. Mais après cette date, bien que souvent sélectionné, il ne connaîtra plus le même succès et sera vite supplanté par Rudi Völler et Jürgen Klinsmann. Devenu directeur sportif après l’arrêt de sa carrière de joueur, il fera les grandes heures du Werder Brême et essaye dorénavant de faire de Wolfsburg, une autre équipe en vert, un géant d’Allemagne. Deux équipes qui comme lui préfèrent clairement marquer des buts.SS

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36. Manfred Kaiser

Si Manfred Kaiser n’apparaît pas parmi les plus grands palmarès allemands, c’est principalement dû à sa naissance. Manni grandit à l’Est… et refuse de prendre sa carte au Parti. Il en paye le prix. Et malgré tout, il est le premier « joueur est-allemand de l’année » , à 34 ans ; il atteint les 31 sélections avec la RDA et mène le Wismut Karl-Marx-Stadt jusqu’à trois titres nationaux. En 1956, il joue lors du premier duel entre Allemands en C1, devant 100 000 spectateurs. Wismut perd 5-3 contre le Lautern de Fritz Walter. Et pourtant, Kaiser est probablement le premier grand joueur en RDA et le pays passe totalement à côté, dans sa majorité. Sauf pour certains qui ne s’y trompent pas. Son coéquipier Dieter Erler n’hésite pas quand on lui demande de désigner le meilleur joueur de l’histoire à l’Est. « Ses longues passes linéaires étaient un régal. » Kaiser était à la fois « un technicien et un stratège » . Mais la politique réduit définitivement sa carrière à une peau de chagrin, même après avoir raccroché les crampons. Sans carte, il n’accédera jamais à une place de technicien dans une équipe de l’élite. Comme le dit le dicton, malheureusement, nul n’est Kaiser en son pays. Sauf un. CT

35. Steffan Effenberg

Stefan Effenberg, ce n’est pas qu’un joueur. C’est une figure, un visage, une gueule devenue commune aux grandes heures de L’Équipe du dimanche. C’est alors sa deuxième pige en faveur du Bayern, qui se bat pour obtenir enfin une victoire en finale de C1. En 2001, c’est enfin le succès au niveau européen pour le FCB. Le « tigre » en est évidemment le moteur et il est reconnu comme tel, avec le titre de joueur européen de l’année. Avant cela, la carrière d’Effenberg connaît quelques hauts et beaucoup de déceptions, entre Coupe du monde 94 ratée, descente en Serie B avec la Fiorentina de Laudrup et Batistuta ou encore un premier passage au Bayern ponctué d’échecs. Mais Effe ne lâche rien et repart depuis le début. Il retourne à Gladbach, avec lequel il gagne la Pokal, puis revient au Bayern. C’est l’été 98. Effenberg est à maturité. La suite est connue : c’est l’heure de gloire. Mais Effe ne fait pas oublier son péché mignon, quand le tigre est en lui. Le joueur est un poil brutal, même s’il le fait avec correction. Il détient ainsi le record de cartons jaunes en Bundesliga, plus de 110, pour seulement quatre cartons rouges directs. C’était ça, le mythe Effenberg dans le Bayern de 2000 : une gueule cassée au milieu du terrain, et quelle gueule ! CT

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34. Rainer Bonhof

Demandez encore aujourd’hui à Ray Clemence, gardien du grand Liverpool, ce qu’il pense de Rainer Bonhof : sa réponse sera sans aucun doute teintée d’effroi. « Les frappes de Rainer Bonhof sont plus dangereuses que les tirs de Wyatt Earp (le célèbre Marshall américain connu pour le règlement de comptes à OK Corral) » , a-t-il dit un jour après avoir failli prendre un coup franc de 200km/h dans la tronche. Maître ès patates, Rainer Bonhof est devenu en quelques décennies le père spirituel de tous ceux qui aiment balancer de grosses sacoches d’en dehors de la surface. Mais réduire sa carrière à une dizaine de frappes puissantes serait bien dommage. Membre éminent du grand Mönchengladbach des 70s, il était un passeur hors pair, comme en témoigne sa passe décisive pour Gerd Müller, lors de la finale de la Coupe du monde 1974, alors qu’il n’avait que 22 ans. Joueur précoce (il fut jusqu’en 2014, le champion du monde allemand le plus jeune), il mettra un terme à sa carrière à seulement 31 ans à cause d’une blessure à la cheville. Aujourd’hui vice-président de Gladbach, il crie encore et toujours son amour pour les Poulains. « Gladbach a toujours été chez moi, j’aime le club, la ville, la nature et surtout tous mes amis sont ici » , a-t-il déclaré récemment. Il faut dire que passer ses soirées avec Jupp, Günter et Berti, ça doit être assez sympa. SS

33. Horst Hrubesch

« Manni Banane, ich Kopf – Tor » ( « Manni Banane, je mets une tête – But » ). Fin des années 70, début des années 80, la stratégie du grand Hambourg est des plus simples : « centre-banane » (ou « Bananenflanke » ) de Manfred Kaltz, dit Manni, tête d’Hrubesch, la « Girafe » , « Das Kopfball-Ungeheuer » ( « la bête de la tête » ). Dans le sillage de son attaquant typique (1,88m, 88kg), le HSV écrase l’Allemagne et l’Europe. Et en 1980, appelé de dernière minute par la RFA après la blessure de Klaus Fischer, il offre le titre aux siens d’un doublé en finale face à la Belgique. Belle issue pour un joueur éclos sur le tard, qui évoluait encore dans les divisions inférieures à 23 ans et fit ses débuts avec la NM à 28 ans. Au total, il marquera 136 buts en 224 matchs de Bundesliga, une unité de moins qu’Uwe Seeler, la légende qu’il remplaça avec brio à Hambourg. Aujourd’hui, HH apprend aux jeunes Teutons à faire des têtes, sélectionneur des U21 et de l’équipe olympique.

32. Hans-Georg Schwarzenbeck

Katsche est l’archétype du joueur de l’ombre, et pourtant tellement essentiel. Increvable, rugueux, dur sur l’homme, il a passé toute sa carrière au Bayern, de 1966 à 1982, occupé à protéger Beckenbauer, au point d’être surnommé le « Nettoyeur du Kaiser » . Franz l’emmena d’ailleurs avec lui en NM, manœuvrant pour sa venue, avec le succès que l’on connaît. Le palmarès est à la hauteur : 416 matchs de championnat, 70 en Europe, 44 sélections, six titres en Bundesliga, une Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes, trois Ligues des champions, un Euro et une Coupe du monde. Comme beaucoup d’autres, il eut droit à son moment de gloire lors de la finale de la LdC 74 face à l’Atlético de Madrid. Alors que le Bayern est mené 1-0 après le but de Luis Aragonés inscrit à la 114e minute, il reste vingt secondes. Katsche récupère la balle aux vingt-cinq mètres et ne trouve rien de mieux à faire que de tenter sa chance. « Ne tire pas, s’il te plaît » , pense Breitner, alors que Müller s’apprête à lever les bras pour demander une passe. Quoi qu’il en soit, Miguel Reina, le père de Pepe, ne peut rien faire, et Katsche trouve le chemin des filets. Il y aura rematch et victoire 4-0. Katsche finira au Hall of Famedu Bayern pour ses bons et loyaux services. CAL

31. Toni Kroos

Kroos a grandi avec le numéro 10 comme objectif, celui de son idole Johan Micoud au Werder. Heynckes a vu en lui le successeur de Netzer et Overath, Karl-Heinz Rummenigge a promis que le « numéro 10 est réservé pour le retour de Toni » au moment de son prêt à Leverkusen (même s’il n’aura que le 39), Franck Ribéry l’a adoubé au Bayern ( « Kroos est notre véritable numéro 10 » ). Joachim Löw en a fait son meneur incontesté au Brésil, n’hésitant pas à exiler Özil sur un côté pour cela. À la clef, un titre mondial et une influence incroyable. Las, Kroos est parti chercher la lumière – et l’argent – que lui refusait le board munichois, où il est obligé de jouer numéro 6 pour exister. Ce qui est toujours mieux que Metzelder. Qu’importe, Toni, seul natif d’Allemagne de l’Est sacré au Brésil, restera peut-être le joueur le plus essentiel du titre de 2014. CAL

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