- Coupe de France
Il faut sauver la Coupe de France 2021 !
Invité sur RMC mercredi matin, Jean Castex a enterré la Coupe de France 2020-2021. Rien n’est encore officiel, mais les mots du Premier ministre laissent peu d’espoir, malgré la réponse de Le Graët. Pour la première fois en 104 éditions, la Coupe de France, que même la Seconde Guerre mondiale n’avait pas arrêtée, risque de ne pas avoir lieu. La goutte de trop.
« On la soutient, on l’aide, mais… » Quand une phrase commence comme ça, on sait comment ça finit. Surtout lorsqu’elle provient d’un Premier ministre, interviewé par le CR7 des matinales : Jean-Jacques Bourdin. Également président d’honneur du Nîmes Olympique, le journaliste rocailleux n’a pu s’empêcher d’interroger Jean Castex ce mercredi sur ce que les Français du foot veulent savoir : la Covid-19 va-t-elle tuer la Coupe de France ? « Oui », a répondu, tout penaud, Jean Castex. C’est donc le Premier ministre « des territoires, de la proximité » , qui a annoncé l’annulation probable de la seule compétition de football qui représente « les territoires, la proximité » .
La Covid-19, plus forte que la guerre
Mardi, Noël Le Graët avait prévenu sur France 3 Bretagne (évidemment) : « On ne pourrait pas démarrer les compétitions avant février. C’est presque cuit. » Après l’ingérence ministérielle, il a rectifié au Parisien : « Mais ce n’est pas cuit pour la Coupe de France ! En ce moment, cela change tous les jours. » La finale du 24 avril est, certes, encore loin, mais l’équation paraît difficilement solvable sachant qu’il reste trois rencontres du cinquième tour à jouer, avant le sixième puis le septième, celui de l’entrée en lice des clubs de Ligue 2. Doivent suivre ensuite un huitième tour, puis l’arrivée des écuries de L1 en 32es de finale, début janvier. Une cadence impossible à tenir, alors que les clubs amateurs ne pourront reprendre l’entraînement qu’en janvier, hormis ceux de National 1, 2 et 3 qui retrouvent actuellement les terrains grâce à leur statut semi-professionnel.
Dès lors, avec seulement sept créneaux en semaine entre le 16 février et le 28 avril, impossible de décaler l’édition 2020-2021, notamment à cause de l’Euro. Et puis, quel club pro se mouillerait pour sauver la Coupe de France et alourdir son calendrier ? Ce qui est bien triste, car l’annulation pure et simple qui se profile serait une première en 104 éditions. Même la Seconde Guerre mondiale n’avait pas stoppé la compétition, permettant au RC Paris (1939, 1940, 1945), aux Girondins (1941), au Red Star (1942), à l’OM (1943) ou à l’EF Nancy-Lorraine (1944) de soulever le trophée. Tandis qu’en 1992, après le drame de Furiani en demi-finales entre Bastia et Marseille, seule la finale avait été annulée. Mais en 2020-2021, on se dirige donc vers une année sans coupe. Sans saveur. Comme si le football français n’avait pas déjà fait assez de concessions avec une fin de championnat anticipée et certainement faussée, suivie d’une reprise dans des stades vides.
Le dernier espoir du foot d’en bas
Après cette annus horribilis, la magie de la Coupe, c’est exactement ce dont la France du foot a besoin. Pouvoir s’extasier devant le parcours d’un Petit Poucet improbable, revoir un ex-club pro briller le temps d’une épopée, se moquer de l’élimination de l’OM en 32es de finale. Mais aussi s’étonner de voir – encore – Quevilly au rendez-vous des huitièmes, se rappeler Les Herbiers, Carquefou, Calais. Retrouver le football vrai des après-midi de janvier dans des stades champêtres, les pieds pleins de boue, une main sur la main courante, l’autre dans la barquette de frites, dont l’odeur titille les narines jusque sur le terrain. Tout cela alors que, après vingt-six ans de colocation forcée avec la Coupe de la Ligue, la plus belle des compétitions françaises s’apprêtait à enfin retrouver toute la lumière.
Sacrée, la Coupe de France a cette année surtout une importance capitale pour le football amateur, frappé de plein fouet par la crise sanitaire et économique. Elle est, plus que jamais, la perspective de lendemains meilleurs, si ce n’est le dernier espoir pour sauver le club de la faillite, grâce à la billetterie, aux droits TV. Un dernier espoir mort dans la bouche de Premier ministre sur RMC ? La FFF fait-elle son maximum pour éviter cela ? Noël Le Graët semble surtout subir la situation, comme il subit la crise chez les Bleues, comme il subit la crise interne à la fédération. Interrogé par Le Parisien, Le Graët a répondu : « Je crois vraiment qu’on peut trouver des solutions pour s’adapter. Nous réussirons à trouver une formule.(…)Pour moi c’est très clair : la Coupe de France aura lieu cette année. C’est sûr. » Après avoir dit le contraire la veille… Entre-temps, le Père Noël a dû se rappeler les 36 millions d’euros en jeu pour la FFF, et, peut-être, les nombreux clubs à sauver.
Par Adrien Hémard