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Ils ont marqué le foot africain (40 à 31)
Après l'Europe et l'Amérique du Sud, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football africain. Aujourd'hui, de la 40e à la 31e place.
40. George Finidi
En nigérian, « finidi » veut dire « futur rempli de soleil » . Une prédiction rapidement vérifiée. Bien entouré par Kanu, Davids, Seedorf, Rijkaard, Litmanen et Overmars, George Finidi sera l’un des cadres du flamboyant Ajax des années 90. Trois fois champion des Pays-Bas, il remporte la Ligue des champions en 1995, contre l’AC Milan, avant d’échouer en finale l’année d’après, contre la Juventus. Par la suite, il enchaîne les pions au Bétis pendant quatre ans, puis signe à Majorque et Ipswich.
Mais c’est surtout avec les Super Eagles que sa légende se sera forgée. Pour sa première sélection, en 1991, il adresse trois passes décisives à Yekini lors de la victoire 7-1 contre le Burkina Faso. Trop âgé pour faire partie du sacre des JO, il n’en demeure pas moins l’un des leaders de la fantastique génération qui remporte la CAN en 1994 et participe à deux Coupe du monde réussies. Pour conclure, l’homme est l’auteur de la célébration de but la plus déjantée de l’histoire de la compétition, en imitant un chien qui urine sur une Grèce en lambeaux. C’est sûr, c’est autre chose que le cœur avec les doigts. CG
39. Ahmed Faras
Et s’il était là, le meilleur attaquant marocain de tous les temps ? Si l’on ne connaît pas avec précision son nombre de sélections (qui tourne autour de 80), on sait que l’avant-centre a inscrit 42 buts avec sa nation, faisant de lui le meilleur buteur des Lions de l’Atlas. En quinze ans, il aura eu le temps de remporter une Coupe d’Afrique des nations en 1976 (la seule glanée par le pays pour le moment) en étant désigné meilleur joueur de la compétition, ainsi qu’un Ballon d’or continental en 1975. À l’échelle nationale, il se distingua par ses seize pions inscrits en championnat en 1969 et 1973 (meilleur buteur de l’épreuve par deux fois). Un championnat qu’il gagna en 1980 avec le SCC Mohammédia, seul club qu’il connut. Pour boucler la boucle. FC
38. Ilunga Mwepu
22 juin 1974. On joue la 78e minute du match de Coupe du monde entre le Brésil et le Zaïre, à Gelsenkirchen. Les Léopards sont menés 2-0 quand l’arbitre siffle un coup franc bien placé, que s’apprête à tirer Rivelino. Le moment choisi par Ilunga Mwepu pour s’extirper du mur, courir comme un dératé et dégager la balle le plus loin possible, sous les yeux d’un stade médusé. « Je connaissais le règlement, je savais que je n’avais pas le droit de faire ça, expliquait-il à So Foot il y a quelques années. Mais nous avions perdu nos deux premiers matchs. Nous étions menés, plus personne n’était motivé, et les Brésiliens continuaient à discuter et à prendre leur temps. Ça m’a énervé, donc je suis sorti du mur et j’ai dégagé. Je voulais que l’arbitre m’expulse, mais il ne m’a donné qu’un carton jaune. »
Si ce geste largement commenté est entré dans l’histoire de la compétition, il faut le comprendre à l’aune des menaces répétées du président Mobutu. À la suite de la boucherie contre la Yougoslavie (9-0), durant laquelle Mwepu donne un coup de pied à l’arbitre qui expulse par erreur un de ses coéquipiers, le président Mobutu menace : prière de ne pas perdre par plus de trois buts d’écart contre le Brésil, sous peine de sanctions. C’est dans ce contexte que Youdaaura pété les plombs. « Très souvent, ce coup franc fait rire les gens, il n’y a que ça qu’on retient de lui, reproche Hérita Ilunga, l’ancien capitaine de la RDC. Mais selon moi, c’était un geste calculé de protestation. » Par ailleurs, Mwepu sera de toutes les épopées glorieuses du football zaïrois : il gagne par deux fois la Ligue des champions africaine avec le F.C Englebert, en 1967 et 1968, et triomphe à la CAN 1974. En mai 2015, il meurt seul, pauvre et abandonné, des suites d’une maladie du foie. CG
37. Mahmoud Al-Khatib
Un contrôle parfait, suivi d’une frappe qui ne l’est pas moins. Un bon résumé des buts que Mahmoud Al-Khatib marquait à la pelle. Celui que l’on surnomme Bibo commence dès seize ans dans son club de toujours, Al Ahly, et vite, très vite il va accumuler les titres. Attaquant technique au sens du but inné, il remporte dix championnats avec les Diables rouges. Ballon d’or africain en 1983, il est sacré un an auparavant en Ligue des champions africaine. Mais ce n’est qu’en 1986 qu’Al-Khatib réalise son rêve de toujours : celui de remporter la Coupe d’Afrique des nations avec l’Égypte. Il marque deux fois au cours du tournoi qui voit les Pharaons triompher du Cameroun en finale, aux tirs au but. Bibo est élu sportif arabe du XXe siècle. Bim bam boum ! RG
36. Godfrey Chitalu
En 2012, Lionel Messi marque 85 fois et bat le record de buts sur une année civile détenu par Gerd Müller. La FIFA célèbre son héros argentin, quand une voix se dresse pour contester : celle de la Fédération zambienne. Selon les archives un peu poussiéreuses de la fédé, le record serait en réalité la propriété de Godfrey Chitalu, qui aurait inscrit la bagatelle de 116 buts lors de l’année 1972. Ni une ni deux, la Fédération le déclare « meilleur buteur mondial de l’histoire sur une saison » , sans que l’exploit ne soit jamais reconnu par la FIFA. Dans le détail, on apprend que Godfrey aurait marqué 49 buts en championnat, 13 en coupe des champions, 15 en coupe de Zambie, ainsi que des dizaines de réalisations dans des compétitions telles que la célèbre Chibuku cup ou encore la Zambian challenge cup. Laissons-là la querelle et concentrons-nous sur les faits : élu cinq fois footballeur zambien de l’année, l’attaquant de Kitwe United et des Kabwe Warriors aura claqué 76 buts en 108 sélections, ce qui en fait selon tous les observateurs le meilleur joueur zambien de l’histoire. Surnommé Ucar, d’après les piles électriques alors en vente en Afrique, il mènera sa sélection à la finale de la CAN 1974, qu’il perd contre le Zaïre après un match d’appui. Nommé sélectionneur national pour les qualifications du Mondial 1994, son équipe enchaîne quatre victoires, un nul et une défaite, avant de s’écraser le 27 avril 1993 au large du Gabon, dans un terrible accident d’avion qui ne laisse aucun survivant. CG
35. Mengistu Worku (et Luciano Vassalo)
Travailleur acharné, Mengistu Worku est le plus grand joueur éthiopien de l’histoire. En 1962, l’attaquant donne une place à part à l’Éthiopie dans l’histoire du football continental en remportant la Coupe d’Afrique des nations. Il plante deux buts en finale face à l’Égypte. Cette victoire, application au football de l’esprit rastafari, de rébellion et de libération, permet enfin à une équipe d’Afrique noire de triompher sur le continent. Mais un succès historique ne se bâtissant jamais seul, Worku est épaulé en sa tâche par Luciano Vassalo avec qui il fait la paire devant. Vassalo marque notamment deux fois en demi-finale, lors de l’épopée de 1962, face à l’Égypte. Beau Vassalo. RG
34. Abdelrahman Fawzi
Les images manquent pour rendre hommage à l’international égyptien. Pourtant, c’est bien lui le représentant de la toute première participation d’un pays africain à une Coupe du monde. C’était en Italie, en 1934. La raison ? Abdelrahman Fawzi est tout simplement le premier Africain à avoir marqué un but dans un Mondial, face à la Hongrie (défaite 4-2 au premier tour à Naples). Et pour l’occasion, Fawzi en inscrivit même deux pour le prix d’un. 35e, bim. 39e, boum. En quatre minutes, donc. Belle histoire. FC
33. Laurent Pokou
Pelé, d’abord, en 1972 : « J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas brésilien. » Didier Drogba, ensuite : « Je voyais Laurent Pokou comme un modèle. Toute mon enfance, que ce soit à Abidjan ou en France, il a alimenté ces conversations dès que venait le sujet du ballon, c’est-à-dire souvent… Il était notre porte-drapeau, notre héros. » Salif Keïta, enfin : « Laurent a été un très grand joueur, trop méconnu. » Ballon fatché ou « papa du ballon » en Côte d’Ivoire. Son palmarès ? Pas la place de l’afficher ici. FC
32. Emmanuel Adebayor
Depuis des mois, Mme Adebayor trimbale son fils chez tous les guérisseurs que compte le golfe de Guinée. Mais de Lomé à Lagos, aucun marabout ne parvient à faire marcher l’enfant, qui a déjà quatre ans. Désespérée, la jeune femme se résout à se tourner vers l’église. Après dix heures de prière, un ballon est envoyé par mégarde dans le lieu de culte, par un des enfants qui jouent au foot sur le parvis. Pour la première fois de son existence, le gamin se lève. Et court après la balle pour taper dedans. Le « football miracle » , comme il l’appelle, s’est déroulé il y a vingt-huit ans, et depuis, Emmanuel Adebayor ne s’est plus arrêté de courir après les ballons. Une course folle qui l’a mené de Metz à Londres, en passant par Monaco, Madrid, Manchester. Sans oublier l’Allemagne, où il participe à la seule Coupe du monde disputée par le Togo, et la terrible enclave de Cabinda, en Angola, qui voit le bus togolais victime d’une fusillade qui causera la mort de deux membres de la délégation. Aujourd’hui, l’Épervier attend avec impatience que son téléphone sonne, en chillant à Lomé avec Pako, son ami nain. Cela valait vraiment le coup de se lever. ME
31. François Omam-Biyik
On joue la 67e, ce 8 juin 1990 à San Siro, lorsque Michel Vautrot accorde un coup franc aux Camerounais. Côté gauche, Bertin Ebwellé s’exécute. Cyrille Makanaky dévie au premier poteau, et François Omam-Biyik s’élève dans le ciel milanais. En trompant Nery Pumpido d’une tête piquée, l’attaquant du Stade lavallois permet à des Lions indomptables réduits à dix de battre le tenant du titre argentin, en ouverture du Mondial 1990.
Le coup de tête, effectué à une hauteur stratosphérique, lance le plus beau parcours d’une sélection africaine sur la scène mondiale, Milla et ses coéquipiers atteignant les quarts de finale, éliminés après prolongation par l’Angleterre. François Omam-Biyik, qui effectuera sa carrière en club entre la France et le Mexique, participera ensuite aux Coupes du monde de 1994 et 1998 avec moins de succès. ME
Par Flavien Bories, Mathias Edwards, Romuald Gadegbeku, Christophe Gleizes et Florian Cadu