- Ligue 1
- J26
- PSG-Nantes (4-2)
Ignatius Ganago, pour Chloé
Endeuillé par la mort de sa fille le 12 février, Ignatius Ganago a rapidement fait son retour sur les terrains et trouvé refuge dans le ballon rond. Auteur d'une brillante semaine qu'il a conclue par un but au Parc des princes, le Camerounais du FC Nantes impose le respect.
« Mon monde s’est écroulé, et je vis ce qu’aucun parent ne devrait vivre » : le 17 février dernier sur Instagram, c’est avec ces mots qu’Ignatius Ganago évoquait, pour la première fois, le décès cinq jours plus tôt de sa fille de quatre ans, Chloé. Depuis, c’est une bulle de soutien et d’amour qui s’est formée autour de l’attaquant, à Nantes, à Lens, à Nice et partout ailleurs. Et l’ancien Aiglon, après une absence d’une semaine et un aller-retour au Cameroun pour assister aux obsèques de son enfant, est rapidement revenu au football – aussi fou que celui puisse paraître dans ce contexte – pour relever la tête. Sans aucun doute porté par quelque chose de plus grand que le simple plaisir du ballon, « Gana » rayonne, depuis : « Ça fait du bien, je fais ce que j’aime le plus. Je traverse une période difficile, il faut que je passe au-dessus de tout ça, même si c’est quelque chose que je ne vais jamais oublier. La situation, je dois l’accepter, il faut que j’avance, que je continue de travailler, de me donner à fond sur le terrain, de me battre. J’ai envie de jouer, c’est ce que j’ai toujours voulu. Je ne vais pas arrêter le foot », sourit-il.
« Les buts, ils seront toujours pour elle »
Réapparu une mi-temps entière dès la réception de la Juve le 23 février après avoir manqué deux rencontres puis assuré à Antoine Kombouaré qu’il était, malgré tout, bien dans sa tête et dans ses crampons, le Lion indomptable était même de retour dans le onze de départ pour le derby contre Rennes trois jours plus tard, et a surtout frappé très fort pour rappeler le joueur qu’il était, mercredi soir, contre son ancienne écurie du RC Lens. En provoquant notamment deux penaltys (transformés par Andy Delort) face aux Sang et Or, il a guidé les siens vers le dernier carré de la Coupe de France et confirmé qu’il était toujours ce joueur précieux, talentueux, déterminé et follement généreux. Ainsi, son match au Parc des princes ce samedi soir, plein de volonté et récompensé par le but de l’égalisation (sur un corner imaginaire qu’il avait malicieusement gratté en flouant Marquinhos et Monsieur Stinat, d’ailleurs), a encore une fois marqué les esprits, malgré la défaite (4-2).
Marquer face au PSG, le roc de Douala l’a toujours fait (c’était son cinquième caramel en cinq titularisations face au club de la capitale) ; et même les terribles épreuves de la vie ne semblent pouvoir changer cela. « Les buts, ils seront toujours pour elle, continue-t-il. Elle était pleine d’énergie, toujours joyeuse, j’espère qu’elle sera fière de moi et que je marquerai beaucoup de buts pour elle. C’est toujours plaisant de retrouver le chemin des filets, même si le sourire n’est pas énorme. J’ai parlé avec Kylian (Mbappé), il m’a donné beaucoup de force. Ça fait plaisir d’avoir des gens comme ça qui pensent à toi, de voir que le football, ça n’est pas juste taper dans un ballon. C’est une famille, on est tous ensemble. Ils ont fait ce qu’il fallait. » « C’est quelqu’un avec un énorme mental, ça a été très compliqué pour lui et ça doit l’être encore, pose son coéquipier Ludovic Blas, également buteur face à Paris. La meilleure chose pour lui, c’est de jouer au football, prendre du plaisir où il peut en prendre. Marquer, ça va lui faire énormément de bien, et c’est bien pour sa fille surtout. »
5 – Ignatius Ganago est le 2e joueur à marquer lors de 5 matches différents contre Paris en Ligue 1 sous l’ère QSI après Wissam Ben Yedder (6). Chouchou. #PSGFCN pic.twitter.com/hMkoC66Agh
— OptaJean (@OptaJean) March 4, 2023
Dans la cité des ducs de Bretagne, où il est déjà entré dans les cœurs un certain 27 octobre face à Qarabağ avec son pion à la 94e minute que les supporters nantais narreront certainement dans vingt ans, Ganago a pu retrouver le goût du terrain. C’est même ce qui l’a fait tenir : « Voir mes coéquipiers, rigoler avec eux, ça m’a changé les idées. C’était compliqué au début, c’était tout frais. Tous les jours, c’est compliqué de se lever avant d’aller à l’entraînement, en sachant que la personne que tu aimais le plus au monde n’est plus là. Mais une fois que tu es à l’entraînement, que tu vis ce que tu aimes, que tu communiques avec tes coéquipiers, ça te change les idées. Ce sont des moments uniques pour moi. Chaque jour, j’ai deux heures où je ne pense pas à ça, ça me fait du bien. Beaucoup de gens m’ont soutenu, m’ont donné de la force, et je les remercie encore, ça m’a marqué. Ce que je fais aujourd’hui, c’est pour eux, et j’ai envie de me battre pour elle. » Ignatius Ganago n’est pas uniquement un joueur admirable. C’est aussi un très grand monsieur.
𝗖𝗵𝗹𝗼𝗲́ ✨ pic.twitter.com/C7V1cuXcKa
— FC Nantes (@FCNantes) March 4, 2023
Par Jérémie Baron, au Parc des Princes
Propos recueillis par JB au Parc des Princes, sauf mention