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Il y a un an coulait Chelsea
La saison dernière, à la même époque, les Blues de Mourinho, alors leaders de Premier League, recevaient une belle gifle à Tottenham (5-3). Une rencontre qui marque l’origine du déclin du jeu de Chelsea. Et qui explique les résultats actuels.
Une première place, 41 buts marqués en 19 journées, 13 encaissés, 14 victoires pour une petite défaite. Voilà pour les statistiques de la Ferrari Chelsea de Mourinho lorsqu’elle s’avance à White Hart Lane pour affronter Tottenham en ce 1er janvier 2015. Les Spurs ne devraient pas faire long feu et le duel va être plaisant, pense-t-on. Car outre leur domination nationale en matière de points et leur vitesse folle, les Blues surprennent par le beau design de leur automobile depuis le début de la saison. Fàbregas offre caviar sur caviar, Hazard pète des reins à chaque rencontre, Costa brille par ses brindilles et Matić joue le rôle du parfait régulateur dans un collectif bien huilé. Ce qui débouche parfois sur des branlées à faire péter la braguette des supporters (6-3 à Everton, 4-2 contre Swansea…).
Mais si la rencontre tient toutes ses promesses niveau spectacle, le score est loin d’être celui envisagé par les bookmakers. Contre toute attente, Tottenham détruit le leader de Premier League. En long, en large et en travers. La bande de Pochettino ridiculise son adversaire grâce notamment à un Kane en feu. La défense blue, plus empruntée que jamais, boit la tasse, qui a un goût bien différent de la bière de la veille. Résultat final : 5-3. Terry a-t-il trop fêté le 1er de l’an ? Cahill a-t-il abusé du digeo ? Sûrement, mais la question n’est pas là pour le Special One.
Un pas en avant, deux pas en arrière
« On a distribué beaucoup de cadeaux de Noël, des cadeaux que les amateurs de foot n’aiment pas voir. On a fait des erreurs défensives, des erreurs individuelles. On a eu des problèmes face à la vitesse et la puissance de Chadli et le mouvement de Kane. Ce n’était pas facile pour mes défenseurs de les tenir. » Évidemment, n’importe quel entraîneur aurait détesté voir ce que la défense londonienne a montré. Mais pour Mourinho, le maître tactique, c’est pire. Lui qui avait décidé d’innover cette saison en proposant du jeu se sent trahi. Non pas par ses joueurs, mais par lui-même. Où est passé la maîtrise collective qui a fait les beaux jours des clubs dans lesquels il est passé ? Quid de la rigueur et des replacements défensifs indispensables à son système ? En optant pour un football attractif, le Mou prend soudain conscience qu’il s’est fourvoyé. Faire plaisir aux supporters chaque week-end au risque de prendre cinq buts en 48 minutes comme aujourd’hui ? Hors de question. Pour les autres. Lui n’a qu’un seul objectif : gagner et finir en tête du championnat. De façon dégueulasse ou non, pourvu que ce soit efficace.
Reculer pour mieux sauter
Du coup, Mourinho décide de revenir sur ses pas. Oubliée, la séduisante possession de balle. Envolée, la philosophie « je-mets-un-but-de-plus-que-l’adversaire » . Louper le titre après une première phase passée sur le trône juste pour les beaux yeux des téléspectateurs, ce serait con. Le Portugais ferme boutique et installe le bus. En apparence, les faits donnent plus ou moins raison au technicien : Chelsea remporte la Premier League haut la main, avec 29 goals en 18 journées, huit victoires par un but d’écart dont cinq 1-0. Pari gagné.
Sauf que c’est aller un peu vite en besogne. D’abord, rien ne dit que les Blues n’auraient pas régné sur l’Angleterre en poursuivant avec la Ferrari d’avant janvier, finalement troquée contre ce bus sur l’autel de la sécurité. Surtout, c’est clairement à cause de ce même bus que l’accident C1 en 8es de finale contre le PSG a eu lieu. Une élimination à 11 contre 10 au Bridge, alors que le score lui était favorable : on peut bien parler d’un crash de la part du conducteur Mou. Enfin, et on ne le dira jamais assez, la tactique bus du Special One repose avant tout sur le mental de ses passagers. Un effort psychologique auquel les joueurs ne peuvent se soumettre que durant un laps de temps limité. Ce qui explique le relâchement des Blues lors de la nouvelle saison, engendrant des résultats pitoyables, alors que les hommes n’ont pas changé. Ce qui a coûté la peau du Mourinho à la tête du club, aussi. Finalement, qui de la Ferrari ou du bus peut avoir le plus de kilomètres au compteur ?
Par Florian Cadu