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Ibrahimović à Milan : Le Z qui cache la forêt
Débarqué à Milan cet hiver avec l’étiquette de sauveur collée sur le front, Zlatan Ibrahimović a en mains une mission (quasi) impossible : redonner de l'allant à une équipe milanaise en crise. Un sacré challenge pour le buteur suédois de 38 ans, qui sait aussi qu'il ne pourra pas, à lui seul, masquer toutes les carences d’un club qui file droit dans le mur depuis plusieurs années.
2794 jours après, il est de retour. On joue la 55e minute de Milan-Sampdoria en ce lundi 6 janvier 2020, jour d’Épiphanie. San Siro est debout, pour saluer l’entrée en jeu de Zlatan Ibrahimović. C’est bien le seul moment positif, la seule raison de se lever avec le sourire aux lèvres, pour des tifosidésabusés semaine après semaine, mois après mois. Le seul petit plaisir, aussi, pour les 60 000 spectateurs venus garnir l’enceinte lombarde au cours d’une rencontre sans but, qui laisse Milan à une triste douzième place. Qu’il paraît loin, le temps où l’équipe de Max Allegri, composée entre autres d’Alessandro Nesta, Thiago Silva ou encore Robinho, terminait deuxième de Serie A à l’issue de la saison 2011-2012. Avec Zlatan, 30 ans, au top de sa forme et capocannoniere (28 réalisations) au passage. Oui, le temps passe vite. Au grand dam du Milan.
Une politique sportive à côté de la plaque
Ce prêt de Zlatan pour six mois ressemble à une solution proche du désespoir. À la dernière banderille, celle déjà usée, qu’on replace dans le barillet avec l’espoir qu’elle fasse encore des dégâts. Il faut dire qu’avant de rappeler Zlatan sous les drapeaux, Milan en a usé, des munitions. À tort et à travers. Rien que sur les deux dernières années, les choix offensifs des différentes directions sportives milanaises ont tous été des fiascos. Nikola Kalinić (25 millions), Krystof Piatek (35 millions), André Silva (38 millions) ou même Rafael Leão cet été (30 millions), aucun n’a jamais donné entière satisfaction. Le meilleur buteur milanais sur les trois dernières saisons, toutes compétitions confondues, n’est autre que… Patrick Cutrone, 27 buts, depuis parti à Wolverhampton et tout juste prêté à la Fiorentina cet hiver.
Un marasme offensif couplé à une importante somme d’argent mal utilisée alors que le club est dans l’œil du cyclone du Fair-Play financier, qui dresse un constat terrible : depuis 2013, Milan n’a pas accroché la moindre fois le podium de Serie A. Après dix-huit journées, les hommes de Stefano Pioli pointent à treize points de la quatrième place occupée par la Roma. Un écart plus important que le matelas de huit points sur Brescia, premier relégable. L’effervescence démesurée, provoquée par le retour d’un Zlatan qui vient de passer deux saisons à Los Angeles, est un signe de plus de l’état critique dans lequel se trouve le mastodonte rouge et noir.
Zlatan le grand frère
Évidemment qu’en l’état, l’arrivée de Zlatan à Milan a de grandes chances de redonner du peps à une attaque milanaise qui en a grandement besoin. Celle-là même qui n’a plus marqué depuis trois matchs, et qui se repose bien trop souvent sur des exploits de son latéral gauche – et co-meilleur buteur du club cette saison – Theo Hernandez. Après le match face à la Samp’, Stefano Pioli cherchait déjà à pointer l’impact positif de la première de Zlatan en conférence de presse : « Son impact a été positif. Il a immédiatement donné de la présence, du soutien et a été un point de référence pour toute l’équipe. Ses coéquipiers ne sont probablement pas encore habitués à sa présence, mais il est normal qu’après 3 jours avec lui, il n’y ait toujours pas assez de connaissance les uns des autres. »
Rebelote avec Rafael Leão, dans les colonnes du quotidien La Repubblica, à la veille d’un déplacement capital ce samedi à Cagliari : « Ibrahimović ? Pour moi, c’est un grand frère. Dès qu’il est arrivé, il a commencé à me parler, à me donner des conseils sur comment m’améliorer, comment me placer. Pour moi, c’est une belle opportunité, car c’est un grand joueur et je veux apprendre le plus possible avec lui à côté. Je pense que cela aidera à changer les choses, à gagner des matchs, car avec lui, on augmente les chances de succès. » Lors de sa conférence de presse de présentation, Zlatan l’assurait à l’assistance : « Je suis encore plus méchant aujourd’hui. Encore plus depuis que j’ai deux enfants… » Espérons pour lui, mais surtout pour toute l’entité Milan, qu’il dise vrai. Face à Cagliari, diminué en défense, Zlatan va avoir l’occasion de le prouver.
Par Andrea Chazy