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Ils ont marqué le foot africain (50 à 41)
Après l'Europe et l'Amérique du Sud, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football africain. Aujourd'hui, de la 50e à la 41e place.
50. Jean Manga Onguéné
Un club, un pays. En Afrique, Jean Manga Onguéné a deux synonymes : Cameroun et Canon Yaoundé. L’histoire, qui durera entre 1966 et 1982, commence par une banale rencontre contre Caïman Douala que Canon Yaoundé bat 7-1. Parmi les buteurs, Onguéné… auteur d’un quintuplé. Suivront six coupes du Cameroun, autant de championnats, trois Ligues des champions de la CAF et un statut de meilleur joueur africain en 1980. Deux ans plus tard, il se blesse et ne peut participer au Mondial. Son remplaçant ? Roger Milla. Chouette passage de flambeau. FC
49. Asamoah Gyan
S’il l’avait transformé, il serait classé plus haut. Bien plus haut. Au vrai, on ne peut même pas dire que le penalty était mal tiré. Mais en allant s’écraser sur la barre, le ballon fit d’Asamoah Gyan le héros malheureux de ce quart de finale de Coupe du monde 2010 contre l’Uruguay. Car quand la main de Luis Suárez stoppe la balle sur la ligne de but sud-américaine à la dernière minute de la prolongation, toute l’Afrique imagine déjà le Ghana dans le dernier carré du Mondial. Une première pour un pays du continent. Le courage et la confiance de l’avant-centre ne suffisent finalement pas, et les Black Stars seront cruellement éliminés aux tirs au but. Au bout d’une séance que Gyan avait entamée pour sa nation, envoyant le cuir dans la lucarne sous le boucan des vuvuzelas. Mais ça, tout le monde l’a oublié. FC
48. Trésor Mputu
Pour ce qui est du talent pur, ils sont peu à rivaliser. C’est du moins l’avis de Claude Leroy, qui trouve Mputu supérieur dans ce domaine à Samuel Eto’o. Ou de Patrice Carteron, qui l’a entraîné au TP Mazembe : « Trésor, c’est le « Zidane » congolais. » Un joueur d’exception, dont les deux plus grands faits de gloire collectifs sont le sacre en Ligue des champions avec le TP Mazembe en 2009, et la victoire au CHAN avec la RDC, la même année. À côté, pour faire joli, on trouve cinq titres nationaux, une finale de Coupe du monde des clubs, des records personnels à la pelle et un titre de meilleur joueur évoluant sur le continent en 2010. Une question demeure. Pourquoi pas d’Europe ? « C’était le chouchou du président, qui ne voulait pas le lâcher. Lui, de son côté, n’a jamais réussi à se détacher de ces racines, analyse Patrice Carteron, sur un divan. C’est dommage, car c’est quelqu’un qui avait vraiment le talent pour jouer dans les plus grands clubs du monde. » Arsenal, Tottenham, Liège, Galatasaray… Tout le monde bave. Mais en août 2010, le prodige agresse violemment un arbitre, lors d’un tournoi amical au Rwanda. Un coup de sang qui lui vaut une suspension de douze mois et une pluie de critiques de la part des médias, qui l’accusent d’avoir abandonné son club et sa sélection au plus mauvais moment. Autant dire que son retour, un an après, est scruté par tout le monde. Et il ne va pas décevoir. Lancé dans la profondeur, Mputu ouvre le score au bout de 46 secondes de jeu. Mais oui, t’es beau mon trésor. CG
47. Karim Abdul Razak
On l’appelait le « Golden Boy » pour son but décisif inscrit en demi-finales de la CAN 78 face à la Tunisie, le but de la victoire. Grâce à son talent, le Ghanéen mène les Black Stars sur le toit du continent. Logiquement récompensé, il obtient le titre de meilleur joueur africain quelques mois plus tard. Milieu de terrain, Karim Abdul Razak a d’abord traîné ses crampons sur les terrains locaux, ceux de Cornestones et de l’Asante Kotoko. Puis il s’envole pour les États-Unis, rien de surprenant pour le Golden Boy. Aux New York Cosmos, le Ghanéen retrouve l’Allemand Franz Beckenbauer et le Brésilien Carlos Alberto, d’autres joueurs aux pieds d’or. Après le bling-bling et un passage au Moyen-Orient, Karim Abdul Razak reviendra en Afrique et fera le bonheur d’Al Ain en Égypte, de l’Asante Kotoko, puis de l’Africa Sports en Côte d’Ivoire. FC
46. Jules Bocandé
Pour comprendre qui est Jules Bocandé, il faut revenir le 10 août 1980. Son club, le Casasport, affronte en finale de Coupe du Sénégal l’ASC Jeanne d’Arc, basée à Dakar. Aujourd’hui, la Casamance est en guerre depuis trente-cinq ans. C’est le plus vieux conflit d’Afrique. Et ce match truqué n’y est pas étranger. Sous tension, Jules Bocandé s’y illustre en plaçant un violent croche-pied à l’arbitre, qui a fait retirer un penalty imaginaire, finalement marqué par Jeanne d’Arc. « L’arbitre est tombé, et mes équipiers ont débarqué pour le rouer de coups, se souvient Demba M’Baye, l’ancien capitaine du club. J’essayais de calmer les gars, mais j’avais beau crier, ils ne m’écoutaient pas. » C’est la baston générale. Les supporters envahissent le terrain, les forces de l’ordre interviennent. Le Premier ministre est exfiltré. Deux ans plus tard, la Casamance est en sang… « Ce match a été l’un des facteurs déclencheurs du conflit casamançais par la frustration et le mécontentement qu’il a engendrés dans la population » , se souvient Nouha Cissé, l’ancien président du Casa. « Suspendu à vie » , Bocandé exporte ses dreadlocks en Europe. En 1986, il devient meilleur buteur de D1 avec Metz, puis fait partie du triomphe contre le FC Barcelone. Par la suite, il se loupe au PSG, mais cartonne à Nice, où il claque 36 buts en 61 matchs. Forcément, le Sénégal se dit que ce serait bien de le réintégrer. Bien pensé. En 1986, Bocandé claque un hat-trick face au Zimbabwe, permettant à son pays de retrouver la CAN après dix-huit ans d’absence. CG
45. Daniel Amokachi
De récurrents problèmes au genou ont eu raison du Buffle. Formant un trio magique avec Yekini et Amunike, Amokachi avait tout pour devenir l’un des meilleurs, en témoigne son but face à la Grèce lors de la Coupe du monde 1994. Contrôle orienté, conduite de balle redoutable, équilibre parfait, frappe limpide : la lucarne. Malgré une carrière éclair, stoppée à vingt-huit ans, Amokachi a récolté des trophées comme deux souliers d’ébène avec le FC Bruges, récompensant le meilleur footballeur africain de Belgique, une médaille d’or aux JO 96 et une Coupe d’Afrique en 94. FB
44. Tarak Dhiab
Zinédine Zidane était appelé à devenir président de la République de son pays en 1998 ? Tarak Dhiab, lui, est réellement devenu ministre de la Jeunesse et des Sports de la Tunisie. C’est dire la popularité du milieu reconverti en politique. Avant sa carrière au gouvernement, l’ « empereur du football » avait fait rêver la population qu’il a servie à plus de cent reprises. Ballon d’or africain en 1977 (seul joueur tunisien à avoir été distingué de la sorte), il remporta six titres de champion avec l’Espérance de Tunis entre 1975 et 1989 et participa à la première victoire d’une nation africaine en Coupe du monde en 1978. Michel Platini en parle comme d’un joueur à « la classe pétillante » , doté de « touches de balle subtiles » et un « sens aigu de l’organisation » . Un mélange de Zidane et Platini, donc. Sans exagération aucune. FC
43. Alain Gouaméné et Boubacar Barry Copa
Deux gardiens ivoiriens. Deux finales de CAN contre le Ghana. Deux séances de tirs au but interminables. À vingt-trois ans d’intervalle, les prestations d’Alain Gouaméné et de Boubacar Barry Copa se ressemblent tellement qu’elles forgent la légende ivoirienne. Le premier, recordman de participations à la CAN, réalise le rêve de tout un peuple en 1992. Il marque en tant que dixième tireur, avant de réaliser l’arrêt décisif, devant Anthony Baffoe. « Quand j’ai eu la balle dans la main, c’était une délivrance. J’ai explosé. Chez nous, on dit que tu peux gagner dix coupes d’Europe, mais si tu n’as pas gagné la CAN, c’est comme si tu n’avais pas joué au football. » En 2015, Boubacar Barry Copa, modeste gardien de Lokeren, marche dans les pas de son modèle. Entre deux crampes, il repousse un penalty et donne la victoire à son équipe d’un plat du pied. Que c’est beau ! Au bout du rêve, la Côte d’Ivoire gagne sa deuxième étoile. Alain Gouaméné exulte, son élève est devenu son héritier. En larmes, Boubacar Barry Copa ne réalise pas et propose une séquence restée célèbre face caméra : « Je ne suis pas grand, ni par le talent ni par la taille. Mais j’ai toujours voulu travailler et progresser.(…)J’ai été tellement critiqué, ma maman souffrait.(Il pleure.) Merci à elle, merci à tous les Ivoiriens. Il n’y a pas de place pour tout le monde ; mais il y a la place pour le travail. Dieu m’a récompensé. » CG
42. Emmanuel Amunike
« C’est mon étape vers l’histoire du football africain, je devançais des joueurs comme Weah, Yakıni, Ikpeba, alors que je ne jouais même pas en Europe ! » En 1994, année de son Ballon d’or continental, Emmanuel Amunike marche sur l’eau. Déjà garni de deux championnats d’Égypte et une Ligue des champions de la CAF, son palmarès va vite s’en ressentir : en deux ans, il remporte la Coupe d’Afrique des nations (doublé en finale) et les Jeux olympiques (un pion en finale) avec le Nigeria et part au Sporting Portugal gagner la coupe. Il poursuit son beau parcours en rejoignant le grand Barça. Mais le plus joli reste peut-être son aventure à la Coupe du monde 1994, pendant laquelle les Super Eagles atteignent les huitièmes de finale et poussent les Italiens jusqu’en prolongation. What else ? FC
41. Frédéric Kanouté
Increvable. Frédéric Kanouté a tellement habitué les supporters à marquer des buts qu’on l’a longtemps cru immortel. D’une régularité rare, celui qui a commencé à l’Olympique lyonnais a enchaîné les tremblements de filets comme des petits pains à Séville, club qu’il marque de son empreinte entre 2005 et 2012. Considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire des Palanganas, il en est également le meilleur buteur étranger, le quatrième meilleur buteur toutes nationalités confondues et le meilleur buteur tout court en compétition européenne. Sélectionné en équipe de France espoir puis A’, il choisit pourtant de défendre les couleurs du Mali en 2004. Bonne pioche : l’attaquant devient, en 2007, le premier Ballon d’or africain à être né sur un autre continent que l’Afrique. Ce qui ne l’a pas empêché de faire énormément pour son pays dans le milieu social. FC
Par Flavien Bories, Mathias Edwards, Romuald Gadegbeku, Christophe Gleizes et Florian Cadu