En Belgique, tu as rapidement séduit, notamment grâce à tes capacités de communication. C’est lié au fait que tu sois déjà en formation pour devenir coach ? Tu aimes bien diriger ton monde ?
Je ne vais pas jouer jusqu’à cinquante ans, donc j’aimerais être entraîneur… des gardiens. J’ai passé mes diplômes en France et j’ai entraîné les enfants du club de mon fils. Mais je me suis bien rendu compte que c’était compliqué de créer toujours de nombreux exercices, de se renouveler, etc. Heureusement que je pouvais m’appuyer sur ma communication. Depuis que je suis arrivé en Belgique, j’ai mis le coaching de côté, mais je reprendrai dès que possible.
T’as toujours été un mec qui parle facilement ?
Oui c’est dans ma nature, je suis quelqu’un de très ouvert et j’aime bien échanger, partager. Et puis en tant que gardien, c’est important de se faire entendre, surtout que je suis un des plus anciens… mais je ne le fais que quand c’est nécessaire ! Mais c’est important et c’est cool de pouvoir se retrouver dans un groupe qui est un peu le même que celui d’Angers : des bons joueurs qui rigolent bien.
En France, on parle beaucoup des générations 84 et 87 pour leur talent et leurs ratés. Qu’en est-il de la tienne, la 83 ?
On n’en parle pas beaucoup, de cette génération… Maintenant, je ne sais pas trop qui est né en 83 ou pas, à part Toulalan. J’étais surtout bien entouré en fait : les 82 étaient talentueux, c’était du Mexès, Évra, Cissé… et les 84 aussi !
C’est au moment où Angers a trouvé son gardien que je me suis permis de négocier avec Bruges.
Songo’o, Cañizares, Landreau et maintenant Preud’homme, tu n’as jamais côtoyé de gardiens manchots… Ça ne t’a jamais fait d’ombre ?
Non jamais. À Metz, j’ai beaucoup appris de Jacques Songo’o, un mec très professionnel. Pareil à Valence, pour moi, ça a toujours été une expérience enrichissante de jouer auprès de grands gardiens. J’ai beaucoup observé pour me former.
Finalement, tu n’auras pas passé qu’une vraie saison complète en Ligue 1… Tu la fuis ?
Non, ça m’aurait plu d’y rester plus longtemps. Mais à Metz, il y a eu un problème de contrat et ma seule porte de sortie, c’était l’étranger. La Ligue 1, je l’ai découverte tôt, puis redécouverte tard, mais je ne regrette rien. Avec Angers, on a vécu six mois parfaits, mais Bruges est venu avec son projet sportif intéressant, et moi, je vais avoir 33 ans, donc si je veux redécouvrir l’Europe, j’ai plus de chances de le faire à Bruges qu’à Angers. C’est jamais évident de laisser ses amis comme ça après six mois, alors qu’on vivait une super aventure, mais le club est très sain et l’équipe n’était pas du tout en zone dangereuse. Tout était ok pour que je puisse partir. C’est au moment où le club a trouvé son gardien que je me suis permis de négocier avec Bruges.
« L’Europe est plus facile à obtenir avec Bruges » , ça semble logique. Mais tu sentais que le coup de mou allait arriver à Angers ?
Nooon, pas le coup de mou ! Mais il fallait remettre les choses dans leur contexte : Angers venait de Ligue 2, c’est un club qui se structure petit à petit et c’est grâce au collectif qu’on est parvenu à faire de bons résultats. C’est cette fameuse dalle angevine, lancée par Olivier Auriac, qui fait partie des valeurs du club : ne rien lâcher, se battre jusqu’au bout. Si quelqu’un essayait de se détacher, on était tous là pour le tirer par la manche : « Hé ! C’est pas toi, c’est le club ! » Désormais, les résultats un peu moins bons sont logiques : il y a de la fatigue, et les équipes s’attardent plus sur la manière dont l’équipe joue. De toute façon, le plus important reste le maintien en Ligue 1… et il sera acquis rapidement !
Je vis en France parce que malheureusement, à Bruges, il n’y a pas d’école française. Pour mon fils de 10 ans, c’était impossible de le mettre dans une école en flamand.
Ton départ et celui de Camara ont pesé sur l’équipe et sur l’humeur de Stéphane Moulin qui pestait contre le mercato d’hiver. Comment tu te situes par rapport à ce mercato ?
Camara et moi avions une situation différente : lui, il ne lui restait que six mois de contrat, c’était donc très intelligent de le vendre. Pour mon cas personnel, je discutais avec le président pour une prolongation quand Bruges est arrivé. Moi, je n’avais aucun souci, que ce soit Angers ou Bruges. Le plus important, c’était que je prenne du plaisir. Mais je ne voulais pas me mettre en porte-à-faux avec les clubs : si Angers ne voulait pas, c’était terminé. J’ai dit au coach : « C’est simple : pour moi, c’est une énorme opportunité sportive et financière. Mais que je sois ici ou à Bruges, ma mentalité ne changera pas ! » Il m’a répondu : « Pour tout ce que tu as apporté au club, on ne peut pas te retenir. On te demande juste deux choses : que le transfert soit intéressant pour le club et qu’on parvienne à avoir un autre gardien avant ça. » Dès qu’Angers a accepté, ça s’est fait très rapidement. Mais en aucun cas, on ne m’a vu comme un traître au sein du club… En revanche, les supporters n’ont pas compris mon départ, donc j’ai dû m’expliquer, et le président m’a défendu. Pour que je parte, il fallait que tout le monde soit dans la même énergie !
Quand tu signes à Bruges, tu regardes en arrière jusqu’au fameux coup de genou de Sorrentino qui t’a fait perdre la rate et a mis en danger ta carrière en août 2004 ?
Non, c’est derrière moi ! Je n’y ai même pas repensé genre « Je suis revenu ! » À chaque interview, on me parle de cette rate. Mais je n’ai pas de rancœur parce que les blessures font partie d’une carrière de footballeur.
On peut comparer Angers et Bruges dans l’esprit de ces villes historiques ?
Je ne connais pas trop Bruges, en fait. J’ai été quelques fois au centre voir les canaux, et la différence avec Angers, c’est le nombre de touristes, beaucoup plus important ici. À Angers, il y avait peut-être plus de liens avec les gens dans la rue qui nous encourageaient à l’époque à ramener la ville en Ligue 1. Mais là, je ne suis même pas à Bruges : je vis en France parce que malheureusement, à Bruges, il n’y a pas d’école française. Pour mon fils de 10 ans, c’était impossible de le mettre dans une école en flamand. Il a donc fallu trouver un arrangement et je vis près de Lille.
On te dit blagueur… Maintenant que tu connais la Belgique, est-ce que tu vas pouvoir arrêter avec les blagues belges ?
Non non, je ne suis pas du genre à faire des blagues belges. Mais j’aime bien rigoler, avoir cette bonne humeur qui découle notamment de la chance de pouvoir vivre de notre passion. C’est vrai qu’il y a une bonne dizaine de nationalités différentes dans le vestiaire, mais c’est important de pouvoir échanger avec tout le monde… et que tout le monde puisse rigoler !
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