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Il a suivi les supporters rennais pendant toute la saison

Propos recueillis par Romuald Gadegbeku
9 minutes
Il a suivi les supporters rennais pendant toute la saison

Avec son documentaire, Tu ne seras jamais seul, en cours de tournage, Antoine Biard immortalise la saison des ultras du Stade rennais. Caméra à la main, de Jablonec à Londres en passant par Séville, il a saisi joies, inquiétudes ou déceptions. Leur saison de frissons. Avant cette finale de Coupe de France face au PSG, il détaille les ressorts de son doc. Et la manière dont il s'apprête à filmer ces fans lors de ce match décisif, clou du film.

C’est quoi ton lien avec le Stade rennais ?Je suis né à Rennes, petit j’ai joué en amateur avec le Stade rennais pendant neuf ans, et je suis supporter du Stade depuis toujours. Et il y a quelques années, j’avais participé à la promotion d’un bouquin sur Laurent Pokou, un grand joueur ivoirien du Stade rennais dans les années 1970.

Comment t’est venue l’idée de ce documentaire ?Je bosse pour PL4Y, une asso qui prône l’éducation par le sport, grâce à ça j’ai pu participer au tournage d’un documentaire avec Manuel Herrero au Burundi, ça faisait longtemps que ce format m’intéressait et ce tournage a été le déclic.

Quelles ont été tes inspirations ? J’imagine que récemment tu as regardé les docus de Netflix sur le foot ou ceux d’Amazon…Les docus foot de Netflix ou Amazon, j’en ai vu quelques-uns, mais c’est pas vraiment ça qui m’a inspiré. En revanche, j’ai bien aimé le film sur le Standard (Je suis supporter du Standard), ou le documentaire Ragazzi di Stadioqui parlait des ultras de la Juventus dans les années 1970, je crois d’ailleurs qu’un deuxième épisode va bientôt sortir.

Tu as utilisé très peu d’images de foot.

L’idée, c’est de montrer ce qu’il y a derrière les buts, comment un groupe de supporters était en capacité de suivre un club de foot, de façon inconditionnelle.

Très clairement, déjà je n’ai pas les droits des images, et je n’ai pas essayé de les avoir. L’idée, c’est de montrer ce qu’il y a derrière les buts, comment un groupe de supporters était en capacité de suivre un club de foot, de façon inconditionnelle, malgré des résultats en dents de scie, malgré des déceptions notables ces dernières années, pourquoi le Stade rennais restait mine de rien un club assez populaire, avec un taux de remplissage du stade important. Je pense que le document pourrait être transposable à tous les clubs, les codes ultras sont assez similaires de ville en ville, avec quelques spécificités évidemment, mais ça fonctionne partout un peu de la même manière.

Et pourquoi as-tu centré l’histoire sur les ultras ? Je voulais essayer de déconstruire certaines caricatures que les gens peuvent avoir du supporter bête, méchant et décérébré. Certains sont dans l’excès certes, mais il y aussi une vie sociale très forte dans ces groupes, donc l’humain est au cœur de mon sujet. Et il y a la créativité, ce sont les deux thématiques qui m’ont le plus intéressé.

Les ultras sont pourtant des groupes assez fermés et très secrets. Ça a été facile pour toi d’avoir accès à leur univers ?C’est un univers qui peut paraître hyper clanique, il l’est parce qu’il y a un fort sentiment de groupe. Mais malgré tout, le Roazhon Celtic Kop aime bien communiquer. Dans d’autres clubs, d’autres groupes refusent tout contact avec l’extérieur. Mais ça, c’est l’une des spécificités du RCK, et ça leur réussit, le groupe grossit de plus en plus et ses tifos monumentaux se font remarquer.

Tu évoques aussi les femmes ultras.

Dans le doc, on va voir des portraits de femmes hyper actives, qui ont un rôle prépondérant dans le développement de l’association.

Pour moi, c’est un angle hyper intéressant, c’est un milieu qui peut être parfois machiste, même si c’est souvent sur le ton de la déconnade, mais qui reste en tout cas très masculin. Dans le doc, on va voir des portraits de femmes hyper actives, qui ont un rôle prépondérant dans le développement de l’association. Certaines sont dans l’administratif, d’autres participent à l’organisation des déplacements. Et en tribune il n’y a pas de différence, elles agitent les drapeaux, elles vont être lookées comme des ultras mecs finalement. C’était intéressant de montrer comment elles arrivent à trouver leur place au milieu de tout ça.

Pour financer le projet, tu as fait un appel aux dons sur une plateforme collaborative. Tu visais 13 895 euros, t’en as reçu plus de 21 000. Surpris par l’engouement autour du projet ?J’avais commencé le film avant même l’appel aux dons. J’ai fait des teasers sympas, qui ont dû faire 400 000 vues sur les réseaux, et naturellement les mecs ont contribué parce qu’ils avaient envie d’être représentés, et parce qu’ils sont hyper fiers de leur club, et de ce qu’ils font, ça a été surprenant, mais ça s’est fait naturellement.

Des joueurs ont donné ?Ouais.

Qui ?Romain Danzé, Adrien Hunou, Clément Grenier et Jérémy Gélin.

Romain Danzé c’est LE joueur du cru. Quel rapport a-t-il avec les supporters ?Danzé, il a une aura qui est dingue au Stade rennais. C’est le mec qui est arrivé à 14 ans, qui est encore là aujourd’hui à 32 piges. C’est le Paolo Maldini du Stade rennais. La Danz

La Danz ?Ouais, c’est comme ça qu’on l’appelle, c’est quelqu’un de particulièrement normal, et hyper accessible, donc forcément proche des supporters. La Danz, c’est une icône à Rennes, et il aura le droit à sa statue comme a pu l’avoir Thierry Henry à Arsenal, le talent footballistique n’était pas le même, il le dit lui-même dans le documentaire, il se considère comme un joueur moyen, même si c’est un mec qui savait parfaitement bien centrer. (Rires.) Mais je pense que ce qui ressortira de sa carrière, c’est sa relation avec les supporters, une relation hyper intime. C’est un mec simple, humble, une perle.

La saison qu’est en train de faire le Stade rennais est parfaite pour ton documentaire. Avec ce beau parcours en Ligue Europa, cette finale de Coupe de France.

Le fond du truc, c’est comment s’organisent les ultras à Rennes, comment on peut suivre ces mecs-là, pour savoir qui ils sont.

C’est de la bonne matière, parce qu’il y a une effervescence autour du club, notamment à la suite de la victoire à Séville. C’était un tournant de la saison, tous les médias ont été focus sur le Stade rennais pendant quelque temps, et ses supporters se sont mobilisés, c’est intéressant. Après, le cœur du sujet n’est pas là. Le fond du truc, c’est comment s’organisent les ultras à Rennes, comment on peut suivre ces mecs-là, pour savoir qui ils sont, mon sujet il est surtout là, il est en dehors du stade. Après, c’est vrai que ce qui se passe sportivement a nourri la narration.

Tu as des exemples en tête ?À Séville, j’ai le fondateur du Roazhon Celtic Kop, Théo, qui se met à pleurer devant ma caméra, le type était fier de voir 3000 Rennais dans les hauts de Séville, et 500 mecs avec une écharpe sur laquelle était marqué Roazhon Celtic Kop, le club de supporters qu’il a créé, c’était fort.

Tu parlais de la créativité des supporters plus tôt, comment tu t’es emparé de ce sujet ?Les tifos, c’est un angle vraiment clé dans mon film, et surtout leur capacité à en produire des monumentaux de façon hyper artisanale, en un temps limité. J’ai vu des mecs se relayer jour et nuit pour peindre des tifos de 60 mètres sur 40, je le raconte dans mon doc, j’ai eu accès aux backstages de tout ça, et j’étais impressionné. Ils ont une méthodologie qui est juste incroyable, ils sont hyper efficaces, et puis à huit ils vont te pondre un tifo en dix jours, c’est hallucinant.

Des défaites en finale de Coupe de France (en 2009 et 2014) contre Guingamp. Un but de Nicolas Fauvergue à la 93e qui les prive d’une qualification en C1… À force d’être déçus, on dit que les supporters rennais ont développé une forme d’autodérision assez rare. Comment tu montres ça dans le doc ?

Ils ont fait preuve de beaucoup de second degré ces dernières années parce qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, et cette année, il y a quelque chose qui s’est passé.

Ouais. En fait, beaucoup d’entre eux ont été traumatisés par les défaites successives lors des finales au Stade de France. Les supporters du Stade rennais attendent un titre depuis très longtemps (depuis 1971, N.D.L.R.), mais finalement ils ont une énorme capacité de résilience, c’est le mot clé : résilience. Leur capacité à surmonter un traumatisme est surdéveloppée. Les mecs ont beau se prendre des bâches, le lundi ils ne vont pas se dire : « J’arrête d’être supporter du Stade rennais. » Au contraire, ils se disent : « C’est mon club, je n’ai pas forcément choisi, mais je reste. » Et finalement, il y a un attachement dans la défaite, les mecs se relèvent, on a encore beaucoup d’abonnés (10 575) au stade, il y a encore des mecs qui font des déplacements. Ils ont fait preuve de beaucoup de second degré ces dernières années parce qu’ils n’avaient pas vraiment le choix, et cette année il y a quelque chose qui s’est passé. Une fierté s’est décuplée grâce aux résultats.

Et samedi, au Stade de France tu sais ce que tu veux mettre en avant ?Le truc, c’est qu’il y aura 30000 pékins qui vont se pointer au Stade de France. Avec mon cadreur, on va essayer de capter l’arrivée massive des supporters, et le tifo qu’ils ont préparé et qui va être plutôt sympa. Après, comme on suit quelques personnages clés depuis le début, on va s’attarder sur eux.

Des personnages ?Ouais, on suit notamment le capo du RCK, Romain Danzé, les mecs qui confectionnent les tifos. Il y a aussi un jeune qui vient d’intégrer l’asso, donc je le suis en mode le novice qui est en train de devenir un ultra. L’idée, c’est de faire des focales sur ces personnages, avoir aussi des plans plus massifs de l’ensemble, et récolter des réactions, avant et après les matchs.

Et le résultat de cette finale contre le PSG va forcément influer sur la fin du film. S’il y a victoire, il y aura des excès de fête, de joie. S’il y a défaite, il y aura aussi des excès de déception. Dans les deux cas, il y aura des émotions intenses, et la tristesse de la déception m’intéresse autant que la joie de la victoire.

C’est comme une fiction, une comédie ou un drame, les deux peuvent marcher…Exactement. J’espère juste que ces émotions-là, je vais arriver à les saisir, et à les montrer dans le documentaire.

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