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Il faut sauver le soldat Sissoko
Héros français de l'Euro, Moussa Sissoko est en déperdition en Angleterre. Après une saison compliquée à Newcastle, il enchaîne sur un temps de jeu limité à Tottenham. Et si la solution, c'était de rapatrier l'international français en Ligue 1 ?
Il y a un peu moins de six mois, il était le meilleur joueur au Stade de France. Sans Rui Patrício en état de grâce, il aurait probablement décroché le Graal européen avec les Bleus et offert un Ballon d’or à Antoine Griezmann. Depuis l’Euro en revanche, Moussa Sissoko a galéré pour quitter Newcastle et peine désormais à s’imposer sous les couleurs de Tottenham. Un club dont l’entraîneur, Mauricio Pochettino, a remis en question son implication aux entraînements en novembre. Et titularisé le Français contre la D4 Wycombe en Cup ce week-end, mais ne lui a laissé que des miettes lors des gros matchs contre Manchester City (11 minutes) ou Chelsea (4 minutes). En clair, en Angleterre, Moussa Sissoko dépérit, n’est pas – ou plus – apprécié à sa juste valeur, lui qui déjà la saison passée était dans le viseur des supporters magpies pour des performances jugées trop ternes. Une situation à laquelle Didier Deschamps avait réagi en convoquant le joueur à chaque rassemblement des Bleus. Si le sélectionneur des Bleus a maintenu sa posture depuis juillet en faisant de Sissoko un titulaire régulier en sélection malgré un temps de jeu irrégulier en Premier League, il ne pourra pas à lui seul maintenir le box to box hors de l’eau.
Une rallonge pour Moussa ?
À l’approche des dernières heures du mercato, seul Everton apparaît dans la catégorie des rumeurs liées à Moussa Sissoko. Un crêve-cœur alors que son nom était associé à un intérêt du Real Madrid pendant la période estivale. Paris a claqué plus de 80 millions d’euros pour Draxler, Guedes et Lo Celso. L’OM en a lâché 30 pour le seul Dimitri Payet après avoir déjà débauché Morgan Sanson et Patrice Évra. Même Toulouse s’est surpassé avec six millions en guise de pari sur Andy Delort, en situation d’échec au Mexique. En clair, la Ligue 1 est en mode dépense cet hiver, l’histoire serait belle avec une dernière folie pour un retour de Moussa Sissoko avant l’âge de la retraite. Certes, son salaire coûte une blinde, son indemnité de transfert tourne à 35 plaques, et à vingt-sept ans, il n’offre pas forcément les meilleures garanties de retour sur investissement… Quoique, à Monaco on peut en retirer une plus-value à dix millions d’ici 18 mois. Si les décideurs de la Ligue 1 veulent envoyer du rêve et valoriser un tant soit peu le football français, il y a des efforts et des prises de risques qui s’imposent.
Sissoko plutôt que Cabaye à l’OM
Depuis le début du mois, Marseille a ainsi poussé Dimitri Payet à chanter l’Internationale et réclamer son droit à une mutation dans le Sud de la France. Si la direction olympienne cherche désormais en priorité un défenseur central solide, un concurrent à Bafé Gomis et éventuellement une alternative à Lassana Diarra, en réorientation professionnelle pour devenir juriste, un international A en puissance de plus dans le « OM Champions Project » ne serait pas un mal. Surtout quand c’est le nom de Yohan Cabaye à douze millions d’euros qui a été cité comme cible première pour le poste de sentinelle. Moussa Sissoko, ce n’est que trois fois plus cher, mais avec quatre ans de moins, cinq poumons de plus, une tout autre masse musculaire… Et si on lui demande, il joue avant-centre, défenseur central ou gardien de but. Quand il ne claque pas des sprints dignes de la Diamond League.
L’homme des grands événements
Des doutes quant à son niveau réel ? Il est ressorti cuit de l’Euro et a foiré sa préparation pour forcer son départ de Newcastle. Logique de le voir dans le dur aujourd’hui. Quant à sa régularité, cela n’a jamais été une marque de fabrique de l’ancien Toulousain. Mais dans les matchs importants – quoi de plus important qu’un match avec l’équipe de France –, l’actuel Spur a toujours répondu présent. Quel que soit le poste. Alors certes, son prix est sensiblement trop élevé, sa qualité technique n’a pas le soyeux de Draxler ou de Payet. Mais on sait que si le latéral gauche se pète, il ira prendre le relais. Que dans les matchs d’hommes, il courra plus vite et plus longtemps que les autres. Bref, pas un génie, mais un joueur au service de l’équipe. Un joueur qui peut parler au premier degré en se disant « prêt à venir à la nage s’il le faut » . Intouchable pour l’essentiel des clubs français, pas intéressant pour Gérard Lopez qui veut faire des plus-values sur des jeunes Brésiliens et Moldaves, mais une vraie belle option pour des écuries de Ligue des champions. Et puis s’acheter Moussa Sissoko cet hiver, c’est un peu comme une belle bague de fiançailles à sa promise : ce n’est pas forcément indispensable, mais cela fait toujours plaisir.
Par Nicolas Jucha