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Icardi-Kane, maîtres renards dans leurs surfaces plantés
C'est toujours la même chanson. Quand les machineries collectives de l'Inter comme de Tottenham s'enrayent, Mauro Icardi et Harry Kane se pointent avec leur huile de coude et leurs astuces de bricolos pour réparer l'ensemble. Une énième illustration du phénomène ? Les matchs que les deux hommes ont respectivement livrés face à Barcelone et au PSV ce mardi.
« Maître renard, dans sa surface planté, tenait dans ses pieds un ballon… » L’histoire ne dit pas si Jean de la Fontaine aimait la soule, l’ancêtre du football. Seulement qu’il avait un faible pour les animaux et aimait verser dans l’anthropomorphisme. Peut-être aurait-il pu alors composer un poème en hommage à Mauro Icardi et Harry Kane, s’il avait été un enfant du XXIe siècle. Deux types qui partagent un bestiau totem : il a des moustaches, la peau orange et n’est généralement pas trop con, à en croire les chasseurs les plus expérimentés et les poulaillers apeurés.
Renards chenapans
Oui, Mauro Icardi et Harry Kane sont des renards de basse-cour, des assassins de luxe, des détrousseurs, des saligauds qui iront gratter un pion jusqu’au bout de la nuit. Pourquoi s’en priver quand on est plus malin, plus furtif et plus fort que les autres ? Face à Barcelone ce mardi soir, Mauro Icardi a beaucoup donné, en pressant comme un fou l’axe central blaugrana. En échange, il a peu reçu, alors que les Interistiont parfois peiné à exister techniquement face à leur adversaire. Mais les miettes qu’il a reçues dans sa gamelle lui ont suffi. Un ballon qui traîne dans la surface en fin de rencontre, un jeu de corps impeccable, un tir entre les jambes de Ter Stegen et le tour est joué. Harry Kane a fait aussi bien. En conjuguant le beau et le moche, comme tout vrai bon neuf digne de ce nom. D’abord en décochant une volée limpide dans les seize mètres, alors que ses partenaires se cassaient les dents sur la défense du PSV Eindhoven depuis près de 80 minutes de jeu. Ensuite en plaçant une tête contrée par Sainsbury, synonyme de victoire pour les siens.
Les prédateurs
Tout cela veut bien évidemment dire quelque chose. Quand Icardi décompte déjà trois buts en quatre matchs de C1, Kane peut en revendiquer quatre. Le premier avait déjà sauvé les siens face à… Tottenham lors de la première journée de la C1 (but salvateur à la 85e, qui lançait le succès de l’Inter 2-1), le second vient de le faire face au PSV, alors que les Spurs devaient impérativement l’emporter pour conserver un espoir de voir les huitièmes de finale de l’épreuve reine.
Indispensables, les deux zozos ? Oui, et pas qu’un peu. Leur apport statistique est immense. En championnat, leurs compteurs de buts sont également au point (six pions chacun) cette saison. Et faut-il mentionner leurs derniers exercices respectifs, où l’Argentin avait planté 29 banderilles en Serie A contre 30 en Premier League pour l’Anglais ? Bien sûr, il y a un revers de la médaille. L’Inter et Tottenham seraient-ils vraiment capables d’exister au plus haut niveau sans eux ? La dépendance est-elle trop grande ? Peut-être. Ou peut-être aussi que leurs clubs sauront apprendre progressivement à exister sans eux. En attendant, Mauro Icardi et Harry Kane se retrouveront le 28 novembre prochain, alors qu’Interistiet Londoniens se disputeront probablement la seconde place du groupe B derrière le Barça. Deux renards qui tenteront d’attraper une seconde place en forme de poule de luxe, dans laquelle il faudra absolument planter ses crocs : voilà qui donne déjà envie d’assister à l’ouverture de la chasse.
Par Adrien Candau