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Ici, c’est NYC !

Par Paul Bemer, à NYC.
Ici, c’est NYC !

Ce soir, le PSG reçoit les Girondins de Bordeaux dans son antre du Parc des Princes. Mais à 8000 kilomètres de là, en plein Manhattan, un petit bar peuplé d'irréductibles Gaulois se tient prêt à enflammer Big Apple. Bienvenue au PSG Club New York, celui de l'autre ville lumière.

« De notre virage terrible s’élèvent en chœur nos chansons… » N’en déplaise aux courbes d’Auteuil et Boulogne, dans cette hymne au PSG, le virage en question est celui formé par l’intersection entre la très chic 5th avenue et la 33rd street du midtown Manhattan. Un carrefour situé au pied de l’Empire State Building que les yellow cabs de la ville, qu’ils soient serbes, sikhs, philippins, ghanéens, voire haïtiens, connaissent parfaitement. Surtout lorsque l’adresse est prononcée avec un fort accent français. Et pour cause. Dans cette rue typique du décor new-yorkais, où l’asphalte paraît composé principalement de vieux chewing-gums noircis par les gaz d’échappement, une poignée de maillots du Paris Saint-Germain convergent vers un sports bar comme seule la grosse pomme peut en offrir : le Legends. Passés les néons qui ornent l’entrée, l’endroit ressemble pourtant à ses vieux cousins britanniques. Un mélange de boiseries et d’écran plasma, où la Bud light aurait remplacé la Guinness. Du moins en apparence. Car au sous-sol, sous les pieds de ceux qui préfèrent regarder des disciplines où le ballon se caresse avec les mains, l’escalier central débouche sur un panneau on ne peut plus explicite : « The Football Factory » . Un petit bout d’Angleterre donc, mais aussi de France, d’Espagne, d’Italie, d’Argentine, de Brésil…

La tour de Babel

Si derrière le zinc, l’accent vient d’Irlande, la déco, elle, semble avoir été pillée sur les murs de la tour de Babel. De Fluminense à Boca, en passant par Milan, Chelsea, Madrid, Dortmund et Lorient, des écharpes venues des quatre coins du monde veillent sur les lieux. Quelques maillots aussi. Comme celui de Pauleta par exemple, qui trône fièrement en face d’une immense bâche portant les armoiries de l’un des seigneurs du coin : le PSG Club New York. Nous sommes à quelques minutes du coup d’envoi de Monaco/PSG, et c’est Pierre Watiez, l’un des fondateurs du groupe, qui accueillent : « Pour te donner une idée de mon âge, disons que je suis un supporter historique, depuis la création du club en 1970. Vers 25 ans, je suis parti aux USA et, à l’époque, il n’y avait pas autant de possibilités de regarder les matchs, donc j’appelais mes potes en France pour qu’ils me les commentent en direct… » La suite, c’est avec Jack Keane, le barman irlandais fan de United que les Frenchy vont l’écrire, dès 2006. Considéré comme le précurseur du foot à New York, Jack officiait alors au Nevada Smith, dans l’East Village. « À l’époque, le foot commençait à être de plus en plus visible ici et des clubs de supporters fleurissaient un peu partout dans les bars, situe Pierre, entre deux gorgées. Julian Stein(l’autre fondateur du groupe, ndlr) y allait régulièrement, et Jack lui a demandé s’il ne voulait pas créer un groupe de supporters du PSG. Sauf qu’il y avait déjà un club de supporters de l’OM au Nevada. Donc Jack leur a demandé si on pouvait également venir et se regrouper là-bas, et Marseille a dit oui. »

Le walk of shame

Une cohabitation vécue dans la joie et la bonne humeur par ce petit groupe d’expats’ qui bossent quasi tous dans la finance ou la restauration. Qu’ils soient rouge et bleu ou ciel et blanc. « C’était un bon moyen pour rencontrer des gens et se faire de nouveaux potes, abonde Pierre Watiez, lui-même trader au Crédit Agricole. Ça ne se passait pas si mal que ça avec les Marseillais. On se voyait tous les week-ends, et comme dans nos groupes, il n’y a pas que des « kakous », il y avait une bonne ambiance. Là où on a eu plus de soucis, c’est lors de nos confrontations directes. Le bar était bourré et, au début, les mecs avaient un peu peur, donc nous mettaient à des étages différents. Mais il n’y a jamais eu de friture entre les membres de nos groupes. Le seul truc qu’on avait à gérer, c’étaient les touristes de passage à New-York et qui balançaient des « Paris on t’encule » ou des « Marseille on t’encule » vraiment agressifs. Alors qu’entre nous, on se charriait aussi, mais comme on se connaissait tous, il y avait quand même une forme de complicité. » Dans tous les sens du terme. Pierre encore : « Au Nevada Smith, il y avait un grand écran au fond du bar réservé aux Marseillais, et plein de petits écrans devant pour nous, les Parisiens. Le problème quand t’es au fond, c’est que si tu perds, bah faut traverser tout le bar pour sortir ! Et je me souviens de cette fameuse victoire 4-2 au Vélodrome pour laquelle on leur a fait une belle haie d’honneur… Y a des Marseillais qui ne voulaient même pas sortir du bar et qui ont attendu que tout le monde se casse pour ne pas avoir à subir ce walk of shame. » Après le renvoi en 2010 de Jack et son acolyte, Kieron Slattery, du Nevada, les Parisiens suivent leurs protecteurs jusqu’au Legends. Mais pas les Marseillais, qui préfèrent se trouver un autre bar à pastis loin de leurs rivaux. Comme s’ils avaient pressenti l’arrivée des Qataris et les nombreuses marches de la honte qu’ils allaient devoir affronter.

Alcool, streaming et mégaphone…

Ce jour-là, pendant qu’Ángel Di María désosse tranquillement l’AS Monaco, un bon tiers de la Football Factory est investi par un contingent de Cariocas venu assister à la défaite du Fluminense de Ronaldinho face à son ex, l’Atlético Mineiro (1-2). Résultat, l’insipide première mi-temps parisienne est ponctuée par des cris et des chants en portugais qui vont jusqu’à couvrir Pierre Watiez et son mégaphone de capo new-yorkais. Ce qui n’est pas pour lui déplaire – « Tu vois, quoi qu’il arrive, aujourd’hui on va tous boire à la santé de Ronnie ! » -, mais qui frustre parfois les autres membres ou sympathisants du groupe. Comme Nicolas, un pote de Pierre également trader pour la banque pleine de bon sens et accessoirement fier supporter de l’En Avant Guingamp. Et c’est peut-être parce que son cœur est le seul à battre pour le club de Noël Le Graët qu’il regrette un peu ce melting-pot footballistique. « C’est sûr que c’est sympa d’échanger avec des supporters de plein d’autres clubs, mais quand t’as cinq ou six matchs en même temps dans le bar, c’est le grand n’importe quoi ! Parfois, on ne s’entend même plus chanter… » Et encore, avec l’avènement de beIN Sports, heureusement que la partie est diffusée. Ce qui n’a pas toujours été le cas. « En 2006, on regardait les matchs en streaming. Fallait prendre un ordi et le brancher sur une télé du bar. Parfois ça tombait, parfois non, c’était un peu le bordel, décrypte Pierre. Le truc avec beIN aux USA, c’est que dès qu’il y a un gros match de Liga espagnole, ils vont le passer parce qu’il y a plein d’hispaniques ici. Mais bon, tu peux toujours choper un streaming du PSG sur leur site. Et comme, maintenant, on arrive à voir tous les matchs, le groupe grossit petit à petit. Aujourd’hui, y a un peu de tout. Des anciens abonnés, des mecs qui sont venus après, et on commence à avoir de plus en plus d’étrangers. En gros, c’est 80% de Français et 20% d’étrangers qui sont arrivés avec les Qataris. »

« Les Qataris aussi ont viré le berceau… »

Un rapide coup d’œil à la foule qui pogotte confirme le constat. Au milieu de la grosse cinquantaine d’expats français qui compose le noyau dur du club, de nombreux Sud-Américains arborent fièrement les couleurs de la ville lumière. Mention Di María et Cavani pour les chicanos, David Luiz et Thiago Silva pour les autres. Outre la liquette, l’écharpe siglée « PSG Club New York » fait également office de signe de ralliement. Pourtant, certains piliers du bar préfèrent celle des « Paname Hellfighters » , nettement plus authentique. « Le groupe est un peu plus affilié Auteuil, mais on a quand même des anciens de Boulogne. Y a même le drapeau du KOB affiché dans le bar… Après, je m’en fous, ici t’es à 8 000 kilomètres de Paris, donc moi je veux des mecs qui supportent le PSG. C’est tout ce qui m’intéresse, pose Pierre. Et c’est en partie pour ça qu’on a créé les Paname Hellfighters. Si tu viens nous voir comme ça, juste pour mater les matchs avec nous, tu peux intégrer le PSG Club New York. Aucun problème là-dessus. Mais les Hellfighters, c’est nous, les anciens du groupe, le noyau historique. » À l’origine, le terme Hellfighters renvoie au 369e régiment d’infanterie de l’armée américaine durant la Première Guerre mondiale. Uniquement composé de soldats noirs venus d’Harlem et également surnommé « The Black Rattles » (les serpents à sonnette noirs, en VF). Un emblème lourd de sens que l’on retrouve aussi sur la bâche des Parisiens, positionné entre les guibolles de la tour Eiffel, à la place de l’historique berceau du club. Ce qui ne pose plus aucun problème à Pierre. « Bah quoi ? Les Qataris aussi ont viré le berceau… »

« Torchés dès huit heures du mat’… »

D’ailleurs, lors de la dernière tournée américaine du Paris Saint-Germain, ces joyeux drilles étaient de tous les déplacements. Du Yankee Stadium à Toronto, en passant par Charlotte et Chicago, ils n’en ont pas perdu une miette et se sont même vu récompenser par le club. Avant de repartir, la bande à Nasser leur a ouvert les portes d’un entraînement avant de leur offrir un maillot dédicacé qui illumine les murs de leur QG. « Pour services rendus, ironise Pierre. Pour panser les blessures aussi. On a eu pas mal d’ennuis en Ligue des champions avec les fans de Chelsea qui ont également leurs habitudes ici. Disons que dans le tas, t’as pas mal de « nouveaux » supporters de Chelsea qui se prennent pour des hooligans et qui étaient venus pour jouer des coudes avec nous. Il y a deux ans par exemple, au match retour, juste après nous avoir éliminés sur le but de Ba, les mecs ont arraché toutes nos bannières avant de marcher et de cracher dessus. Ça avait un peu chauffé, à tel point que j’ai été obligé de demander aux gérants de prévoir des videurs pour le match retour l’année dernière. Et quand Thiago Silva a marqué en prolongation, les mecs voulaient vraiment en découdre, mais la situation a été parfaitement gérée… » Ce qui tend à confirmer qu’au soir du 11 mars 2015, malgré le décalage horaire, il n’y a pas qu’à Stamford Bridge qu’une nouvelle rivalité est née.

En attendant de retrouver les Blues, la pendule de l’entrée affiche presque 17h, et le big game du jour vient de se terminer sur le score de trois à zéro. D’un bout à l’autre du match, le groupe n’a cessé de hurler à pleine gorge le répertoire complet du Parc des Princes. Alors, pendant que les Parisiens quittent la pelouse de Louis-II, le PSG Club New York, lui, se ressert une dernière pinte. « T’imagines dans quel état on est quand Paris joue à 17 heures en France ?, coupe Nicolas. Et les Anglais alors, quand leur club joue à midi ? Bah ils sont torchés dès huit heures du mat’ ! » C’est peut-être ça, au fond, le secret de la Football Factory : avoir réussi à mettre tout le monde sur le même fuseau horaire.

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