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Il y a huit ans, Platini devenait président de l’UEFA

Par Ugo Bocchi
Il y a huit ans, Platini devenait président de l’UEFA

En janvier 2007, Platini devenait président de l'UEFA avec la bénédiction de Sepp Blatter. Comme quoi, beaucoup de choses peuvent changer en huit ans.

« Je suis ému. Énormément ému. Mais je suis heureux. Quand j’étais footballeur, quand on avait une grande victoire, on recevait une coupe. Et puis, avec ses amis, on faisait le tour du terrain. Aujourd’hui, c’est une grande victoire pour moi. Mais je ne ferai pas le tour du terrain, car tout va commencer. » Nous sommes le 26 janvier 2007 à Düsseldorf. Après de longs mois à faire campagne, Michel Platini remporte l’une de ses plus plus belles victoires. Une victoire qu’il célèbre d’un discours on ne peut plus simple. À l’image de sa campagne. Humaniste et romantique : « Il faisait toujours très attention à ce qu’il voulait dire et à la manière dont il voulait le dire, confie Jean-Louis Valentin, son directeur de campagne. Il voulait faire un discours simple, qui correspondait à sa personnalité. Ça a marqué. » Aujourd’hui, on semble bien loin de tout ça. En seulement huit ans, les choses se sont bien compliquées pour cet homme qui, paradoxalement, voulait avant tout rendre au football sa simplicité.

« Il ne venait jamais à Nyon, il préférait pêcher »

Tout a commencé fin 2005. Membre du comité exécutif de la FIFA et de l’UEFA, Michel Platini a besoin d’un nouveau challenge selon Jean-Louis Valentin : « Cette élection représentait un saut. Un saut dans l’inconnu parce qu’il avait pas mal à perdre. » Surtout concernant sa réputation. C’est là où Michel joue gros. La défaite n’est donc pas envisageable. Et c’est pourquoi il s’entoure de deux énarques spécialistes de ce genre d’élections. Jean-Louis Valentin donc, ancien du cabinet de Jean-Louis Debré quand il était président de l’Assemblée nationale. Et Jacques Lambert, président de la FFF. Il y a donc le challenge, mais aussi la volonté de bouger les lignes. Quand il parle de son concurrent, Lennart Johansson, président de l’UEFA depuis 17 ans, au Monde, Michel y va franco : « Il ne venait jamais à Nyon, il préférait pêcher. Et puis d’autres, qui n’avaient pas son courage, l’ont poussé à se représenter. » Sachant que l’inertie est sa hantise, Michel n’a aucune envie de se retenir. Et il organise une campagne en trois points.

La première chose, c’est d’établir un agenda. Michel Platini sait se montrer débrouillard, persuasif, mais manque clairement d’expérience politique. C’est notamment là qu’interviennent ses deux énarques. Ils lui concoctent un programme respectant ses idées de gauche, d’universalité et de solidarité. Le deuxième point, c’est de faire abstraction de la cote de popularité dont bénéficie encore Platoche. Il a beau faire le plein à chacune de ses sorties, « lors de voyages en Serbie, en Albanie où il inaugurait des terrains, il était toujours suivi de près et par beaucoup de gens » , ça n’aidera en rien à convaincre les 52 présidents de Fédération, au contraire, ça peut être pris pour de l’arrogance. Et le troisième fondement de sa campagne, c’est justement de ne négliger aucun de ces 52 présidents : « Michel est allé voir tous les présidents. Y compris ceux dont ils savaient qu’ils ne voteraient pas pour lui » , détaille Jean-Louis Valentin. Il veille aussi à ne froisser personne. Il n’évoquera par exemple jamais le Ballon d’or controversé de Fabio Cannavaro pour conserver les faveurs du président de la Fédération italienne. C’est simple, efficace, proche, humaniste, romantique et toujours plus productif que ce que propose son concurrent qui se repose principalement sur ses précédents mandats.

Johan Cruyff, Jacques Chirac et Sepp Blatter

Pendant plus d’un an, Michel arpente donc l’Europe de long en large pour arriver à ses fins, se mettre les meilleurs soutiens dans la poche. Car l’élection à la tête de l’UEFA ressemble davantage à des sénatoriales qu’à des présidentielles. On n’y est pas forcément élu pour un discours, mais davantage par réseautage. Johan Cruyff et Dino Zoff lui offrent par exemple leur soutien. Il faut aussi financer ses voyages. La FFF se porte garante, et de généreux amis lui prêtent leur avion privé. Michel rencontre également les maîtres dans l’art de faire campagne, les politiques, les vrais, pour en connaître les rouages. Philippe Douste-Blazy, Dominique de Villepin ou encore Jacques Chirac, alors président de la République, qu’il rencontre à l’Élysée. Tout est mis en place pour qu’il passe la barre des 26 voix.

Et puis, finalement une aide cruciale, mais tardive vient définitivement faire pencher la balance en sa faveur : « Blatter avait aussi son propre agenda, explique Jean-Louis Valentin. Il était président de la FIFA, dans une position institutionnelle, il ne pouvait pas intervenir de manière abusive dans un combat interne à l’UEFA. Mais il a montré clairement son soutien, notamment à la fin de la campagne. Je pense que ça a joué pour Platini parce que ça a permis d’ancrer un certain nombre de présidents de fédérations dans leur volonté de voter Michel. » Il faut savoir aussi que Lennart Johansson et Sepp Blatter ne s’appréciaient pas particulièrement. Et finalement donc, le 26 janvier 2007, Michel atteint un sommet dans sa carrière post-football. 27 voix contre 23, dont 2 votes nuls. Huit ans plus tard, Michel Platini et Sepp Blatter sont suspendus huit ans par la commission d’éthique de l’instance de toute activité dans le football. La boucle est bouclée ?

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Par Ugo Bocchi

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