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Icardi a dit, pas l’Italie
Lui aussi est né à Rosario, lui aussi est parti très tôt en Espagne et lui aussi a été formé à la Masia. Mauro Icardi partage plusieurs points communs avec Messi, mais le nouveau numéro 9 de l'Inter Milan est allé trouver son bonheur hors de Catalogne. En Italie, précisément, où Prandelli a tenté de le convaincre de rejoindre la sélection, sans réussite. Demain soir, à Montevideo, Icardi, 20 ans, disputera ses premières minutes avec l'Argentine.
Les Argentins ont le sourire. Assurés de terminer en tête de ces éliminatoires, ils se déplaceront chez le voisin uruguayen sans pression, avec une équipe B. Messi, Higuaín, Mascherano et Gago absents, Agüero et Di María laissés au repos, c’est tout le milieu et l’attaque titulaires qu’il manquera à l’Albiceleste au Centenario. Une bonne occasion pour Sabella de tester ses seconds couteaux. Vendredi dernier, face au Pérou, Lavezzi et Palacio, titulaires autour d’Agüero, ont montré qu’on pouvait compter sur eux. Demain soir, c’est un autre attaquant qui devrait débuter en pointe : Mauro Icardi, 20 ans, et petit nouveau de la bande.
« D’italien, je n’ai que le passeport »
Il y a un an, personne ne savait qui était ce natif de Rosario. Mais un but décisif et une montée en Serie A avec la Sampdoria, dix pions pour sa première saison dans l’élite et un transfert à l’Inter Milan pour 13 millions d’euros plus tard, Icardi est devenu « le jeune buteur à suivre » . Son quadruplé face à Pescara au mois de janvier avait réveillé tous les médias italiens et alerté Cesare Prandelli, qui l’avait aussitôt sondé sur ses envies de rejoindre la Squadra Azzurra. « Mais d’italien, je n’ai que le passeport. Mon rêve de gosse était de jouer pour mon pays, celui où je suis né. N’importe quel Argentin voudrait être ici » , expliquait-il à Olé depuis Ezeiza, où s’entraîne la sélection argentine. Messi blessé et forfait, c’est lui que Sabella a choisi en renfort pour ces deux derniers matchs de qualification. Pour Icardi, parti d’Argentine à dix ans à peine, cette sélection a des airs de retour en grande pompe au pays.
En 2001, la crise économique qui fait basculer la moitié du pays dans la pauvreté pousse ses parents à l’exil. Direction Las Palmas, aux Canaries : « On était dans une sale situation, et là-bas il y avait du travail et de meilleurs salaires. » À son arrivée en Espagne, Mauro s’inscrit au club de Vecindario, où il plante but sur but tous les week-ends. Au point d’alerter les gros poissons européens, dont le Real et le Barça. Ce sont les Catalans qui empochent la mise et l’intègrent à La Masia : « J’y ai appris à jouer au sol et en équipe. Toutes les catégories inférieures du Barça jouent en 4-3-3. » Mais contrairement à ses coéquipiers Montoya et Sergi Roberto, il décide de tenter sa chance hors de Catalogne. « À 17 ans, j’ai discuté avec mon agent et on est arrivés à cette conclusion : ce Barça n’est pas fait pour les numéros 9, la preuve avec Ibrahimović qui a dû s’en aller au bout d’un an. J’ai donc choisi le foot italien, qui correspondait davantage à mon style de jeu » , justifie-t-il. Début 2011, Icardi rejoint donc la Sampdoria, en Serie B.
Entre Crespo et Batistuta
En Italie, quand il ne défile pas pour des marques de vêtements, qu’il ne chasse pas et qu’il ne pêche pas, Mauro marque des buts. Six pour sa première demi-saison, qui convainc la Sampdoria de lâcher 400 000 euros pour l’engager définitivement, puis 19 lors de première saison complète, à la fin de laquelle il décroche la montée dans l’élite. L’échelon supérieur n’est pas un problème pour lui, puisqu’il continue à marquer et à bien jouer. En Angleterre, Mancini l’adore, mais Icardi préfère rester en Italie et rejoint l’Inter Milan, où il retrouve une flopée d’Argentins et récupère le numéro 9 de Tommaso Rocchi.
Parmi tous les Argentins de l’Inter, les plus expérimentés, Zanetti et Cambiasso, l’ont pris tout de suite sous leur aile. « Mauro est un crack, il a juste besoin de temps pour le démontrer. Il a des caractéristiques proches de celles de Crespo et Batistuta. Il est très jeune, mais mérite sa sélection » , éloge El Cuchu. Numéro 9 de surface, rapide et très bon de la tête, Icardi est talentueux, mais a encore du chemin à faire pour gagner sa place en sélection et faire partie du voyage brésilien l’an prochain. Ses caractéristiques sont néanmoins un avantage certain sur la concurrence : hormis Higuaín, personne n’a ce profil en attaque. Sabella a (enfin) abandonné la piste Franco di Santo et le pauvre Milito semble définitivement hors-course. Icardi a une année à la pointe de l’Inter pour faire ses preuves, et peut-être bien 90 minutes ce soir à Montevideo. « Sinon, ça sera la prochaine. Je suis encore jeune. »
Par Léo Ruiz, à Buenos Aires