- Europa League
Ils n’ont brillé qu’en C3
Se la raconter parce qu'on brille en Ligue des Champions, c'est comme péter dans son bain, c'est fun. Mais la vraie prouesse consister à marquer la C3 de son empreinte en se désintéressant du reste. L'ex-Coupe de l'UEFA, devenue Ligue Europa, regorge d'exploits exceptionnels. Souvent sans lendemain...
1 – Bastia 1978
Il aura fallu une seule saison au club corse pour entrer dans le gotha européen. En 1978, Bastia élimine tour à tour le Sporting, Newcastle, Torino, Carl Zeiss Iéna (avec une gifle 7-2 à Furiani) et les Grasshopper Club Zürich et s’invite en finale de la C3. Les Papi, Rep, Larios et Félix enflamment l’Europe avec un jeu résolument attractif. Malheureusement, le SCB subira la foudre du PSV en finale (0-0, 0-3). Mais la victoire était ailleurs. Grand reporter à L’Equipe, Victor Sinet balancera un hommage en titrant : « De l’Est à l’Ouest, l’Europe étonnée a découvert une équipe, une île, un peuple et les journaux de tous les pays savent désormais où se trouve la Corse… » . Respect.
2 – Naples 1989
Fin des années 80, la Santiag’ règne sur l’Europe. Dans le sillage du grand Milan vainqueur de la C1, le Napoli d’un certain Diego Maradona imite les grands en C3. Alors que l’Argentin a ramené le scudetto dans le Mezzogiorno (1987), Naples peine en C1. Qu’à cela ne tienne, la C3 viendra garnir l’armoire à trophées. Dans une équipe ultra latine avec des Ritals (Carnevale, De Napoli, Ferrara) et deux Brésiliens (Alemao et Careca), Napoli élimine la Juventus en quart de finale au terme d’un match retour mémorable où Renica qualifie les siens dans les arrêts de jeu (0-2, 3-0). En finale, Maradona et les siens se payent le scalp de Stuttgart et empochent le titre. Depuis, l’Europe attend leur retour…
3 – Galatasaray 2000
La réforme de la C1, notamment pour les championnats dit “riches”, entraine une redistribution complète des cartes. A ce jeu-là, on prend conscience d’une Europe du football à deux vitesses. Les Turcs de Galatasaray l’ont bien compris et se font une place au soleil en 2000 en remportant la Coupe de l’UEFA en battant Arsenal aux tirs au but. Éliminés de la C1 durant l’hiver, les potes de George Hagi deviennent les premiers Turcs à remporter une Coupe d’Europe et, aussi, le premier vainqueur issu de la C1. Saloperie de modernité.
4 – Parme AC 1995 & 1999
Surement l’une des plus belles équipes de clubs des années 90 avec un football résolument porté vers l’offensive. En 1995, le Parme de Nevio Scola s’appuie sur une pléthore de stars (Brolin, Zola, Di Chiara) et met à l’amende la Juventus Turin en finale (1-0, 1-1). Quatre ans plus tard, une nouvelle armada emmenée par Buffon, Thuram, Cannavaro, Veron et autre Fuser vient à bout de l’OM de Rolland Courbis en finale à Moscou (3-0). Entre-temps, Parme ajoute une Coupe des Coupes (1993) et une autre finale de C2 (contre Arsenal 0-1, 1994) et démontre que la C1 n’est pas son domaine de prédilection. Heureusement, ils se sont rattrapés sur les desserts.
5 – Ipswich Town 1981
Alors que la C1 s’apprête à sombrer sous le joug anglais (Nottingham, Aston Villa et Liverpool), la C3 n’échappe pas à la règle en ce début des années 80. Sous la houlette du génial Bobby Robson, IpswichTown crée le hold-up du siècle en remportant une compétition dans laquelle personne ne les attendait. Derrière un effectif solide (Butcher, Mills, Thyssen, Mühren, Wark, Brazil et le génial Paul Mariner en pointe), Ipswich déglingue tout sur son passage, à l’image de John Wark, qui plante quatre buts dans la face de l’Aris Salonique (quatorze buts dans toute la compétition, costaud.) Même Saint-Étienne y passe en quart de finale (7-2 sur l’ensemble des deux matches) et ne peut que constater les dégâts. Les Anglais étaient injouables et remporteront le trophée contre l’AZ’67 en finale. Un sacre en signe d’enterrement. C’est déjà ça.
6 – Borussia Mönchengladbach 1975 & 1979
Grand rival du Bayern de Beckenbauer, le Borussia Gladbach du génial coach Hennes Weisweler s’impose deux fois en cinq ans en Coupe de l’UEFA. Il faut dire que l’équipe comporte quelques-uns des grands noms teutons des 70’s : Vogts, Bonhof, Heynckes et Netzer. Le Borussia prendra une autre dimension avec l’arrivée de deux joyaux : Stielike et, surtout, le Danois Allan Simonsen. Avec eux, Gladbach s’adjuge deux C3 en cinq piges mais ne parvient jamais à conquérir les cimes du vieux continent malgré trois Bundesligas au compteur et le Ballon d’Or du Danois en 1977.
7 – IFK Göteborg 1982 et 1987
C’est l’histoire d’un entraîneur de 34 berges, un local jugé trop tendre pour le banc de touche, qui va mettre tout le monde d’accord. En 1982, Göteborg est dirigé par un illustre inconnu répondant au blase de Sven-Göran Ericksson. Sous sa coupe, les Vikings partent de nulle part pour finalement être sacrés contre le Hambourg SV de Felix Magath. Rebelote cinq ans plus tard où quasiment le même groupe, emmené par le capitaine Glenn Hysen (Ericksson a depuis laissé sa place sur le banc à Bengtsson), s’adjuge un second trophée en battant laborieusement Dundee United en finale (1-0, 1-1).
8 – CSKA Moscou 2005
Les pétro-dollars russes (on ne dissimule même pas la fortune de Roman Abramovitch derrière le budget moscovite) ont raison de l’Europe pour la première fois en 2005. Comme quoi, l’argent ne fait pas tout mais y contribue grandement. Surtout, ce premier sacre était censé marquer une nouvelle ère du football européen. Il n’en est rien, surtout en C1. Pour autant, le CSKA, modelé façon Brésil (Daniel Cavarlho, Vagner Love), balaie le Sporting, qui disputait pourtant la finale à la maison (3-1).
9 – Ferencvaros 1965
On l’oublie souvent, mais la Hongrie a été le vivier des plus grands joueurs européens des années 50-60. Outre le major galopant Puskas, les Kocsics, Bozsik, Grosics et Kubala ont enflammé le pays des Magyars pendant deux décennies. En 1965, le club de Budapest Ferencvaros s’approprie la C3 (alors appelée Coupe d’Europe des villes de foires) avec un génie sous ses couleurs : Florian Albert (Ballon d’Or 1967). Lui qui ne connaitra qu’un seul club propulse les siens aux sommets de l’Europe en battant la Juventus en finale après avoir éliminé la Roma, Bilbao et Manchester United. Depuis, le club est surtout connu pour avoir accueilli le premier pion de Raul en C1. C’était en 1996 et l’Espagnol s’était payé un triplé (victoire 6-1).
10 – Leeds United 1968 & 1971
C’est l’équipe de deux lascars : Jack Charlton (la girafe) et l’Ecossais Billy Bremner. Ce Leeds va faire de la C3 son terrain de jeu avec une progression insolente : demi-finale en 1966, finale en 1967 et victoire en 1968 contre Ferencvaros. L’équipe dirigée par Don Revie remettra le couvert en 1971 en terrassant une Juventus au sein de laquelle on pouvait voir la ganache d’un certain Fabio Capello. Alors que les finales se disputaient en deux matches, Leeds ne doit son succès qu’aux deux buts de Mick Jones claqués au Communale (2-2, 1-1). Une vraie belle équipe de coupe.
Également cités :Dynamo Zagreb 1967, Newcastle 1969, Eintracht Francfort 1980, Austria Salzbourg 1994, Espanyol 1988, FC Cologne 1986…
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