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Il y a dix ans, Juve-Napoli, c’était en Serie B
Il y a dix ans, pratiquement jour pour jour, la Juventus et le Napoli s'affrontaient en Serie B. Retour sur une autre époque.
C’était il y a dix ans, et pourtant, un siècle semble s’être écoulé. Ce samedi 29 octobre 2016, au Juventus Stadium de Turin, on se dispute les premières places de la Serie A et probablement déjà un petit morceau de Scudetto. La Juve est quintuple championne d’Italie en titre, et elle s’apprête à défier son dernier dauphin, le Napoli. Entre les deux formations, une haine viscérale qui n’est plus à présenter, et qui s’est accentuée encore un peu plus cet été avec le transfert pour quatre-vingt-dix millions d’euros de Gonzalo Higuaín. Les deux équipes s’affrontent d’ailleurs un samedi soir parce que, la semaine prochaine, elles disputeront toutes deux des matchs de Ligue des champions. Réception de Lyon pour les Bianconeri, déplacement délicat chez le Beşiktaş pour les Partenopei. Le tableau est idyllique. Et il l’est d’autant plus qu’il y a dix ans, le 4 novembre 2006 très précisément, c’est en deuxième division que les deux formations s’affrontaient.
734 minutes d’invincibilité
Retour en arrière d’une décennie. Lors de l’été 2006, l’Italie est sacrée championne du monde, et dans la foulée, la tornade Calciopoli s’abat sur la Botte. La décision tombe finalement : la Juventus est reléguée en Serie B, avec initialement une pénalité de trente points, d’abord réduite à dix-sept, puis enfin « seulement » à neuf. Dans le même temps, le Napoli, qui a fait faillite lors de l’été 2004 et a dû renaître en Serie C grâce au rachat d’Aurelio De Laurentiis, valide sa montée en Serie B. Les deux rivales ont donc désormais un objectif commun : retrouver l’élite le plus rapidement possible. Cette Serie B est de loin la plus relevée de l’histoire. Outre la Juve et le Napoli, on y trouve également Bologne, le Genoa, Brescia ou encore le Hellas Vérone.
Pas de quoi effrayer Juventini et Napoletani, qui commencent le championnat pied au plancher. La Juve commence par un nul 1-1 sur la pelouse de Rimini, puis aligne huit victoires de rang, en encaissant seulement un but. Le Napoli, de son côté, présente un bilan plus mitigé de quatre victoires, trois nuls et deux défaites. C’est ainsi que le 4 novembre, le San Paolo accueille le rival honni. Soixante mille personnes se massent dans le stade. La Juve de Deschamps n’a plus encaissé le moindre but depuis 661 minutes, mais est privée pour ce choc de Trezeguet, déjà auteur de cinq pions, et de Nedvěd. Les deux équipes se craignent, et il faut une magie de Del Piero sur coup franc peu après l’heure de jeu pour débloquer la situation. Mais quelques minutes plus tard, les locaux égalisent par Bogliacino, qui reprend de volée un splendide centre de Trotta, et met fin aux 734 minutes d’invincibilité de Buffon. Les deux équipes se quittent bons ennemis, et se donnent rendez-vous en mars pour le retour.
Del Piero, encore
Or, entre novembre et mars, beaucoup de choses changent. Naples s’empare provisoirement de la tête de la Serie B début décembre, mais doit laisser son trône dès la mi-décembre à… la Juve. Le mano a mano entre les deux formations se prolonge : Naples reprend la première place en février, puis les deux équipes se retrouvent dans la foulée à égalité en tête. Jusqu’au 13 mars où, après une victoire 1-0 face à Trévise, la Vieille Dame pose son royal postérieur sur le trône pour ne plus jamais s’en relever. Le 10 avril (le match était initialement prévu le 27 mars, mais a été repoussé, ndlr), le leader reçoit donc son dauphin au stadio Olimpico de Turin. Trois hommes vont alors faire valoir leur classe pour venir à bout de ce vaillant Napoli : Nedvěd, Camoranesi et Del Piero. Deux champions du monde et un Ballon d’or, excusez du peu. En première période, le Tchèque invente, et l’Italo-Argentin conclut de la tête. En seconde, Camoranesi se mue en passeur pour Del Piero, qui plante le second but et éteint la furie napolitaine. Le Napoli, en fin de match, se créera de nouvelles occasions par Sosa et Calaio, sans toutefois parvenir à tromper Buffon.
Cette victoire conforte la Juventus à la première place du classement. Derrière, la bande à Deschamps déroule. La victoire face au Genoa (3-1) propulse définitivement les Bianconeri vers la Serie A. La montée est validée le 19 mai 2007, après un succès 5-1 sur la pelouse d’Arezzo. Deschamps a réussi son coup. Il ne sera pourtant pas reconduit dans ses fonctions, et sera remplacé quelques semaines plus tard par Claudio Ranieri.
De son côté, le Napoli composte son ticket direct pour la Serie A lors de la dernière journée, le 10 juin 2007, avec un nul 0-0 sur la pelouse du Genoa. Ce résultat permet aux deux équipes d’être promues en première division sans passer par les play-offs, et ce grâce à la différence de points colossale (respectivement +11 et +10) sur le quatrième du classement, Piacenza.
Turinois et Napolitains retrouvent ainsi l’élite, et ne l’ont plus quitté depuis. Dix années plus tard, elles se retrouveront au Juventus Stadium, avec trois survivants de cette double confrontation de 2006-07 : Buffon, Chiellini, et Marchisio. Fidèles parmi les fidèles.
Par Éric Maggiori