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Ils ont marqué le foot africain (30 à 21)
Après l'Europe et l'Amérique du Sud, voici le classement des joueurs qui ont marqué le football africain. Aujourd'hui, de la 30e à la 21e place.
30. Michael Essien
La définition même de « la prendre comme elle vient » . Face à Barcelone, en demi-finale retour de la Ligue des champions 2009, le milieu de terrain défensif inscrit un but d’anthologie. Certains parleront de chance, mais l’action revient dans toutes les mémoires lorsqu’on évoque son nom. Pourtant, Michael Essien, c’était bien plus que ça. Un mélange de force physique, d’endurance illimitée, de combativité exemplaire, doté d’une frappe de mule et d’un comportement modèle. Quasiment jamais dans les embrouilles, le Buffle ou le Bison était tout simplement un régal à voir jouer. Son plus grand exploit ? Avoir réussi à transformer le football en art avec un style de jeu de bourrin. L’un des meilleurs milieux de terrain défensifs de l’histoire du foot quand il était à son top niveau. FC
29. Seydou Keita
Seydou Keïta est un grand photographe contemporain, spécialiste du portrait. Seydou Keita, lui, est sûrement le plus grand joueur de football que le Mali ait jamais connu. Avec sa carrière longue comme le bras, qui l’a vu porter les couleurs de Marseille, Lorient, Barcelone, Lens, Valence ou encore Séville (dix-sept titres) et participé à pas moins de sept Coupes d’Afrique des nations (membre de l’équipe type en 2012 et 2013), le neveu de Salif a parfaitement incarné le foot africain en Europe. On aurait tant aimé que cet exemple de bel état d’esprit gagne quelque chose avec sa sélection et atteigne les cent capes. Il a préféré s’arrêter à quatre-vingt-dix-neuf. FC
28. Lucas Radebe (et Mark Fish)
Tout aurait pu ne jamais exister. En 1991, Lucas Radebe a vingt et un ans et joue pour les Kaizer Chiefs lorsqu’on lui tire dessus. Pourquoi ? Qui ? Est-ce pour l’empêcher de quitter le pays ? L’agression aura l’effet inverse : le superbe défenseur entamera une nouvelle aventure avec le Leeds d’Harry Kewell, Rio Ferdinand et Olivier Dacourt, qu’il emmènera, brassard au bras, en Ligue des champions. Pas pour ça qu’il laisse tomber son pays, loin de là. En compagnie de son compagnon de charnière Mark Fish, The Chief sera de la partie lors de la victoire de l’Afrique du Sud à la Coupe d’Afrique des nations en 1996 (première apparition de l’équipe dans une compétition internationale après la fin de l’Apartheid) et capitaine des Bafanas Bafanasdurant les Mondiaux 1998 et 2002. Cela méritait bien deux jubilés : un en Angleterre, l’autre au pays. FC
27. Japhet N’Doram
Toutes les théories susceptibles d’expliquer la déchéance footballistique de Patrice Loko, Nicolas Ouédec ou Reynald Pedros à la suite de leur départ de Nantes ont été évoquées. Mais l’explication la plus rationnelle à ce grand mystère de la science reste l’absence à leurs côtés de Japhet N’Doram. Durant sept saisons au bord de l’Erdre, le meneur tchadien s’est évertué à faire briller des partenaires d’attaque qui se révéleront n’être finalement que des quidams, une fois orphelins du « sorcier » . Sa vision du jeu hors du commun et sa qualité de passe létale sont autant d’atouts majeurs de ce FC Nantes des 90’s, qui vit les dernières heures du fameux « jeu à la nantaise » , que Raynald Denoueix maintiendra en respiration artificielle après le départ de N’Doram pour Monaco, où il mettra un terme à sa carrière sur blessure. Japhet N’Doram, c’était l’élégance sans le swag, l’efficacité sans les fioritures. Repositionné avant-centre lors de sa dernière saison chez les Canaris, il boucle son tour d’honneur avec vingt-sept buts au compteur en 1997. ME
26. Taribo West
D’un côté, une médaille d’or aux Jeux olympiques 1996, un doublé coupe/championnat avec Auxerre la même année, une Coupe UEFA deux ans plus tard, une finale de Coupe d’Afrique des nations en 2000, un passage dans les deux Milan et une fin de carrière en Iran. De l’autre, un charisme inégalable, des coupes de cheveux mémorables, de gros doutes concernant son âge – « Il nous a rejoints en disant qu’il avait vingt-huit ans. Nous avons seulement découvert plus tard qu’il était âgé de quarante ans, mais il jouait encore si bien que je ne regrette pas de l’avoir pris dans l’équipe » , disait il y a quelques années l’ancien président du Partizan Belgrade –, des pratiques chelous – « Lorsque j’étais dans l’ignorance, j’avais l’habitude de recourir à desmallams et desbabalawosafin qu’ils fassent des fétiches pour nous » –, et une reconversion en tant que pasteur. Quelqu’un pour remettre en question sa place ? FC
25. Joseph-Antoine Bell
A-t-on déjà connu un capitaine plus exemplaire ? Toujours en première ligne pour défendre ses coéquipiers, Joseph-Antoine Bell en a sacrifié sa place de titulaire lors de la Coupe du monde 1990, lorsqu’en bon chef de troupe, il réclame les primes promises par une hiérarchie totalement corrompue. Arrivé dans l’Hexagone à trente ans et premier portier noir de Division 1 (Marseille, Toulon, Bordeaux, Saint-Étienne), le Camerounais a aussi été une figure du combat contre le racisme, passant au travers des bananes et cacahuètes balancées en sa direction durant les matchs. Mais son histoire avec le football ne s’arrête pas qu’à ça. Car Bell était également un super portier. Meilleur gardien africain du XXe siècle selon l’IFFHS, il a commencé dans son pays natal avec un championnat, une Coupe d’Afrique des clubs champions et une Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, puis en Égypte (un championnat également). En parallèle, le dernier rempart des Lions indomptables, qui connaîtra une féroce concurrence avec Thomas Nkono, chope deux CAN. Un monument. FC
24. Kalusha Bwalya
Même s’il était déjà par deux fois meilleur buteur du championnat belge, avec le Cercle Bruges, Kalusha Bwalya est né aux yeux du monde en 1988, en pleins Jeux olympiques. Comme dans un conte de fées, l’attaquant claque un triplé retentissant sous les yeux du monde entier, lors d’une victoire légendaire contre l’Italie (4-0). Une véritable sensation, qui lui vaut le Ballon d’or africain 1988, ainsi que l’honneur d’être recruté par le PSV Eindhoven, où il obtient les titres de champion 1991 et 1992. Mais la suite est plus chaotique. Le 27 avril 1993, l’avion qui transporte la sélection zambienne s’écrase au large du Gabon. Tout le monde meurt, sauf lui, le capitaine de la sélection, retenu momentanément aux Pays-Bas. Durement touché par la tragédie, le coéquipier de Romário se voit alors confier une lourde tâche : mener une équipe décimée à la CAN 1994, qui se déroule quelques mois plus tard. Sous son impulsion, le miracle zambien va pourtant se produire. Ressuscitée, la sélection zambienne enchaîne les performances incroyables, avec un style offensif loué par tous les observateurs. La Sierra Leone, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali : tous succombent sous les assauts déchaînés et revanchards des Chipolopolos. Arrive la finale, contre le Nigeria : la Zambie ouvre le score dès la 3e minute, dans une ambiance indescriptible, avant d’être finalement battue par un doublé d’Amunike. Qu’importe. Les joueurs reviennent à Lusaka en héros, célébrés par un peuple en transe. Nommé 12e meilleur joueur du monde par la FIFA, alors qu’il évolue au Mexique, Kalusha tentera par la suite de conquérir le Graal tant espéré, mais son statut de meilleur buteur de la CAN 1996 n’empêchera pas sa sélection d’échouer en demi-finale, contre la Tunisie. CG
23. Rashidi Yekini
Ce 21 juin 1994, au Cotton Bowl de Dallas, Rashidi Yekini est pris dans les filets du but défendu par Borislav Mikhailov, le portier bulgare. Possédé, l’attaquant remercie le Très-Haut de lui avoir permis d’inscrire le premier but de l’histoire du Nigeria en Coupe du monde. Le cliché, devenu célèbre, marque l’apogée de la carrière du buteur des Super Eagles. Et forcément, le début de la chute de celui qui sort d’un passage couronné par 90 pions en 114 matchs au Vitória Setúbal, et d’un sacre continental six mois auparavant en remportant la CAN en Tunisie. « Le Taureau de Kaduna » ne marquera plus jamais en Coupe du monde. Et en club, où il s’engage avec l’Olympiakos, il ne retrouvera plus la grâce qui l’a touché au Portugal. Cette réussite, Rashidi Yekini courra après jusqu’à ses quarante et un ans, en écumant les clubs de seconde zone. Pas rassasié par son statut de meilleur réalisateur de l’histoire de sa sélection (trente-sept buts), l’homme rêve de devenir le meilleur buteur de la CAN, en vain, le Nigeria étant exclu de l’édition de 1996. Dans le dénuement le plus total, il décède en 2012, seul, dans sa maison en ruine d’Ibadan. ME
22. Pierre Kalala Mukendi
Ne cherchez plus le meilleur joueur africain des années 60. Surnommé « Bombardier » , Pierre Kalala Mukendi a terrorisé les défenses du continent pendant plus d’une décennie. Dans le livre paru pour son cinquantenaire, en 2007, la Confédération africaine de football abondait : « Le succès du Tout-Puissant Englebert et de l’équipe nationale du Congo-Kinshasa au milieu des années 60 sont en grande partie dus à Kalala Mukendi. Il était le Monsieur du but de son pays. » En parallèle de son véritable métier, celui d’instituteur, le natif du Katanga fut l’homme d’un seul club : le Tout-Puissant Englebert. Club avec lequel il va remporter trois championnats nationaux, mais surtout deux Coupes d’Afrique des clubs champions d’affilée, en 1967 et 1968, avant de perdre les deux finales suivantes. Pilier de la sélection de RDC, il offre à son pays la première CAN de son histoire en 1968, en marquant l’unique but de la finale contre le Ghana à Addis-Abeba. Devenu entraîneur par la suite, il prouve que son sens du football reste intact, en remportant la coupe des vainqueurs de coupe 1980 avec le TP Mazembe, contre l’Africa Sport d’Abidjan, avant d’occuper le poste de directeur technique national des Léopards à maintes reprises. Incontournable. CG
21. Badou Zaki
Badou Zaki et le Maroc, ça ne fait qu’un. Le portier, qui a défendu les cages de sa nation 118 fois, a passé une grosse partie de sa carrière dans son pays, remportant deux fois le championnat et étant élu meilleur gardien à deux reprises. C’est aussi avec lui que les Lions de l’Atlas deviennent les premier Africains à franchir le premier tour d’une Coupe du monde en 1986. Une année qui le couronne Ballon d’or continental, et qui lui permet d’aller montrer son talent hors des frontières, à Majorque, où il est là aussi élu meilleur gardien de but d’Espagne en 1990. S’ensuivra une longue carrière d’entraîneur, avec pour l’instant moins de réussite. Même s’il compte tout de même deux participations à la finale de Ligues des champions arabe et une finale de CAN. Pas rien.FC
Par Flavien Bories, Mathias Edwards, Romuald Gadegbeku, Christophe Gleizes et Florian Cadu