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Ici, c’est Vahid !

Par Steven Oliveira et Mathieu Rollinger
Ici, c’est Vahid !

Vahid Halilhodžić au Paris Saint-Germain, c’est une Coupe de France remportée et une seconde place en Ligue 1. Mais c’est aussi un passage timide en tant que joueur, des clashs avec Frédéric Déhu et une guerre avec les journalistes. Autant de souvenirs qui devraient remonter à la tête de coach Vahid au moment de fouler la pelouse du Parc des Princes, ce samedi avec son FC Nantes.

Ce samedi, coach Vahid mettra fin à une période de bientôt 14 ans sans avoir mis les pieds au Parc des Princes. Plus précisément depuis le 6 février 2005 et un but lensois de Jérôme Leroy, entérinant le succès du Racing (0-2) et se permettant de narguer le banc parisien. Comme un dernier coup de bambou sur le crâne du coach qui l’avait justement poussé au départ du club de la capitale en septembre 2003. Pour le Bosnien, ce sera la défaite de trop, après un mois et demi sans victoire en Ligue 1 et une saison bien terne. « On a eu plein de blessures, de malchance, de nervosité au cours de cette dernière année, analysait à froid Halilhodžić. Mais c’est une double trahison, intérieure et extérieure, qui nous a amenés dans cette impasse. » Vahid est donc le fusible que n’hésitera pas à faire sauter le président Francis Graille, avec qui il entretenait jusqu’ici une relation d’amitié.

Vahid passe à la traque

Dans cette tornade, l’ancien buteur est alors dépeint comme quelqu’un qui n’avait pas la carrure pour diriger un club sur-pressurisé comme le PSG. Aussi rigide et rigoureux soit l’homme. Lui-même a confessé être en délicatesse dans ce milieu sans pitié.

Ces journalistes ont écrit les pires mensonges. Ils ont même été en ex-Yougoslavie, ils ont été demander si j’avais été un chef de camp de concentration.

Au-delà des coups de fil quotidien d’un Nicolas Sarkozy lui indiquant qui faire jouer, ce sont surtout les relations avec la presse qui l’ont irrité au plus haut point. « À Paris, le problème, c’est que les journalistes entrent dans le vestiaire, et ça, c’est le pire qui puisse arriver. Ils sont prêts à tout pour faire un bon papier. […] Ces journalistes ont écrit les pires mensonges. Ils ont même été là-bas, chez moi, en ex-Yougoslavie, ils ont été demander à Mostar ce que j’avais fait pendant la guerre, si j’avais été un chef de camp de concentration, si j’étais chef d’une milice, mes frères ont été interrogés ! C’était des moments très difficiles. Je suis quelqu’un de sensible. »

C’est ce sentiment de trahison, virant à la limite de la paranoïa, qui a complètement parasité les relations entre Vahid et ses joueurs. « Comme c’est quelqu’un d’entier, il l’a vécu comme quelqu’un d’entier, témoigne Jérôme Alonzo, gardien de l’époque. Il a vrillé et tout le monde derrière a suivi. L’ambiance est devenue pesante. » La chasse aux taupes l’a ensuite lessivé. « Après l’élimination contre Moscou(en C1 avec une défaite 1-3 à domicile, N.D.L.R.), c’était devenu un truc de fou, s’exclamait Édouard Cissé. Il avait refusé de nous serrer la main à cause d’un article affirmant qu’un des joueurs titulaires était le coupable. » Version que démentait l’intéressé : « Le problème, c’est que même quand je parlais en tête-à-tête avec les joueurs ou le staff, la presse était au courant, on courait à la catastrophe, évidemment. C’est un truc dégoûtant. Les joueurs aussi ont été fâchés par cette histoire, parce que c’est désagréable. » La vanne lors de la présentation de Sergueï Semak, le bourreau du PSG lors de son naufrage contre le CSKA Moscou, ( « Pour l’instant, il rigole, mais ça ne va pas durer » ) finira de l’achever.

Phénomène d’attraction-répulsion

Un dernier épisode qui venait clôturer une drôle d’histoire en deux temps entre Vahid et le PSG. Un club qui le désirait, à la suite de ses performances chez la concurrence. Que ça soit pour ses qualités de buteur au FC Nantes (111 buts entre 1981 et 1986) ou de manager au LOSC (1998-2002). Le Bosnien a pourtant débarqué sans pression particulière dans la capitale. « Il est parti de Nantes pour aller au PSG avec l’étiquette du plus grand avant-centre du FCNA, relate Michel Bibard, coéquipier qui avait fait le voyage en même temps que lui. Au PSG, c’était le même homme. On avait un peu plus de mal cette année-là, faute de résultats, mais lui était vraiment un professionnel et faisait le maximum. » Son premier passage à Paris en tant que joueur ressemble surtout à un rendez-vous manqué. Déjà sur la fin, il quitte le club après 22 petits matchs, avant un retour soudain en Yougoslavie. « Quand j’ai terminé ma carrière, avec Paris, j’ai perdu ma mère, mon père était malade, j’avais une dette envers ma famille qui m’a toujours tout donné pour réussir, donc j’ai voulu rentrer. Mes parents ont élevé six fils, ce n’était pas évident… et après Paris, j’en avais marre du football. »

D’autant plus que le cadre de vie n’était pas celui qui lui convenait le mieux. « Le Vahid de Nantes était plus épanoui que celui du PSG, c’est certain, assure Bibard. À Nantes, c’était plus la campagne, on avait un grand terrain pour s’entraîner, c’était plus calme. Il était bien. » La guerre passant par-là (un studio parisien de 30m2 lui a d’ailleurs servi de pied-à-terre pendant les périodes les plus critiques) et différentes expériences sur le banc de touche tassant le tout, il n’hésitera pas à revenir au PSG en 2003, pour prendre la succession de Luis Fernandez.

Vahid est quelqu’un de très très humain contrairement à ce qu’on pourrait penser.

C’est lui qui était chargé de porter un nouveau projet, après le départ de Ronaldinho et avec l’arrivée de Pedro Miguel Pauleta. Fidèle à lui-même, coach Vahid durcit et allonge les entraînements, car pour lui, « la rigueur et le travail sont la base de tous les succès sportifs » . Et les joueurs semblent accepter le fait de suer à l’entraînement, comme le rappelle Jérôme Alonzo : « Être coaché par Vahid, ça demande beaucoup de choses : un sens aigu voire inné de la discipline et un respect de la hiérarchie très important. Mais Vahid est quelqu’un de très très humain contrairement à ce qu’on pourrait penser. Il a un management à l’ancienne, qui repose essentiellement sur le don de soi, sur le travail et sur la discipline. Si tu as ça en toi et que tu es capable d’accepter ça, ça marche. »

L’humain d’abord

Mais Vahid est avant tout un caractère bien trempé. Et ça, Franck Dja Djédjé, devenu professionnel sous les ordres du Bosnien, peut en attester : « Plus jamais je ne prendrai de carton rouge bêtement grâce à lui. Un jour où je jouais en CFA, un adversaire m’a mis un coup de coude et j’ai répondu en lui en mettant un aussi. Le lendemain, au décrassage, j’en ai pris pour mon grade. Il m’a dit devant tout le monde : « Garçon, pas comme ça ! » Et il m’a donné des jours d’entraînement supplémentaires. Mais je ne l’ai pas du tout mal pris. C’est comme si j’étais son gosse, j’ai fait une connerie et donc c’est normal que je sois puni. » Pas étonnant de la part d’un entraîneur au franc-parler légendaire : « Je n’aime pas les relations faux-cul. Ma démarche première, c’est d’aider les gens, j’adore ça depuis petit, quand j’étais à l’école, j’étais toujours l’un des meilleurs élèves, j’aidais les copains pour les mathématiques. Pendant la guerre, combien ai-je sauvé de vies ? Et puis il y a des gens qui vous trahissent. »

Pourtant, Jérôme Alonzo est formel : « La première année, ça se passe très bien dans le vestiaire. » Et sur le terrain aussi, puisque le PSG termine la saison 2003-2004 avec une Coupe de France en plus au palmarès et une seconde place au classement, à seulement trois points de Lyon, synonyme de Ligue des champions.

Il m’a donné des jours d’entraînement supplémentaires. Mais je ne l’ai pas du tout mal pris. C’est comme si j’étais son gosse, j’ai fait une connerie et donc c’est normal que je sois puni.

Les joueurs se surpassaient aussi bien en match qu’à l’entraînement, comme l’indique Franck Dja Djédjé : « Il est exigeant pour le bien des joueurs. En début de saison, lorsque nous faisions les tests VMA (Vitesse maximum aérobie, N.D.L.R.), j’avais fait quelque chose comme 16 ou 17. J’étais heureux et pensais avoir donné le maximum. Vahid regarde le résultat et me dit :« Non, tu n’étais pas à fond. »J’ai repassé le test le lendemain et j’ai fait un palier de plus. (Rires.) » Une anecdote comme une autre qui montre à quel point l’exigence de Vahid a su faire progresser un groupe.

D’hommes à OM

Sauf que tout va s’écrouler tel un château de cartes au moment où les résultats sportifs deviennent moins bons. La descente aux enfers a démarré à l’été 2014, avec les départs d’un des meilleurs côtés gauches d’Europe (Heinze et Sorín), le capitaine Déhu et Fabrice Fiorèse – dont les deux derniers cités à Marseille, chose vécue comme une trahison par Vahid –, avant de s’accélérer le 14 septembre 2014 et une défaite en Ligue des champions au Parc des Princes face à Chelsea (0-3) : « De là, tout devient moins facile, note Jérôme Alonzo.Pas parce que c’est Vahid. Mais parce que c’est le quotidien d’un club, et surtout du PSG des années 2000. Je suis convaincu pourtant qu’il avait la carrure pour entraîner le PSG sur le long terme. » Mais Jérôme Leroy et Sergueï Semak en ont décidé autrement.

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Par Steven Oliveira et Mathieu Rollinger

Propos d'Alonzo, Dja Djédjé et Bibard recueillis par SO et MR. Ceux de Halilhodžić et Cissé issus du SO FOOT #27 (octobre 2005).

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