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Il s’appelait Piermario Morosini
A 17h05, Piermario Morosini, joueur de Livourne, est décédé. Âgé de 25 ans, il a subi un arrêt cardiaque pendant le match de Serie B entre Pescara et Livourne. La Fédération italienne a décidé de reporter à une date ultérieure tous les championnats professionnels.
De là où il se trouve aujourd’hui, Fabrice Muamba, sur les coups de 17h, a dû avoir l’impression de revivre un moment tragique. Comme cela lui était arrivé il y a quelques semaines, Piermario Morosini, joueur de Livourne, a été victime d’un arrêt cardiaque en plein match. Les histoires des deux hommes se séparent à ce moment-là. Muamba a rapidement été pris en charge, transporté à l’hôpital et, miraculeusement, a fini par rouvrir les yeux, et à enlacer à nouveau la vie. Morosini n’a pas eu la même chance. Quelques minutes après son arrêt cardiaque, le joueur de 25 ans a été déclaré mort par les médecins de l’hôpital Santo Spirito de Pescara. Un véritable coup de tonnerre. La Fédération italienne de football (Figc) prend immédiatement ses responsabilités : le football s’arrête. Le match entre le Milan AC et le Genoa, qui doit se disputer moins d’une heure plus tard, est annulé, tout comme l’intégralité de la 33ème journée de Serie A. The show must go on ? Non, pas toujours. La Fédé a enfin tiré les leçons de l’histoire.
Une vie de tragédies
Qui était donc Piermario Morosini ? Un joueur qui, il y a quelques années, était encore considéré comme une vraie promesse du football italien. Pour preuve : il avait endossé tous les maillots de jeunes de l’équipe nationale, de l’Under 17 à l’Under 21. Né à Bergame, il fait ses premiers pas avec les équipes de jeunes de l’Atalanta, mais ne fait pas le grand saut pour atteindre l’équipe première. Il est en revanche repéré dès l’âge de 18 ans par l’Udinese, qui voit en lui un futur grand milieu de terrain. Il fait ses grands débuts en Serie A contre l’Inter, le 23 octobre 2005. Il ne dispute que quelques matches avec le maillot frioulan, mais laisse entrevoir de belles choses. Pour faire ses armes, Morosini est prêté à Bologne en Serie B, puis à Vicenza, à la Reggina et à Padoue. Lors de l’été 2010, l’Udinese souhaite le récupérer. Mais l’effectif est complet, et le joueur est donc à nouveau prêté à l’étage inférieur. D’abord à Vicenza, le club où il avait été le meilleur, puis, depuis janvier 2012, à Livourne. L’objectif du club toscan était évidemment de renforcer son effectif pour réussir à aller chercher la montée en Serie A à la fin de la saison.
Ce 14 avril 2012, Livourne disputait justement un match décisif, non pas pour la montée puisque l’équipe est actuellement seizième, face à Pescara, actuel quatrième du classement. A 15h31, 31ème minute de la rencontre, Morosini s’est écroulé sur la pelouse. Tout le monde a rapidement compris que la situation était grave. Certains coéquipiers explosent en larmes. D’autres tentent d’assister les médecins. L’ambulance tarde à arriver. C’est seulement après l’annonce de sa mort que l’on apprendra que l’ambulance a tardé à entrer dans le stade à cause d’une voiture de police municipale garée devant l’entrée du stade. Bravo. A rien ne servent les tentatives des ambulanciers. « Son cœur ne s’est jamais remis à battre » affirme le docteur Leonardo Paloscia. C’est la fin d’une trop courte vie. Une vie qui n’a jamais épargné Morosini. En 2001, alors qu’il est âgé de 15 ans, sa mère Camilla décède. Deux ans plus tard, son papa, Aldo, s’en va également. Devenu orphelin, Piermario touche le fond une année plus tard, lorsque son frère meurt à son tour. Il ne reste plus que lui et sa grande sœur. Une grande sœur à qui vont, évidemment, les pensées les plus fortes.
Mancini, Fersini, Sandri, Paparelli
Cette tragédie vient ponctuer (espère-t-on) une incroyable série noire en Italie. Il y a deux semaines, le préparateur athlétique de Pescara et ancien gardien de Foggia, Francesco Mancini, décède déjà d’un malaise cardiaque juste après l’entraînement. Le lendemain, Giorgio Chinaglia, ancien buteur de la Lazio Rome, s’en va à son tour, à un âge certes plus avancé de 65 ans. Tragédie encore : cette semaine, un jeune joueur de la Lazio, Mirko Fersini, 16 ans, subit un gravissime accident de scooter dans la zone de Fiumicino, à Rome. Après quelques jours passés dans le coma, le joueur a succombé à ses blessures, avant-hier. Néanmoins, cette fois-ci, la Fédération italienne a eu le bon réflexe, en reportant tous les matches de championnats, de la Serie A à la Serie D. Cela n’a pas toujours été le cas.
En 2007, un supporter de la Lazio est en effet tué par un policier sur une aire d’autoroute, alors qu’il se rendait à Milan pour assister au match entre l’Inter et la Lazio. La rencontre est annulée, mais tous les autres matches sont confirmés par la Fédé, ce qui déchaîne une véritable haine chez certains supporters. De nombreux incidents éclatent, notamment à Bergame, où les tifosi, désireux d’en venir aux mains avec « les meurtriers » (les policiers) brisent les vitres de protection du stade. Et si l’on remonte encore plus loin, l’Italie se souvient évidemment de ce jour d’octobre 1979, où Vincenzo Paparelli, un tifoso de la Lazio (décidément le club le plus poissard de l’histoire) meurt dans les travées du stadio Olimpio après avoir reçu en plein visage une fusée provenant du virage de la Roma. Ce jour-là, malgré la tragédie et la demande de suspension des supporters, le derby s’était joué, dans un climat surréel. Ce même climat surréel qui plane aujourd’hui sur l’Italie du football, qui pleure l’un de ses enfants. Ciao, Piermario.
Eric Maggiori