- Coupe d'Europe
- 23 août 2005
- Le jour où...
Il y a 10 ans… l’OM gagnait la Coupe Intertoto avec panache
Obligé de marquer trois buts pour se qualifier à la mi-temps, l'OM tape finalement 5-1 le Deportivo La Corogne pour une des plus belles pages de son histoire récente.
Tout supporter marseillais qui se respecte visionne la vidéo dramatique de ce match au moins une fois par mois. Sous sa couette après chaque défaite un peu amère, paquet de chips posé sur le lit, BO de Requiem for a dream dans les oreilles. Même si le débat créé ce jour-là entre supporters de l’OM et opposants n’a toujours pas de conclusion aujourd’hui. Faut-il considérer la Coupe Intertoto comme un vrai trophée ? Les détracteurs du club marseillais n’ont pas fini de se moquer des Phocéens, un poil trop euphoriques ce soir-là, avec un Robert Louis-Dreyfus, milliardaire de son état, qui danse en claquettes avec ses joueurs pour la remise du trophée. Après tout, dès la saison suivante, l’UEFA changea la formule de ces tours préliminaires d’été, avant de les supprimer définitivement. Preuve que bon… Mais l’OM a quand même écrit une très belle page de son histoire cet soir-là. Peut-être le plus beau fait d’armes des années Pape Diouf. Et un trophée qui a peut-être plus de valeur qu’une Coupe de la Ligue qui s’attrape en quatre matchs et un tableau protégé, puisque là, il a fallu sortir les Young Boys de Berne, une Lazio qui finira sur le podium de la Serie A en fin de saison. Et donc le Deportivo La Corogne.
Ribéry perd ses nerfs
Au moment de se rendre au Vélodrome, l’équipe de La Corogne n’a pas beaucoup changé depuis sa demi-finale de Ligue des champions contre Porto, 15 mois auparavant. Le stoppeur que toute l’Europe s’arrache, Jorge Andrade, est là, tout comme Luque, Duscher, Tristan, Scaloni, Valerón… À l’aller, Jean Fernandez, qui démarre son championnat dans la zone rouge, a tenté de relancer Koji Nakata dans l’axe. Grosse erreur, l’OM revient d’Espagne avec un 2-0 dans les dents. Un score dur à remonter en Coupe d’Europe. Mais le Vélodrome est quasi plein : la plupart des places avaient de toute façon été vendues avant le match aller. Le scénario parfait est dans toutes les têtes : un but en première période, un but en seconde, et hop, la décision dans la prolongation. Et puis, La Corogne vient avec un nouveau maillot, aussi moche que celui qu’ils avaient étrenné quand ils s’étaient pris un 8-3 à Monaco. Alors…
Ça démarre plutôt bien avec un but de Ribéry à la 7e minute. Dans une combinaison déjà bien huilée, Taïwo frappe fort un coup franc sur le goal, et la recrue de Galatasaray suit. Mais Andrade égalise sur un cafouillage dans la surface dans la minute. Le script parfait est bon pour la poubelle. Pour ne rien arranger, Ribéry se fait expulser avant même les 10 minutes. Il en était venu aux mains avec Duscher, peut-être pour venger Beckham en 2002. À la mi-temps, les spectateurs n’en mènent pas large. Tout comme Cédric Carrasso qui se fait chambrer par les joueurs espagnols en rentrant aux vestiaires. « Combien il faut que vous marquiez de buts ? Trois ? Ça va être difficile tout ça… »
Doublé de Niang, bijou d’Oruma
Mais l’OM veut le faire. Et va le faire. Avec des coups de pouce, c’est vrai. Tout d’abord de l’arbitre, qui accorde à l’heure de jeu un but à Abdou Méïté malgré un sacré ascenseur sur son vis-à-vis, et qui expulse Capdevila sévèrement pour contestation. Puis de Molina, l’ancien portier de la sélection espagnole, qui se foire totalement sur un centre de Laurent Battles que Niang contre dans le but. À 3-1, à 10 contre neuf, et à un gros quart d’heure de la fin, les Marseillais n’ont plus qu’un but à mettre pour réaliser l’exploit. Le stade est en feu, et Jean Fernandez envoie tout, laissant sur la fin Nakata et Méïté derrière, Oruma et Batlles au milieu, Taïwo ailier gauche, le jeune Barry ailier droit, pour Mendoza, Koke et Niang en attaque. Et c’est justement le bon Mamadou qui délivre le Vélodrome sur un enroulé dans la surface à la 88e. Et pour que la fête soit complète, Wilson Oruma, aussi fort à l’époque que Memphis Depay aujourd’hui, dribble trois joueurs dans le temps additionnel pour marquer d’une frappe croisée.
Carrasso s’empresse d’aller demander aux Espagnols si ça va ou s’ils en veulent un sixième. Les ricanements espagnols de la mi-temps laissent place à l’amertume des vaincus. Joaquim Caparros, l’entraîneur de La Corogne, l’a en travers de la gorge : « Ce match a été un véritable scandale. C’est une chance que mes joueurs se soient comportés comme ils l’ont fait, car le match aurait pu être arrêté par manque de joueurs. Vous avez vu comment se sont comportés les Marseillais ? Ce fut tout simplement scandaleux. Nous avons noté le changement de comportement du trio arbitral à la mi-temps. On peut parler de véritable persécution. » Rageux. Mais les Marseillais s’en carrent l’oignon et ont bien raison. Folie sur la pelouse avec RLD donc, folie dans les tribunes, où l’on reste volontiers pour faire la fête. On se quitte en se promettant d’encadrer la une de L’Équipe du lendemain. Peine perdue, le quotidien sortira une édition spéciale suite aux révélations de dopage de Lance Amstrong… Mais grâce à la manne financière de la participation à la Coupe de l’UEFA, l’OM pourra finir son mercato. Battles retournera à Toulouse pour laisser la place à Christian Giménez et surtout Lorik Cana, arraché au PSG. Qui prouvera par la suite qu’il est plus qu’un simple trophée.
Par Romain Canuti et Kévin Charnay