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Icardi, la vie morose
Entre ses blessures non-stop depuis le début de la saison et l’adaptation express de Moise Kean au championnat de France, Mauro Icardi est doucement en train de se faire oublier du côté du Paris Saint-Germain. Pourtant, au sein d’un effectif parisien qui tire un peu la langue cette saison, son assassin des surfaces ferait forcément du bien.
Appelez ça comme vous voulez : de la poisse, un malheureux concours de circonstances, les reliquats d’un premier confinement qui a peut-être fait plus de mal aux organismes des uns qu’à ceux des autres. Toujours est-il que depuis quelques mois, et c’est bien fâcheux, le PSG doit apprendre à vivre sans Mauro Icardi. Entre la Covid, qu’il a contractée juste avant la reprise de la Ligue 1, une blessure ligamentaire au genou qui lui aura fait manquer un mois et demi de compétition et une rechute immédiate aux adducteurs, qui le prive des derniers matchs de l’année, la saison 2020-2021 de l’Argentin ressemble à celle d’un U19 fraîchement promu chez les pros : cinq petits matchs joués pour deux buts inscrits (les deux contre Reims, le 27 septembre). Sa plus belle action de la saison ? Un coup de fourchette magistral lors d’un asado avec les copains, béret vissé sur le crâne, après la qualification en huitièmes de finale de la Ligue des champions. « Je suis toujours inquiet quand un joueur manque beaucoup de semaines, confiait Thomas Tuchel en conférence de presse avant PSG-Lyon, samedi dernier. J’espère vraiment que les médecins et Icardi travaillent dur pour qu’il revienne vite. »
T’es pas là, mais t’es où ?
Qu’il revienne est une chose, encore faut-il que ce soit à son meilleur niveau. Car, à vrai dire, ça fait un peu plus que depuis le mois d’août que le PSG compose « sans » Mauro Icardi. Après son début de saison dernière canon (14 buts et 3 passes décisives lors de ses 18 premiers matchs, d’août à décembre 2019), l’Argentin s’est volatilisé en 2020. Seulement trois petits buts en neuf matchs de Ligue 1 entre janvier et mars (contre Nantes, Amiens et Dijon), une place de titulaire mise à mal par Edinson Cavani – notamment sur la double confrontation face à Dortmund – des coupes remportées sans qu’il ait vraiment pesé sur la décision et surtout un Final 8 lors duquel il a été d’abord inoffensif, puis mis de côté au profit cette fois d’Eric Maxim Choupo Moting. Depuis qu’il a définitivement rejoint le PSG cet été, les blessures qui se sont enchaînées l’ont tellement tenu écarté du groupe qu’on oublie parfois même qu’il en fait partie. Son dernier match complet ? Contre Angers (6-1), le 2 octobre. Ça commence à faire long, trop long. Surtout que, pendant ce temps-là, Moise Kean, initialement recruté pour faire doublure, se démerde admirablement bien pour qu’on ne regrette pas trop l’ancien de l’Inter (8 buts inscrits cette saison, dont encore un contre Lorient mercredi soir).
Pourtant, sans aller jusqu’à dire qu’il manque cruellement au PSG, il y aurait de la place dans cette équipe-là pour un Icardi en belle forme. L’absence de ce profil de tueur, qui squatte les 18 mètres adverses et n’a besoin que d’un ballon pour ouvrir un score ou faire le break, a pu faire défaut aux Parisiens cette saison. Surtout depuis fin octobre-début novembre, où ils ont pu se retrouver emmerdés devant et perdre des points tantôt bêtement, tantôt en faisant montre d’un cruel manque de créativité et d’efficacité offensive (Monaco, Bordeaux, Lyon en Ligue 1, Leipzig en Ligue des champions…). La saison dernière, rarement le PSG n’a été aussi sexy que dans ce 4-2-4 qui faisait la part belle à l’attaque parisienne, système dans lequel Icardi était précieux. Difficile de ne pas imaginer cet Icardi-là tout aussi bien se fondre dans le 3-5-2 auquel Tuchel semble avoir accordé sa confiance cette saison, en apportant des arguments différents de ceux de Moise Kean – un peu moins mobile et puissant, mais plus intelligent dans ses placements, plus gênant pour un bloc bas et meilleur dans la finition – sans parler de la quantité de centres balancés depuis les ailes par Florenzi et Bakker auxquels il aurait pu opposer un coup de tête un ou un tap-in bien senti. Heureusement pour Icardi, la saison est encore très longue. Il lui faudra sans doute un peu de temps à son retour pour se remettre, ne serait-ce que physiquement, de cette année 2020 bien maigre. Mais comme tous les numéros 9, la confiance et l’amour du public peuvent revenir aussi vite qu’ils sont partis s’il se met à enchaîner les buts. Vivement 2021.
Par Alexandre Aflalo