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Ikoné, clap de faim
Après trois ans et demi à Lille, Jonathan Ikoné (23 ans) a plié bagage et va officiellement s’engager avec la Fiorentina dans les prochaines heures. Voilà un nouveau départ majeur à gérer chez le champion de France en titre qui laisse un peu songeur en matière de timing pour le joueur.
Résumer le passage de Jonathan Ikoné dans le Nord est un exercice périlleux. Un mélange de coups d’éclat et d’inconstance que l’on pourrait tenter de retranscrire ainsi : à Lille, Ikoné a soufflé le chaud et le froid jusqu’à siffler lui-même la fin de la partie. À une heure de TGV de la capitale, le Titi parisien est devenu un homme. Un homme qui avait l’ambition de se barrer du cocon pour voler de ses propres ailes. Mission accomplie. Si l’on ne veut garder que le positif du passage d’Ikoné chez les Dogues, le tableau de chasse a d’ailleurs fière allure : « Jorko » a été sacré champion de France, a goûté à la Ligue des champions et même à l’équipe de France. Côté face, ce départ programmé en cours de championnat à la Fiorentina – alors que le LOSC s’apprête à disputer un historique huitième de finale de C1 face à Chelsea – résume à merveille ce qui ne s’est jamais construit entre Ikoné et le LOSC : un lien solide qui va au-delà du sportif.
Direction Florence et sa machine
Règle numéro 1 : lorsqu’un joueur esquive à plusieurs reprises des questions sur son avenir, c’est que celui-ci s’écrit déjà ailleurs. Au sortir d’une prestation éclatante face à Wolfsbourg en Ligue des champions début décembre (3-1), où Ikoné avait crevé l’écran au point d’être élu « Man of the Match » , le natif de Bondy (le vrai) s’était contenté de commenter les rumeurs d’un simple « Je me donne à fond en ce moment pour mon équipe et on verra pour la suite. » Comprendre : le job est fait, le cycle lillois est terminé, place au nouveau chapitre. Cette année, l’un des leaders techniques nordistes aura brillé dans des matchs sous haute tension (Séville, PSG, Wolfsbourg), mais également déçu en Ligue 1 où il termine ces cinq derniers mois dans la Ligue des talents avec un seul but au compteur. « Comme Léo Messi » , pourra-t-il dire pour se défendre.
Son avenir s’écrit donc à Florence, chez l’actuel septième de Serie A, qui aurait déboursé près de 15 millions d’euros et surtout accordé à Lille 15% sur le prochain transfert d’Ikoné. Un choix qui pourrait étonner sur le papier, même si l’équipe de Vincenzo Italiano est l’une des attractions en Italie cette année. En Toscane, Ikoné va découvrir l’étranger, un autre championnat réputé pour faire bosser dur ses artistes, et Dusan Vlahović, l’actuel meilleur buteur du championnat (16 buts). Sur ce dernier point, cela ne changera pas beaucoup de Jonathan David.
Une fuite des cerveaux à venir ?
Pour le Lille OSC, ce départ donne quand même quelques maux de tête. Si la vente va dans le sens d’assainir les finances du club – un job plutôt bien fait par l’administration d’Olivier Létang depuis sa prise de fonction -, il va falloir compenser cette perte d’un point de vue sportif. S’il a su s’en passer à Bordeaux (3-2) en titularisant Angel Gomes et grâce à une belle entrée d’Isaac Lihadji, Jocelyn Gourvennec n’a pas manqué d’en placer une à ce sujet pour l’AFP : « Le président a dit que l’idée serait de garder une équipe compétitive. C’est ce qu’il avait fait en arrivant lors du mercato l’année dernière et c’est ce qu’il va encore faire. Si Jonathan Ikoné s’en va, il sera remplacé. Compte tenu des échéances qu’on a, je ne vois pas comment on peut ne pas le remplacer. On a tellement d’échéances importantes, d’affiches qui vont être excitantes, qu’on doit rester compétitifs. » Selon L’Équipe, le profil de Ludovic Blas plairait fortement au coach lillois qui le connaît depuis Guingamp, tandis qu’As annonce que le Sud-Coréen Lee Kang-in (Majorque) et Jorge De Frutos (Levante) sont dans le viseur.
Après Mike Maignan et Boubacary Soumaré partis respectivement à Milan et Leicester cet été, le départ de Jonathan Ikoné s’inscrit dans cet exode des membres du onze majeur qui est allé chercher l’Hexagoal l’an passé. Une fin de cycle qui pourrait toucher d’autres cadres actuels du club dans un futur plus ou moins proche. Si aucune tête d’affiche ne devrait quitter le club nordiste avant l’été prochain, le mois de décembre éclatant du LOSC (cinq victoires en six matchs) a remis un coup de projecteur sur les pépites nordistes à aller chercher. Prenez Sven Botman qui est courtisé par Newcastle, Renato Sanches ou Jonathan David, voilà autant de noms cochés par les cadors européens pour se refaire la cerise. À Lille, l’hiver sera plus long qu’ailleurs.
Par Andrea Chazy