- C1
- 1er tour
- Vardar Skopje-Malmö
Il s’appelle Jonathan Balotelli
C'est de la Ligue des champions, c'est un duel entre Skopje et Malmö, mais c'est surtout l'occasion de découvrir l'autre Balotelli. Jonathan, brésilien, pas encore jaune et qui attend de jouer le deuxième tour retour des préliminaires de C1 (1-1 à l'aller).
Tout dans son attitude laisse transparaître le malaise. Rien n’évoque le moindre plaisir. Le regard est vide, quasi dépressif. Ses poings sont à peine serrés, il galère à contracter son buste concave et encore plus à donner l’impression d’être arrogant. Il faut s’appeler Gilbert Montagné pour ne pas voir qu’il préférerait être partout plutôt que sur ce terrain d’entraînement vide et à proximité de cette affreuse pelouse de fin de quinzaine tennistique. Non, il n’a pas du tout envie d’être là. Pas envie d’imiter Mario à l’Euro 2012, non plus. Et non, ça n’est jamais bon de suivre les conseils d’un photographe qui te demande d’enlever ton T-shirt et de contracter tes muscles pour faire comme ton homonyme : « Tu vas voir, ce sera super fun » qu’il disait. Bref, il accepte de jouer le jeu, mais pas besoin de l’interviewer pour comprendre que ce jour d’été 2013 a été, est et restera une sérieuse galère pour Jonathan Balotelli.
Vardars Jonathan Balotelli vs Mario Balotelli pic.twitter.com/9UY2YsB6Mg
— Unibet Sverige (@Unibet_Sverige) 12 juillet 2017
Un break de trois ans pour un job dans un cybercafé
Il faut croire que le monde du travail, du football avant tout, est ainsi fait. Avoir un homonyme dans son milieu professionnel, c’est l’assurance de comparaisons permanentes. Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquelles il semble si mal à l’aise ce jour-là. Peut-être est-ce aussi parce qu’il n’a jamais vraiment eu l’occasion de se poser dans un club. Depuis le début de sa carrière, Jonathan enchaîne les CDD et les piges par-ci par-là, et pour l’une des rares fois de sa carrière, cette saison, il rempile pour un second contrat dans la même boîte. Arrivé le 8 juillet 2016 en Macédoine, au Vardar Skopje, il a joué une trentaine de matchs complets, soit presque un tiers de ce qu’il avait accompli jusque-là. Mieux, il a trouvé onze fois le chemin des filets, ce qui représente également 30 % de ce qu’il a enfilé sur l’ensemble de sa carrière. Pour un attaquant de 28 ans, ce n’est pas rien.
Pour sa défense, Jonathan a longtemps traîné dans les petites divisions brésiliennes et a attendu un bon moment avant d’avoir sa chance. L’année de sa majorité, il doit même lâcher le ballon pour travailler trois ans dans un cybercafé à Rio de Janeiro.
« Je n’ai même pas de voiture »
Il aime bien Mario, se trouve des ressemblances avec lui, dans son jeu, dans son physique, il se fait notamment la même iroquoise peroxydée : « En fait, je voulais surtout ressembler à Neymar, sauf que les gens me prenaient pour Balotelli » , confie-t-il à Super Esportes en 2013. Alors, en bon Brésilien qu’il est, et sous l’effet de cette pression sociale et certainement aussi pour sortir du lot, Jonathan Boreto dos Reis se choisit un surnom : celui de son pseudo sosie italien. Mais selon lui, pas vraiment de ressemblance entre les deux et surtout pas au niveau de son mode de vie. Il se voit plus comme un gars tranquille : « Et puis, je n’ai même pas de voiture » , lâche-t-il alors. C’est à se demander qui est le Brésilien des deux. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, après un bon nul sur le terrain de Malmö à l’aller (1-1), il pourrait enfin se rapprocher du niveau de son homonyme. Ça n’effacera jamais le souvenir de cette photo de l’enfer, mais peut-être qu’il pourrait y trouver une sorte de justification.
Par Ugo Bocchi