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Il s’appelle Ali Ahamada

Par Antoine Mestres
Il s’appelle Ali Ahamada

Quatrième gardien en février, indiscutable aujourd’hui, Ali Ahamada a connu une ascension rapide. Pas forcément prévue, elle pourrait en revanche durer encore un moment. Le TFC se cherchait un grand gardien, celui-ci ne sera pas Yohann Pelé.

Il y a ceux dont on attend tout et qui déçoivent. La faute à trop de pression, trop d’impatience. Et il y a ceux dont on attend (presque) rien, qui voient une opportunité, la saisissent, gagnent la confiance des autres, se mettent à croire en eux et se disent pourquoi pas. Ali Ahamada fait incontestablement parti de cette deuxième catégorie. « Lui quand il est arrivé, ce n’était pas un jeune qui avait fait une formation où on pouvait se dire: « Tiens il a énormément de talent », c’était plus un pari qu’une affirmation » Evoquant son protégé, Alain Casanova ne dit pas autre chose. N’empêche, ce garçon est bien le dernier rempart de la meilleure défense de Ligue 1. A 20 ans tout juste.

De défenseur à gardien de but, de 4ème gardien à titulaire indiscutable

Sa carrière, il la débute à neuf ans à Martigues. Avant de mettre les gants, Ali Ahamada a eu le temps de tester tous les postes. « J’ai évolué pratiquement à tous les postes. Sauf celui de latéral, quand j’y réfléchis bien. En poussins, j’ai été positionné défenseur central en raison de ma taille, en benjamins je suis passé au milieu, un peu à droite et à gauche, et en pupilles je suis carrément monté attaquant, avant-centre ou ailier. Après, en minimes, pour un tournoi, notre gardien faisait défaut. L’entraîneur m’a demandé si je voulais essayer. Je n’ai jamais plus quitté les buts… » Le hasard fait bien les choses, épisode un. Quelques années plus tard, en 2009, Ali Ahamada signe pour le centre de formation du Toulouse Football Club. Une jeune recrue alors parmi tant d’autres, avant que les circonstances, lui offrent, début 2011, l’occasion de se montrer un peu. L’histoire d’amour entre Ali Ahamada et l’équipe première du TFC est aussi improbable que simple. Une opportunité inattendue de se montrer, une chance saisie, une place pas lâchée. Le hasard fait bien les choses, épisode deux.

20 février 2011, le Tef’ reçoit le Stade Rennais. Scénario catastrophe pour Alain Casanova. Yohann Pelé foutu pour le foot, Matthieu Valverde blessé, l’espoir Marc Vidal débute et se pète à son tour en fin de match. Scénario rêvé pour Ali Ahamada, remplaçant en réserve, envoyé au charbon pour terminer un match, perdu 2-1, avec un péno encaissé pour sa première seconde en Ligue 1. Pas grave, il aura à nouveau sa chance. Le Téfécé moribond, Valverde hors du coup, Casanova la lui redonne deux mois plus tard, le 24 avril et se souvient: « A un moment, je voulais provoquer quelque chose dans le groupe par rapport à des résultats moyens, mais je ne me doutais pas qu’il allait autant jouer. Je lui ai donné sa chance et il m’a mis le doute parce que même s’il est très jeune, il a montré tellement de maturité, d’assurance et de maitrise dans ce qu’il faisait… » Ali tient donc le poste jusqu’à la fin de saison avec des résultats qui plaident en sa faveur. Le TFC, 14ème à sept journées de la fin, termine finalement fort à une honorable 8ème place. Etienne Didot résume simplement la donne: « Il a su saisir sa chance ! Pour les gardiens, c’est plus difficile que pour les autres joueurs. Un gardien remplaçant a rarement l’occasion de se montrer. Il en a eu une et il a su la saisir » .

Quand le club lui met Rémy Riou dans les pattes l’été dernier pour l’épauler dans son apprentissage et/ou le concurrencer – ce que reconnait Casanova « Oui, avec la blessure de Yohann Pelé, on voulait se prémunir. On voulait un gardien avec du vécu, de l’expérience et du potentiel. Ali Ahamada avait même pas dix matchs en première division donc on ne pouvait pas se dire qu’il allait tenir, qu’il allait faire toute la saison sans coups de moins bien » – Ali Ahamada le prend comme un stimulant, s’accroche et conserve sa place. Aux dernières nouvelles, Riou a débuté un seul match, perdu fin août en coupe de la ligue contre Nice. Ali drive lui la meilleure défense du championnat dans une équipe qui réalise le meilleur début de saison de son histoire. Dont acte.

Un style, la foi, la baraka

Les débuts d’Ali Ahamada en rappellent d’autres. Mickael Landreau, terminant un Bastia-Nantes d’octobre 1996 pour remédier à la pénurie de gardiens du moment au FCNA. Ou un certain Fabien Barthez, qui lui, un soir de septembre 1991, avait débuté au TFC profitant des blessures cumulées de Robin Huc et Olivier Pédemas à tout juste vingt ans. Question style, le jeune Ali tient cependant plus de Fabulous Fab que Micka Landreau car lui aussi prolonge une certaine idée du « goal spectacle » . Grand (1m89), longiligne, Ali en impose sur sa ligne. Une attitude féline, un brin de nonchalance, et des arrêts décisifs en prime. Contre Nice lors de la troisième journée, il renvoie Eric Mouloungui à son inefficacité en arrêtant son pénalty à la 97ème minute, préservant ainsi le point du nul pour son équipe. Un peu plus tard, au Moustoir, Toulouse réduit à 10, il avait régalé ses coéquipiers, écoeuré les attaquants merlus, gardé sa cage inviolée et été élu homme du match. Contre Lille il y a deux semaines, bis repetita, il arrête la péno de Sow et les tentatives d’Hazard à bout portant sans sourciller. Autant de prestations marquantes pour un goal discret qui monte en puissance au sein du vestiaire toulousain. « Il commence à bien s’imposer. Avec les plus jeunes du groupe certes, mais il commence à prendre de la voix, à diriger » , ajoute le coach toulousain.

Au conseil de classe du premier trimestre, Alain Casanova le place dans le tableau d’honneur mais lui donne encore une sacrée marge de progression pour se rapprocher des félicitations. « Il a tout à un niveau bon +, mais tout est perfectible. Il est intéressant techniquement, au niveau des mains, des pieds. Il a une grosse présence sur sa ligne, dans la surface, de par sa taille, sa maitrise émotionnelle. Mais il doit bosser sa capacité à rester dans le match pendant 90 minutes, ainsi que son agressivité » . Qui dit « goal spectacle » , dit forcément sueurs froides car Ali Ahamada connaît encore quelques trous d’air et peut refiler de temps à autre quelques frissons à ses coéquipiers et son banc de touche. Pas grave, on lui pardonne « Il nous procure des sueurs froides, mais c’est intégré par le staff et ses coéquipiers » précise Casanova. Comprendre, on sera patient avec lui. Il dispose d’un droit à l’erreur, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Concernant sa réussite précoce et inattendue, le coach toulousain a également son explication bien à lui, plus mystique cette fois. « Il y a des gardiens qui ont la baraka et d’autres qui ne l’ont pas. Lui, il l’a, il a une bonne étoile au dessus de sa tête. Mais la baraka, ça ne vient pas par hasard. Quand on a une grande croyance, une grande foi, une qualité d’attraction, on l’attire et je crois que c’est son cas » . Si cette explication irrationnelle peut surprendre concernant le toujours très terre à terre manager toulousain, les statistiques viennent confirmer son ressenti. Quatre buts encaissés en neuf matchs pour la saison 2010-2011, douze buts encaissés en quinze matchs cette saison pour le très croyant Ali. Des chiffres qui ne trompent pas. Avec une moyenne de 0,65 buts encaissés par match sur sa carrière, Ali Ahamada est l’un des gardiens les plus rentables de Ligue 1. En équipe de France espoir, en cinq matchs, sa vigilance n’a jamais été trompée. D’ailleurs, concernant sa sélection future, Ali hésite toujours. D’origine comorienne, il est forcément très demandé et peut encore changer d’avis: « Le sélectionneur aimerait bien que j’aille jouer pour la sélection comorienne. Je pense que c’est un peu tôt, je prends encore le temps de réfléchir. Je n’écarte aucune possibilité. » Sa situation avec le TFC est plus simple. Le joueur est sous contrat jusqu’en 2014, et le club haut-garonnais compte évidemment continuer à grandir avec son petit prince. Prince Ali, oui c’est bien lui, Ali Ahamada.

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Par Antoine Mestres

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