- Supercoupe de l'UEFA 1996
Il y a vingt ans, le PSG prenait 6-1 contre la Juve
L'une des plus grosses défaites de l'histoire du PSG a eu lieu le 15 janvier 1997. C'était en Supercoupe d'Europe, c'était au Parc face à la Juventus et ça s'est soldé par un terrible 6-1. Vingt ans plus tard, les fesses des joueurs de Ricardo en sont encore toutes rouges.
Le 5 janvier 1997, en pleine trêve hivernale, le PSG part en stage sur l’île de La Réunion. Il y a des obligations commerciales à remplir, mais surtout un match de gala à honorer face à la sélection de La Réunion, au stade Jean-Ivoula. Une fois le match terminé, soldé par une victoire 4-3 de l’équipe parisienne, Ricardo et ses hommes embarquent pour l’île Maurice, histoire de préparer au mieux la deuxième partie de saison. Dans le viseur, le premier gros rendez-vous de l’année face à la Juventus de Didier Deschamps, en finale de la Supercoupe d’Europe. Le match aller est prévu le 15 janvier, au Parc des Princes, et les Parisiens comptent bien confirmer la C2 remportée quelques mois plus tôt face au Rapid Vienne. Malheureusement, comme ça a souvent été le cas avec le PSG lors des premières neiges, rien ne va se passer comme prévu.
Un temps glacial, des buts à la pelle
À Paris, le temps est glacial, le terrain verglacé et le décalage horaire se fait encore sentir. Didier Domi se souvient : « On était partis huit jours à l’île Maurice où il faisait plus de 30°. Là, on arrive un ou deux jours avant le match, il fait -5°, le terrain est gelé et la Juve semble clairement mieux préparée. » Si l’ancien défenseur parisien pointe du doigt un changement climatique trop brusque et avoue que le PSG aurait pu faire meilleure figure si la préparation s’était faite dans d’autres conditions, il reconnaît malgré tout que la Juve était tout simplement plus forte cette année-là. « Mais pas au point pour autant de perdre avec cinq buts d’écart » , tente-t-il toutefois de nuancer.
Car c’est bien une soirée cauchemardesque qui attend les Parisiens en ce mercredi 15 janvier. Dès les premières minutes, les Turinois prennent le dessus, accumulent les offensives et, fatalement, dès la quatrième minute, à la suite d’un coup franc repoussé par N’Gotty dans les pieds du défenseur Sergio Porrini, ouvrent le score. « Honnêtement, on a pris ce match comme une rencontre amicale, pas assez au sérieux, regrette aujourd’hui Patrice Loko. On prenait le bouillon et on a eu affaire à une véritable démonstration de réalisme et d’efficacité. Après le premier but, on avait déjà la sensation que l’on ne pouvait rien faire, mais lorsqu’ils marquent le deuxième à la 22e minute… » Ce à quoi Didier Domi ajoute : « La Juve, contrairement à nous, s’était préparée dans des conditions extrêmes durant la trêve hivernale. Du coup, ils ont bien mieux commencé le match que nous. À cette époque, on savait que l’on pouvait battre n’importe qui en Europe, mais là, on a vite compris que ce serait difficile. Leur approche était redoutable, ils prenaient les espaces, géraient tranquillement la défense. Le tout avec un trio offensif super actif. »
Zinédine Zidane vs Cyrille Pouget
Sublimés par un Zizou des grands jours, Angelo Di Livio et Alessandro Del Piero font en effet beaucoup de mal à la défense parisienne. Aucun des trois ne ponctuera sa prestation d’un petit but, mais tous apportent classe et créativité sur le terrain, visiblement trop large pour le PSG. Alors qu’Anelka a été écarté du groupe dans la matinée en rapport à sa récente signature à Arsenal, le club, lui, enchaîne les coups durs en soirée : Algerino sort sur civière à la 34e minute et, deux minutes plus tard, face à Daniel Kenedy, encore trop frais pour être dans le rythme, Ciro Ferrara claque un troisième but.
À la 64e minute, soit trois minutes après l’entrée en jeu de Cyrille Pouget, le match est déjà plié (1-4), mais le carton rouge de Laurent Fournier enfonce encore davantage l’équipe parisienne, totalement amorphe. « L’expulsion a rajouté une couche, argumente Didier Domi. Surtout qu’on avait réduit le score dix minutes plus tôt. Mais c’est tout à l’honneur de la Juve d’avoir continué à attaquer et à gérer son match jusqu’à la fin. Ce n’est pas pour rien qu’elle a remporté son championnat et qu’elle est de nouveau allée en finale de la Ligue des champions cette année-là. C’était la grande époque de la Juve. » Patrice Loko, lui, se montre nettement plus dur envers la prestation de son ancienne équipe : « Il y avait certes les conditions climatiques, deux-trois joueurs absents et les faits de match qui jouaient contre nous, mais ça prouvait surtout notre véritable niveau : celui d’une très bonne équipe de D1 qui jouait face à l’une des meilleures équipes du monde. On a bien eu quelques occasions, mais ils étaient trop forts. »
« On aurait dû annuler ce voyage à l’île Maurice »
De retour au vestiaire, sous la bronca des 29 519 supporters réunis au Parc, Ricardo n’a pourtant pas grand-chose à dire à ses joueurs. « Il est resté très calme, rembobine Didier Domi. Il a voulu faire retomber la pression, nous faire comprendre que c’était un malheureux accident de parcours et qu’il fallait se remettre au travail. » Patrice Loko, lui, pense surtout qu’il « a pris sur lui parce qu’il savait que la préparation avait été tronquée. On aurait dû annuler ce voyage à l’île Maurice. Ça nous a préparés pour le reste de la saison, mais ce n’était pas des conditions pour gagner un tel match. Ni le match retour d’ailleurs. »
À Palerme, le 5 février, c’est de toute façon un PSG remanié qui débarque sur la pelouse avec dans l’idée de sauver l’honneur. Patrice Loko : « Quand tu te prends une telle claque au match aller face à une équipe aussi solide, tu sais très bien que ça va être impossible d’inverser la tendance. Mais on est allés en Italie dans l’optique de gagner, de montrer que ce n’était qu’un accident. Malheureusement, ils étaient encore une fois trop forts pour ce PSG. » Résultat : la Juve l’emporte 3-1 et enseigne, une fois de plus, l’exigence du haut niveau à un PSG qui, sans doute un peu trop tendre, échoue quelques mois plus tard en finale de la C2 face à Barcelone, et termine deuxième du championnat derrière Monaco. La tête basse.
Par Maxime Delcourt