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Il y a 40 ans, le Perugia des Miracles

Par Andrea Chazy
5 minutes
Il y a 40 ans, le Perugia des Miracles

Il y a quarante ans presque jour pour jour, le soir du 13 mai 1979, Pérouse devenait la première équipe à terminer invaincue en Serie A. Une performance exceptionnelle pour le « Perugia dei miracoli » bien loin des standards actuels, même si le club vient d’être invité à participer aux play-offs de Serie B à la suite de la rétrogradation administrative de Palerme.

À Pérouse, capitale de l’Ombrie nichée en plein cœur de la Botte, les dates du 13 et 14 mai sont celles où tout miracle peut se réaliser. Le week-end dernier, l’équipe entraînée par Alessandro Nesta termine sa saison par un triste 0-0 contre Cittadella sous les sifflets du stade Renato Curi. Et pour cause : Pérouse vient d’achever sa saison en neuvième position, à une longueur de son adversaire du jour, qui décroche lui le dernier ticket valable pour les play-offs d’accession en Serie A. Une déception pour le champion du monde 2006, rapidement éclipsée par l’annonce de la FIGC de ce lundi qui rebat toutes les cartes : Palerme, troisième, est relégué administrativement en Serie B et voilà les Grifoni réintégrés aux play-offs pour remonter en Serie A.

L’élite, le 14 mai 2000 lors de la dernière journée du championnat, Perugia en faisait partie, au grand dam de la Juventus de Carlo Ancelotti qui laissait échapper le Scudetto au Renato Curi lors de la dernière journée aux dépens de la Lazio. Et surtout, quarante ans en arrière, toujours à ces mêmes dates des 13 et 14 mai, Perugia devenait la première équipe de Serie A à terminer invaincue lors de la saison 1978-1979. Un véritable exploit pour une formation qui n’avait ni moyens mirobolants ni une expérience énorme de la plus haute division nationale.

D’Attoma, le visionnaire

Tout commence en 1974, cinq ans avant le triomphe inattendu. Franco D’Attoma, fils d’une famille aisée qui exportait des produits agricoles vers les États-Unis dans les années 1920-1930, est alors l’ex-patron de l’industrie vestimentaire Ellesse, basée à Pérouse. L’ancien entrepreneur, à la demande de certains conseillers municipaux de l’époque, se rapproche du club de la ville pour « rendre un service » à une entité qui végète en Serie B et qui vient de se sauver à la dernière journée d’une descente aux enfers à l’échelon inférieur. L’une des premières décisions d’Attoma est de nommer au poste d’entraîneur Ilario Castagner, ancien buteur maison, qui a porté les couleurs biancorosse dans les années 1960, mais qui n’a pas de véritable expérience en tant que tacticien.

L’équipe est alors chamboulée, et Castagner arrive à décrocher la venue de nombreux joueurs, dont Sergio Pellizzaro en provenance de Bergame, pour entamer un nouveau cycle. Qui ne met pas vraiment longtemps à prendre forme, puisque Perugia termine champion de Serie B dès l’année suivante. Une première en soixante-dix ans d’existence, en partie grâce aux neuf réalisations de Pellizzaro et surtout grâce à la philosophie calquée sur le jeu de l’Ajax de son jeune technicien. Les premières années au sein de l’élite, Perugia les digère plutôt convenablement. Bien ancré dans le haut de tableau d’une Serie A qu’il commence à dompter, émotionnellement encore à fleur de peau à la suite du décès sur le terrain de Renato Curri lors d’un Perugia-Juve en mars 1978, le « Grifon » est prêt à entamer la saison 1978-1979. Celle qui permettra d’entériner définitivement le surnom que certains commençaient à murmurer dans les rues et dans les bars de toute une région : « Le Pérouse des Miracles » .

Le Scudetto à deux doigts près

Ce fameux Perugia, celui « qui gagne ou qui égalise quoi qu’il arrive » évolue alors dans un 4-2-3-1 expérimental, qui ressemble plutôt à un « 1-3-2-3-1 » avec son capitaine Pierluigi Frosio en position de libéro. Une tactique révolutionnaire et surtout payante, puisque l’équipe de Castagner va terminer meilleure défense du championnat avec seulement seize buts encaissés en trente rencontres (la Serie A se disputait à 16, N.D.L.R.) au terme de cette année folle. Qui aurait pu l’être encore un peu plus si, à sept journées de la fin, alors que Pérouse n’est qu’à deux points du Milan, le capitaine Frosio ne s’était pas blessé sur la pelouse du Torino.

Une perte énorme selon Castagner, ajoutée à celle du meneur de jeu Vannini – dit « Le Condor » – au début de la phase retour, qui fera dire au coach de l’époque « qu’avec ces deux-là, on aurait gagné le Scudetto » . Car la journée qui suit, Perugia reçoit Milan dans un choc au sommet qui se termine sur un nul malgré une ambiance indescriptible dans toute la ville. L’occasion est manquée, le Pérouse des Miracles doit se contenter de la place de second à deux points du leader milanais, emmené par Baresi et Rivera. Avec, en guise de lot de consolation, ce statut d’équipe invincible qui restera à jamais dans l’histoire du championnat. D’autant que, malgré cette place du dauphin, D’Attoma est un président aux anges. S’il n’est pas passé loin de décrocher le graal national, le président de Perugia emmène le club pour la première fois en Coupe de l’UEFA, et instaure l’année suivante une nouveauté au grand dam des règles imposées par la Fédération : l’arrivée du premier sponsor maillot. À croire que l’on peut vraiment tout se permettre lorsqu’on se sent invincible.

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