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Il court, il court, le Kingsley
Du haut de ses 20 ans, Kingsley Coman est le joueur le plus rapide de l'Euro 2016. Une qualité naturelle dont il sait se servir quelle que soit l'attitude de l'adversaire.
Son rôle premier, celui dans lequel il sera le plus efficace, c’est celui de joker. Quand il entre en jeu entre la soixantième et la soixante-dixième minute, les défenseurs adverses tirent la langue et claquent des jambes. Après plus d’une heure d’efforts à résister aux assauts de l’équipe de France, l’homme qui court plus vite qu’un lézard fait son entrée sur la pelouse, et il va falloir tenter de le rattraper à chaque fois qu’il s’en va balle au pied. Les jambes de Kingsley Coman impressionnent et inspirent la crainte, car ce sont les plus rapides du tournoi. Flashé à 33 km/h contre la Suisse, le joueur du Bayern est le joueur le plus véloce de l’Euro 2016. Une statistique qui vient renforcer son statut, lui qui est déjà l’homme le plus rapide de la Bundesliga devant Pierre-Emerick Aubameyang, en ayant été chronométré à plus de 35 km/h.
Une vitesse naturelle
« C’est sûr qu’il est impressionnant par rapport aux autres joueurs. Sa capacité d’explosivité est bien supérieure à la moyenne. La différence est flagrante » , estime Jean-Charles Trouabal, ex-recordman du monde du 4×100 mètres. Sur un côté, Coman est inarrêtable. Pourtant, à la différence de Gareth Bale ou de Cristiano Ronaldo, le jeune Français n’a pas la puissance musculaire en sa faveur. « Je pense qu’il a toujours couru vite, que sa vitesse est naturelle. Ce n’est pas une qualité qu’il a acquise avec le travail. Il a cette chance. La seule chose qu’il a à faire maintenant, c’est la conserver » , explique Trouabal. Une rapidité impressionnante certes, mais à relativiser quand certains comparent ses performances à celles de sprinteurs professionnels. C’est la mode depuis quelques mois : croire que les footballeurs peuvent rivaliser avec les athlètes sur le terrain de la vitesse. « C’est de la rigolade. Ce n’est pas le même sport, pas la même préparation, pas les mêmes objectifs, pas les mêmes performances. Un athlète a le buste haut, les articulations ne bougent pas, il y a un gainage très fort. Un footballeur a le centre de gravité plus bas et change de rythme sans arrêt. Usain Bolt peut courir à 44km/h, Kingsley Coman à 35. Ça fait un gros écart, même si la piste est plus favorable que la pelouse… » , tranche l’ancien préparateur physique de l’OM et du Beşiktaş Istanbul.
Plus qu’un « tout droit »
De toute façon, Coman n’a pas que ses qualités physiques comme atout. « J’ai vu plein de joueurs qui savaient juste pousser le ballon loin et courir vite derrière, prévient JCT. Lui, ce n’est pas son cas, ce n’est pas juste un sprinteur. » Lors de cet Euro, l’équipe de France n’a affronté que des équipes regroupées très bas, dont le but principal était de boucher le moindre espace. Des déboulés de 50 mètres en bouffant la ligne de touche, Coman n’a pas eu l’occasion d’en faire des masses, contrairement à ce qu’il a pu montrer en Bundesliga cette saison. Il a fallu alors que l’ancien joueur de la Juventus fasse la différence dans des plus petits espaces. « J’ai donc plus été bluffé par sa capacité à accélérer fort sur quelques mètres, plutôt que par sa vitesse pure, finit Trouabal. Son véritable atout, c’est que ses capacités physiques sont servies par une technique en mouvement impressionnante. » Face à un bloc bas, Coman peut se faufiler entre deux joueurs, changer de direction brusquement balle au pied, centrer, percuter. La panoplie complète de l’ailier déroutant. Et à la 65e minute contre l’Islande, on aura peut-être bien besoin de ses coups de reins.
Par Kevin Charnay