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Igor Tudor, réveil attendu
Critiqué pour avoir tancé les idées de jeu du football français et récemment remis en question par une partie des supporters en raison d'un contenu de plus en plus stéréotypé, Igor Tudor ne fait toujours pas l’unanimité à Marseille. Pablo Longoria n’a d’ailleurs pas garanti l’avenir du Croate dans la cité phocéenne.
« Lorient n’a pas voulu jouer. Ils sont restés en défense et ont joué en contre-attaque. C’était un match typique du foot français. Je suis satisfait de l’intensité de mon équipe, je suis content de la manière dont nous avons montré notre football. » Tel était le constat dressé dimanche dernier par Igor Tudor à la suite d’un triste nul de ses garçons face à Lorient. Une erreur d’analyse ? Peut-être. Une communication ratée ? Sans doute. En tout cas, cette petite attaque envers le foot français n’a pas manqué de faire parler, et de détourner l’attention sur ce qui pose réellement problème à l’OM ces dernières semaines : des résultats en berne et un jeu de moins en moins agréable à suivre. En conférence de presse ce vendredi, le Croate a tenté un rétropédalage maladroit : « Je n’ai pas dit que les équipes françaises jouent typiquement de manière défensive. Ce n’est pas quelque chose qui est juste. Je ne veux pas commenter un mensonge. » Mais le mal pourrait bien être fait, et le crédit que le technicien avait réussi à gagner au fil de la saison est en train de s’épuiser.
Des choix qui interrogent et un Longoria évasif
Entre Tudor et Marseille, c’est une histoire qui n’a rien de linéaire. Sifflé par une partie des supporters avant même de disputer son premier match officiel sur le banc, il s’était offert un bol d’oxygène en réalisant un début de saison tonitruant et en proposant un contenu plaisant à regarder. La désillusion face à Tottenham avait ensuite remis des interrogations sur la table, avant que ses hommes ne se reprennent parfaitement après le Mondial. Depuis quelque temps, le Croate connaît un nouveau coup de moins bien, symbolisé par plusieurs problèmes : ses latéraux, force majeure de son OM en début d’année, sont moins importants et plus prévisibles, un étonnant manque de points à la maison, et une gestion de plusieurs cas qui interroge. Guendouzi a souvent été trimballé de poste en poste, la charnière centrale évolue presque à chaque rencontre, et Vitinha, pourtant acheté pour une trentaine de millions cet hiver, n’est pas encore entré dans le moule.
Pablo Longoria, qui l’a défendu corps et âme jusque-là, n’a d’ailleurs pas entériné l’avenir de son entraîneur lorsque la question lui a été posée dans un entretien au Figaro début avril : « J’aimerais que Tudor reste, mais je n’ai pas de boule de cristal pour lire l’avenir. Je suis très content de son travail. J’espère qu’il est aussi content que moi et nous ne devons pas seulement analyser les derniers résultats, car il faut prendre de la hauteur. » Une sortie qui laisse planer le doute, d’autant que plusieurs rumeurs de l’autre côté des Alpes font état d’un intérêt de la Juve pour celui qui y est passé en tant que joueur entre 1998 et 2007.
Huit matchs pour redresser la barre
Entre les lignes, il faut comprendre que Tudor est peut-être en train de jouer sa tête sur ce sprint final. La question ne s’était pas forcément posée jusque-là dans la saison de l’OM, qui a longtemps cru à un parcours de rêve en Coupe de France et à la deuxième place en championnat. Désormais troisième de Ligue 1, les Marseillais voient même Monaco revenir dans leur rétroviseur, et le spectre d’une quatrième place en fin de saison n’est pas à écarter. Une non-qualification en Ligue des champions ferait ainsi basculer la saison des Phocéens en un cauchemar dans lequel la responsabilité de Tudor ne serait pas à occulter. Interrogé sur son futur en conférence de presse la semaine passée, le Croate a lui aussi botté en touche : « Ce n’est pas quelque chose qui est important. Je ne veux pas parler du futur, je n’aime pas parler de ces choses-là de manière publique. De par mon expérience, je crois que c’est mieux de faire cela en interne. » Il reste donc huit matchs à Tudor pour trouver une énième manière de rebondir, et assurer l’avenir européen de l’OM, sous peine de voir le sien bien loin de la Canebière.
Par Alexandre Lejeune