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Ichsan Taufiq : « J’ai joué 1000 heures à Football Manager en six mois »
Du 29 août au 1er septembre dernier se déroulait à Liverpool la première Coupe du monde de Football Manager, organisée par la FIFA et remportée par l’Indonésien Ichsan Taufiq, 30 ans, épaulé par son adjoint Manar Hidayat. Entretien avec le premier champion du monde de l’histoire du jeu préféré des entraîneurs en herbe.
Ça t’a fait quoi de remporter un titre à Liverpool en tant que supporter mancunien ?
J’étais très fier, mais aussi un peu triste, parce qu’à la fois l’Indonésie était championne du monde, mais Manchester avait perdu… Ça reste quelque chose d’unique d’être sacré ici en tant que supporter des Red Devils.
Tu as pu aller voir le stade, profiter un peu d’être dans le pays de ton club de cœur ?
Non, on est vraiment juste venu pour la compétition, surtout qu’on a eu des petits problèmes de visa. On n’a même pas pu se promener dans Londres ou Liverpool, on est juste venus jouer avec Manar, mon adjoint, et on est repartis.
L’arène où se déroulait la compétition avait l’air assez impressionnante. Ça ne t’a pas trop mis la pression ?
Il y avait de la pression, surtout face à la France (arrivée troisième du groupe C derrière l’Indonésie et donc éliminée, NDLR) et l’Angleterre (sortie en demies 2-2, puis 3-1 au match retour), puisqu’ils étaient venus avec des supporters, mais on a bien géré ça, soutenus par les supporters indonésiens sur notre live. Je suis quelqu’un d’assez tranquille, je suis resté concentré sur le jeu.
Tu as douté, à un moment ?
Avec mon adjoint Manar Hidayat, on n’a jamais douté, ni même eu peur. On s’est préparé depuis le premier jour pour remporter ce trophée, on était prêts et motivés. On avait un mental de champion.
How we prepare for World Cup Football Manager (group stage)
A Thread ~
— Manar Hidayat (@manarhidayat) September 4, 2024
Ton équipe championne du monde était notamment bâtie autour de… André-Frank Zambo Anguissa.
Pour les phases finales, on n’allait pas se jeter sur un buteur, on en avait besoin d’un seul et il y en a pas mal qui faisaient l’affaire. (Pour les phases finales, à partir des demi-finales, chaque sélection se constituait une équipe par un système de draft, voir ici le règlement de la compétition, NDLR.) Alors que des milieux, il nous en fallait au moins deux, surtout que pour notre type de jeu, les milieux défensifs sont élémentaires. On avait besoin d’un joueur qui puisse détruire les adversaires, mais qui ait tout de même du ballon. Il n’y en a pas tant que ça. C’était donc logique de prendre Zambo en premier.
Tu décrirais comment votre philosophie de jeu ?
On se basait sur un gros gegenpressing, on allait chercher notre adversaire depuis sa ligne de but. C’était une stratégie à haut risque, avec un 4-2-3-1, et ça a bien fonctionné.
Arsène Wenger était partenaire de l’événement, Sam Allardyce ou encore John Terry étaient présents. Tu en as profité pour leur gratter quelques conseils ?
Ils sont passés nous encourager, mais on n’a pas trop eu l’occasion de discuter de tactique malheureusement.
Il paraît que tu as commencé à jouer à FM seulement l’an dernier.
C’est vrai que je joue depuis pas si longtemps, mais Manar, lui, jouait depuis un bon moment, ça a donné quelque chose d’assez unique dans le fonctionnement de l’équipe et la mise en place de notre stratégie. Même si on a entendu par moments que je trichais, on peut vous assurer que pour passer les sélections indonésiennes et aller à Liverpool à la place des centaines d’autres joueurs en compétition, c’est que c’est du pur skills et pas de la triche. (Rires.)
Comment t’as fait pour passer de novice à champion du monde aussi rapidement ? Ça t’a pris combien d’heures de jeu ?
J’ai dû pratiquer à côté de mon boulot dans une grande compagnie pharmaceutique, j’ai accumulé environ 1000 heures de jeu sur les six derniers mois.
C’est fou.
(Jon, son traducteur, prend la parole.) Surtout que pour être son collègue, je peux vous dire qu’Ichsan est un bon bosseur. (Rires.)
C’est le dilemme inhérent à chaque passionné de FM… Comment on combine vie professionnelle, vie perso et une brillante carrière sur Football Manager ?
J’en parlais justement hier sur le podcast de Raditya Dika, un des plus grands comédiens de stand-up indonésien, mon idole depuis toujours. Surtout que je suis marié, tout repose dans une bonne gestion de son temps. Il faut gérer son boulot, sa vie à la maison… Je peux vous dire que pour devenir champion du monde, ce n’est pas facile tous les jours !
Idola 🔥@radityadika pic.twitter.com/46W2vtGD5l
— Ichsan (@ichsanopiick) September 6, 2024
Il t’a déjà changé la vie, ce titre ?
Totalement. J’ai vu mon nom dans les news, en titre dans plein de médias. Je commence à avoir une réputation dans mon pays, et ces prochaines semaines s’annoncent très chargées. Hier, je célébrais mon titre avec le président de la fédération, c’était incroyable.
Tu imaginais ça quand tu as lancé ta première carrière de Football Manager ?
Il faut savoir qu’il y a une grosse communauté d’amateurs de FM en Indonésie. Au début, c’était juste pour le fun, puis j’ai visé quelques petites compétitions locales. Je me suis retrouvé à discuter avec mon idole de toujours (Raditya Dika), qui joue aussi à Football Manager… C’est un rêve qui se réalise. Maintenant, je vais lancer ma chaîne Youtube de Football Manager, donc il faudra rester branché.
Quel est ton plan pour la suite, tu vas quitter ton boulot et te consacrer pleinement à FM ?
La question peut se poser, maintenant que je suis champion du monde, mais je n’ai pas envie de penser à ça maintenant, on verra plus tard.
Tu vas peut-être pouvoir te rendre utile pour le football indonésien, qui n’est pas au top en ce moment…
L’autre jour, j’étais justement invité par le sélectionneur de notre équipe nationale. On a bu un thé, on a causé tactique et de plein d’autres choses. C’est vraiment pas impossible que je devienne manager un jour, pour de vrai. Il y a bien quelqu’un qui a fait ça en France, qui a débuté sur Football Manager et qui maintenant fait carrière comme coach, non ?
Propos recueillis par Baptiste Brenot